Lorsque l'heure des révélations arrive et tout ce que vous voulez, c'est du thé.

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Lorsque l'heure des révélations arrive et tout ce que vous voulez, c'est du thé.

Linéa avait donc repris sa course mais semblait sur le point de s'effondrer. La nuit était tombée depuis quelques heures et aucun abri n'était en vue. Sarna avait lâché prise, dormant par intermittence, à la limite de l'inconscience. Moscan, quant à lui, restait concentré, tendu même s'il ne voyait plus rien autour de lui, il cherchait la moindre lueur qui pourrait être le signe d'une accalmie dans leur fuite.

La jument commença à ralentir. Déjà, plus tôt, son galop n'était plus aussi efficace et le trot qu'elle avait maintenant adopté, semblait être freiné par sa fatigue. Moscan s'étira, levant les bras (en faisant tout de même attention à Sarna devant lui), décontractant les muscles de son dos, relâchant ainsi un peu de pression. Même s'ils n'avaient pas entendu d'autre rugissement, le jeune homme savait que rien n'était gagné.

Soudain, un mal de crâne le saisit, lui arrachant un gémissement de douleur. Il prit sa tête dans ses mains appuyant dessus et cherchant de la sorte à atténuer les élancements. Quelque chose tentait de percer sa boîte crânienne. Il ressentait une intense pression, comme si sa tête allait exploser. Il sentit un léger écoulement s'échapper de son nez et de ses oreilles. Il était incapable de réfléchir, ses pensées entièrement dirigées contre la douleur.

Dans un éclair de lucidité, alors qu'il pensait que sa cervelle allait se consumer, il reçut une image qui s'imposa dans son esprit, prit forme et finit par s'afficher avec netteté. Au fur et à mesure que l'image s'affirmait, la douleur refluait. Il put à nouveau penser et s'employa à en comprendre le sens. Celle-ci représentait une petite maison, située au pied d'une colline. Il pouvait apercevoir un petit chemin rejoignant une route.

Moscan secoua la tête, incapable de comprendre le sens de ce qu'il avait vu dans sa tête. Revenant au présent, il se rendit compte que Linéa s'était arrêtée, soufflant bruyamment et tremblant sur ses pattes. Il sauta de son dos, vérifiant au passage que Sarna ne risquait pas de tomber. Il s'éloigna de quelques pas en réalisant quelques exercices d'assouplissement. Puis, s'arrêta net.

Au-delà des buissons et des arbres, se dressait une colline, illuminée par la lumière de la lune. Et au pied de cette colline, il pouvait apercevoir le toit d'une maison. Incrédule, il resta bouche bée devant le paysage. Il se retourna vers Linéa :

- C'était toi ? C'était toi dans ma tête ? Tu m'as envoyé ce que tu voyais !

La jument le contempla de ses yeux bleu nuit et s'inclina doucement devant le jeune homme. Ce dernier eut un très léger sourire pour l'animal et se dirigea vers la maison, suivit de la jument.

Moscan s'arrêta devant la maison, qui ressemblait plutôt à un abri, vu de près. Attentif à ne pas tomber dans un nouveau piège, il en fit le tour, mais aucune ouverture derrière l'abri ne permettait d'entrer. Il n'y avait qu'une seule entrée et sortie, ce qui arrangeait grandement le jeune homme. Il poussa doucement la porte et pénétra dans la maisonnette. Il y faisait encore plus sombre que dehors, puisque les fenêtres avaient été condamnées par des planches de bois. Moscan porta sa main à sa bouche et souffla dessus. Sa main s'entoura d'un halo bleuté qui illumina délicatement la pièce. Celle-ci était pourvue d'une petite table et d'une chaise, d'un lit (ce qu'il en restait plutôt) recouvert d'une couverture élimée et d'un placard que Moscan s'empressa d'ouvrir. Il y trouva diverses plantes séchées, un restant de bout de pain rassis et des morceaux indéfinissables de nourriture.

Linéa passa l'encolure par la porte d'entrée et renâcla doucement, attirant ainsi l'attention du jeune homme.

- Entre ! Tu peux passer et venir jusqu'au lit ? demanda Moscan d'une voix dénuée d'animosité.

L'Héritière OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant