Chapitre 4 : Pacte

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Le garçon avance vers moi pas à pas. À la fois rempli de rage et d'impuissance, les seuls mots capables de sortir du fond de mes émotions jaillissent tel un volcan en éruption.

— Pourquoi ? Pourquoi tu nous inflige tout ça ? hurlais-je.

— Tu as l'air de savoir quelque chose.

— Sans blague j'ai vécu ce scénario deux fois, et je suis là pour empêcher que ça n'arrive une troisième fois !

— Je ne comprends rien à ce que tu racontes mais je suis là pour t'apporter des réponses.

Cela ne me ressemble pas du tout mais je perds mon sang-froid. Je l'attrape par le col et le plaque au sol pour l'immobiliser.

— Calme-toi Mizuhara ! Je t'ai fait venir ici pour t'avertir !

— M'avertir de quoi au juste, hein ? Que ce soir tu vas nous tuer mon frère et moi c'est ça ?

— Mais enfin, comment tu sais ça ?

— Tu n'as pas besoin de savoir, je vais te régler ton compte ici et maintenant !

— Tu en es sûr ?

Il se débat d'une force surprenante à laquelle je ne m'attendais pas. Il parvient à me repousser au loin et se relève en me regardant de haut. Toujours au sol, je suis en position vulnérable.

— Je veux passer un marché avec toi, Kazuto Mizuhara.

— Tu peux toujours crever, ordure !

— Même si ça peut permettre de sauver ton frère Mitsuya ?

— Enfoiré ! Laisse-le en dehors de ça !

— Nous détenons chacun un otage : j'utilise ton frère comme arme de dissuasion et la personne derrière tout ça m'utilise comme son pantin.

— Et moi j'ai qui hein ?

— Tu m'as moi. Tu peux attraper le couteau avec lequel je suis censé te tuer qui est dans la poche intérieure de mon uniforme. Je t'assure que je ne tenterai pas de résister, ainsi tu m'empêcheras de commettre l'irréparable et le vrai coupable perdra son pion.

Il ment, il n'y a pas de poche intérieure à notre uniforme.

— Ça semble beaucoup trop facile, surtout que je risque de passer ma vie en prison.

— Tu comprends très vite.

— C'est quoi ton marché ?

Il me tend la main et m'aide à me relever. Son regard se fait plus distant et son expression tient à laisser paraître qu'il est tourmenté.

— Moi aussi j'ai un petit frère. Il s'appelle Kazuo, assez ironique que son prénom ressemble au tien. Nous vivons avec notre mère mais cette dernière n'est pas très présente. À la mort de notre père il y a cinq ans, elle a hérité de ses dettes et son travail n'a jamais suffi à les rembourser. De ce fait, elle a été envoyée de force dans le quartier de Kabukichô pour rembourser ses dettes avec son propre corps, si tu vois ce que je veux dire... Depuis ce jour, il n'y a que moi qui peut élever et protéger mon frère.

Son histoire est profondément touchante. Elle est très similaire à la mienne sauf que ma mère est morte d'épuisement au travail et que mon père est un lâche nous ayant abandonné.

— Certes, ton histoire est affligeante. Mais je ne vois pas en quoi je peux t'aider, je vis la même chose que toi et j'ai à peine de quoi vivre.

— Je n'ai pas besoin d'argent. Juste de ton aide.

— Pour ensuite me tuer ? Tu rêves !

— Mon frère a été enlevé par un yakuza. Il ne sera relâché qu'à la seule condition que tu sois mort. Mais moi, j'ai pas envie de te tuer tu vois ? Ils savent tout sur toi donc je connais ton histoire et il est hors de question que je tue l'un de mes semblables !

Entre lumière et désespoir (Light Novel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant