𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 7 : 𝑳𝒂 𝒍𝒆𝒕𝒕𝒓𝒆

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Une effervescence particulière remuait les couloirs des quartiers généraux du bataillon d'exploration. La prochaine expédition approchait à grand pas, rongeant chaque soldat. Ça courait d'un bout à l'autre des bâtiments, rassemblait des caisses dans des charrettes, se criait parfois dessus sur de pauvres malentendus. La tension qui tendait l'air à en faire craquer ses cordes était presque insoutenable.

Si Uma était de nature intransigeante ; elle était devenue imbuvable.

"Non mais qu'est-ce que tu fais ? Je t'ai dit vingt fois de te pencher en avant, les mains bien devant !"

Le puissant cheval claqua du sabot contre le sol. Lui aussi semblait à bout de nerfs face aux aboiements de la soldate.

"Comment t'espères survivre si tu tiens pas en selle ! Il te reste deux jours d'entraînement après aujourd'hui. Si tu fais pas de gros progrès d'ici là, tu peux dire adieu à ce monde !"

Je serrais les dents. Une frustration brûlante fourmillait dans mes entrailles, prête à bondir à tout moment pour rugir. Mais je savais qu'elle avait raison. Dans quelques jours, je serais dehors, mais j'avais à peine progressé d'un iota depuis mon arrivée dans les rangs. D'aussi loin que je me souvenais, je n'avais jamais été à l'aise avec les animaux. Les chevaux m'intimidaient, avec leur carrure imposante qui pouvait me casser en deux d'un coup de sabot sans que je ne le vois venir. Déjà lors des brigades d'entraînement, je me souvenais avoir eu beaucoup de mal à contrôler mon équidé. Si j'avais su que j'entrerais de nouveau dans l'armée, j'aurais peut-être fait l'effort de monter plus souvent.

Sauter de sa monture au galop pour s'élancer dans les airs s'avérait un exercice d'une difficulté peu courante. Après m'être écrasée dans les feuilles à plusieurs reprises, je commençais à anticiper la douleur avant même de me soulever de ma selle. Si bien que je me crispais chaque fois, sans réussir à me jeter.

"On est en pleine forêt, là ! C'est le niveau débutant, et t'y arrives même pas ! Comment tu ferais si tu te retrouvais bloquée par un titan en terrain vague ?"

Une boule nerveuse me consumait à chaque nouvel échec. Le calme apparent que je m'efforçais à maintenir arrivait à ses limites. À la prochaine remarque d'Uma, je me sentais prête à lui faire ravaler sec.

Quelques coups de talons dans les flans humides de l'animal le firent partir au quart de tour à travers les pins. Tout mon sang galopait dans mes veines, en rythme avec les sabots martelant le parterre. Seules la force de mes jambes m'empêchait de m'envoler de ma monture à chaque foulée. Je crispais mes doigts sur les rênes si fort que je sentis le cuir s'imprimer contre ma paume.

Cette fois-ci, je ne pouvais pas échouer.

Lorsque ce fut le bon moment, je lâchais la bride pour détacher les manettes fixées sur mes côtes d'un geste vif. Mon cœur se retourna sur lui-même lorsque je me redressais sur la selle dans un nuage de gaz, et bondis tout en déclenchant le mécanisme.

L'adrénaline bouillonnante qui palpitait dans tout mon corps brouillait mes sens. J'envoyais un câble au hasard entre les arbres. Par miracle, le grappin s'accrocha fermement, tirant sur la corde métallique d'un coup sec.

Mais quelques instants plus tard, mes jambes percutèrent le parterre. Le choc fut si rude que je me trouvais déséquilibrée. Je chutais au sol, avant de rouler dans le humus, emportée par mon élan.

Lorsque je me redressais sur mes coudes en gémissant faiblement, je ne pus que constater les dégâts. La blancheur immaculée de mon pantalon était couverte de boue, et le fil d'acier s'était enroulé autour d'un de mes mollets, le ligotant à une quinzaine de centimètres du sol. Le grappin s'était bel et bien planté dans le tronc d'un pin ; mais bien trop bas et proche de ma position, facilitant plus le travail de la gravité que celui de l'équipement.

𝐂𝐡𝐫𝐨𝐧𝐢𝐜𝐥𝐞𝐬 𝐨𝐟 𝐙𝐢𝐚 || 𝐿𝑖𝑣𝑎𝑖 𝑥 𝑜𝑐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant