Chapitre 3 : Prémices

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Tout devient flou autour de moi, mes membres tremblent et ma respiration se fait plus rapide. Je me déteste pour être aussi impuissant, si seulement j'étais rentré à temps, Mitsuya serait toujours en vie. Il était ma seule famille, ma seule raison d'affronter les difficultés de la vie pour qu'il prenne son grand frère comme exemple. Maintenant qu'il n'est plus là, je peux peut-être enfin abandonner ? N'est-ce pas mieux ainsi ?

— Mitsuya... je viens te rejoindre.

Dans un élan je me relève pour errer dans les rues sans trop savoir où aller. J'ai perdu tout but dans la vie. Marchant le long d'une rivière, l'idée de sauter dedans me prend soudainement. Lentement, je m'enfonce vers son centre. D'abord les chevilles, puis jusqu'aux genoux, et enfin jusqu'au cou. Il ne me reste plus qu'un pas à faire pour être complètement immergé, alors pourquoi je doute ? De toute façon j'étais déjà mort en sautant du toit, mais comme dans tous les cauchemars c'est en mourant que nous nous réveillons. Je fais enfin le dernier pas et pendant que je me sens couler, je revois apparaître un bref instant le visage de Yuriko Tanaka. Même au-delà de la mort, elle continue de me hanter.

— Grand frère ! Sauve-moi, ne me laisse pas mourir !

La voix de Mitsuya me parvient comme s'il était à côté de moi. Telles étaient sûrement ses dernières paroles.

— Désolé petit frère, je ne suis qu'un lâche.

Je ferme les yeux en sentant mon corps se détendre.

— Kazuto ! Kazuto réveille-toi !

Je me retrouve à nouveau dans l'infirmerie de l'école.

— Hein ?

— Tu vas bien ? Tu as les yeux tellement sombres qu'on dirait que tu n'as plus dormi depuis des lustres !

En regardant par la fenêtre, je remarque qu'il fait plein jour.

— Quel jour sommes-nous ?

— Le 4 avril.

— Quoi ?!

— Tu as fait un malaise dans la cour et une élève t'a emmenée ici.

— Kaori Sakagami n'est-ce pas ?

— Comment le sais-tu ?

— J'ai comme une impression de déjà-vu...

— Quoi qu'il en soit, je n'ai pas eu d'autre choix que de veiller sur toi. Comme tu n'as plus de parents, je ne savais pas qui contacter.

— Merci beaucoup, Mme Yamada...

— Ne te bile pas, je ne fais que mon travail. Cela dit, tu ferais mieux d'aller à l'hôpital car ton cas est assez inhabituel.

— Que voulez-vous dire ?

— Tu t'es évanoui brusquement puis endormi pendant près de 5 heures. Durant ton sommeil, tu étais très agité et ton rythme cardiaque était irrégulier.

— Je n'ai pas d'argent pour aller à l'hôpital.

— Dans ce cas, tu viendras me consulter tous les jours pendant le temps de midi pour vérifier si ton état est normal, je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose.

— D'accord... Merci beaucoup !

— Je ne fais que mon travail.

C'est à cet instant que tout commence à s'éclaircir. Mitsuya a été assassiné le soir du 4 avril alors que je revenais du konbini vers 19 heures. En ce moment, il n'est que 15 heures. Au risque de paraître fou, il n'y a plus de doute possible : je suis capable de voir le futur. Si ma théorie est juste, alors Mitsuya est toujours en vie et son assassin devrait passer à l'action entre 18h30 et 19 heures, période durant laquelle je suis retourné au konbini. J'ai suffisamment d'infos pour pouvoir éviter que cette tragédie arrive ! Le problème c'est que je suis tout seul. Aucune famille chez qui aller vivre quelque temps, aucun ami à qui demander de l'aide. Ce pouvoir n'appartient qu'à moi, et je dois m'en servir pour sauver la vie de mon frère. Réfléchis, Kazuto Mizuhara ! Ça ne sert à rien de paniquer et de me faire remarquer dès le premier jour. Je vais profiter des dernières heures de cours pour réfléchir à un plan, même si ça semble trop difficile d'être calme et concentré.

Entre lumière et désespoir (Light Novel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant