7 - Un fantôme du passé

15 4 2
                                    


***

​Quelques mois auparavant, la lune n'étant que demie cette nuit-là, longeant discrètement la forêt, Calya se rendait silencieusement jusqu'au lac. Prenant place sur un rocher en contre-plongée en admirant ce paysage si paisible, elle contemplait un instant l'eau calme venir se cogner contre les racines des arbres. Les paupières closes, c'est dans ces moment-là qu'elle se reconnectait avec elle-même et qu'elle pouvait penser calmement.

​Ancrée dans ses pensées les plus secrètes, elle ne se rendait point compte qu'un mouvement près d'elle s'exerçait en douceur. Plusieurs branches craquetaient, pourtant dans son esprit mille et une interrogation s'entrechoquaient à chaque seconde : elles s'intensifiaient. Progressivement elle se perdait dans ses espoirs vains et ses immondes angoisses.

​Immédiatement une odeur agréable et légère l'interrompait. Comprenant qu'elle n'était plus seule désormais, elle jetait un furtif coup d'œil par-dessus son épaule. Sans surprise et sous un ciel des plus dégagé, elle observait Idríl prendre place sur le même rocher qu'elle. Doucettement il orientait son regard bleuté vers la rousse qu'il ne voyait plus qu'à moitié en raison de la faible luminosité émanant du croissant de lune.

​Les yeux plissés, il se questionnait. Sans laisser le moindre message sur son passage, sans faire de bruit, il avait vu sa belle s'éclipser en douceur de leur demeure. Cela avait été plus fort que lui, il n'avait pas pu s'empêcher de la suivre, inquiet de la voir se détruire sous ses yeux impuissants.

​Rapidement, davantage accaparée par ses monstrueuses craintes qui prenaient le-dessus sur sa raison, Calya détournait le visage sans lui jeter le moindre regard. D'un geste purement délicat de la main, Idríl la ramenait tendrement dans la réalité. Avec bienveillance elle posait affectivement sa main sur la sienne tout en jouant avec ses doigts.

​— Pourquoi es-tu si triste ? lui demanda-t-il, d'une voix douce.

— Je ne le suis pas, rétorqua-t-elle, déviant la tête.

​Grimaçant, il secouait vivement la tête. Bien sûr qu'elle l'était ! Cela n'était guère difficile à voir ! Pensait-elle à Azurtan et Hermine ? Était-elle en train de se torturer l'esprit avec leurs souvenirs ?

​Fugacement il attrapait ses doigts dans les siens de façon à les entrelacer.

​— J'aimerais bien voir ce qu'il se trouve dans ton esprit, ajouta-t-il.

Brièvement Calya relevait la tête dans sa direction. Durant quelques secondes, sentant son cœur s'accélérer de manière totalement inconsciente, elle se plaisait à contempler ses lèvres. Envahie d'une vague d'émotion négative, elle poussait un long soupir puis dirigeait ses iris grises en direction de l'éther.

— Crois-moi, il ne vaut mieux pas que tu le découvres.

— Pourquoi cela ? lui demanda-t-il, patiemment.

— À l'intérieur, c'est le bazard, rien n'est à sa place, lui répondit-elle, tapotant vivement son front de son index.

De ses doigts frais, il lui caressait tendrement le dos de sa main. Sans en avoir la moindre conscience en appréciant la délicatesse de son tracé sur sa peau, Calya finissait par se détendre.

— Peut-être pourrais-je t'aider à y remettre un peu d'ordre, ne crois-tu pas ? lui suggéra-t-il, gentiment.

Sans se défaire de son emprise, elle haussait simplement les épaules. D'un simple mouvement imprévisible, spontanément elle se rapprochait de l'Elfe qu'elle aimait tant. N'étant plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, elle collait tendrement son front contre le sien. En parfaite harmonie, ils fermaient doucettement leurs yeux.

LE ZOO FAIRY (T3) : Comen et ses secrets Où les histoires vivent. Découvrez maintenant