Entre lumière et désespoir (Light Novel)

Chapitre 6 : Entrée en scène

La police est venue chez moi pour entendre mon témoignage sur les faits de la nuit dernière. J'ai donc raconté ce que je savais à propos du clan yakuza mais pour ne pas mêler les Mishima à cette affaire j'ai choisi de taire leurs noms, bien qu'elle finira très vite par se rendre chez eux. Je suis déjà parti pour l'école, exténué par tous mes efforts pour que les pires scénarios soient évités.

L'affaire a fait beaucoup de bruit dans le lycée, tout le monde est au courant. Mishima quant à lui demeure introuvable. Il a probablement décidé de ne pas aller en cours aujourd'hui, le pauvre doit bien se remettre de ses émotions. Cette épreuve devait être traumatisante pour lui.

Il me semble que la dernière fois que j'ai croisé Sakagami je lui ai plutôt mal parlé et dans cette boucle je n'ai même pas eu le temps de la remercier de m'avoir conduit à l'infirmerie après mon malaise. Il faut absolument que je lui parle ! Je me rends donc au local de la classe 1-B en espérant l'y trouver, et effectivement mon intuition était bonne. Je frappe doucement à la porte et lui adresse un signe de la main pour l'inviter à sortir.

— Salut... euh... merci beaucoup de m'avoir emmené à l'infirmerie hier. Et surtout, désolé de ne pas avoir pu te parler, je ne voulais pas être impoli envers toi...

— Hé, ne te fais pas de soucis pour ça ! Je ne t'en veux pas le moins du monde !

— Vraiment ? C'est gentil...

— Le principal c'est que tu te sentes mieux, pas vrai ?

— Oui je me sens mieux.

— Pourtant tu avais mauvaise mine quand tu es parti en courant, tu veux me dire ce qu'il s'est passé ?

— Je ne préfère pas non.

— Aucun problème. Sinon comment t'appelles-tu ?

— Kazuto Mizuhara.

— Mizuhara...

Encore cette manière curieuse de prononcer mon nom à voix basse.

— Moi c'est Kaori Sakagami !

— Enchanté (pour la troisième fois).

— Je suppose que tu n'as pas eu le temps de t'inscrire à un club ?

— Non pas encore, et je ne suis pas intéressé.

— Ah bon ?

— Je n'ai pas envie d'avoir des obligations extra scolaires ni de m'embêter avec d'autres personnes.

— Enfin, tu es plutôt dur là ! Tu devrais rejoindre mon club de photographie, nous sommes peu nombreux et ce n'est pas prise de tête. L'exposition qui aura lieu à la moitié de l'année pour les portes ouvertes sera ton seul engagement.

— Aussi gentiment demandé, je vais avoir du mal à refuser catégoriquement. Laisse-moi y réfléchir.

— Super ! Je suis vraiment contente !

— Bon, je dois filer. J'essaierai de passer à ton club à la fin des cours pour venir prendre la température.

— Tu es le bienvenu ! À plus tard Mizuhara !

Concernant ma propre classe, il est certain que je n'ai pas dû faire une bonne impression. S'écrouler soudainement dans la cour pour ensuite ne pas travailler en classe, je sens bien que les autres élèves me voient d'un mauvais œil. Je devrai faire en sorte de m'entendre avec eux si je ne veux pas que mon horrible passé se reproduise.

À la pause de midi, je suis allé faire mon examen journalier auprès de l'infirmière Yamada. Tout est normal, aucune séquelle du malaise d'hier. Elle m'a tout de même averti de ne pas trop forcer durant les prochains jours. Je monte ensuite sur le toit de l'école en espérant y croiser Mishima, mais il n'est pas là. Je vais donc manger sans lui. Le bento qu'il m'a laissé est traditionnel, acheté dans un konbini. Il est composé de riz, d'un œuf, de karaage, d'une tomate cerise et de deux brochettes de yakitori. Je dois reconnaître qu'il a plus de saveur que d'habitude, probablement dû au fait qu'il m'ait été offert. La porte métallique s'ouvrant rapidement me fait sursauter. Il s'agit de M. Kiriya.