Chapitre 3 - aveu non désiré

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-Comment va ma matriarche préférée ?

Nairobi relève des yeux embués sur la silhouette floue de Tokyo.

-Ouf... Pas terrible, hein ? commente celle-ci en se rapprochant du lit.

D'un battement de cil Nairobi chasse ses larmes et estime qu'elle doit lui répondre honnêtement.

-T'inquiète, ça va. Un petit coup de mou.

Tokyo s'assied sur le lit et la regarde dans les yeux.

-Je ne suis pas dupe comme les garçons, chérie, déclare-t-elle. A ta place, n'importe qui aurait déjà craqué. Et je peux te promettre que quand j'en aurais l'occasion, je la butterai cette salope d'Alicia Sierra.

Nairobi ne pu s'empêcher de rire à travers le brouillard de la morphine.

-Comment va Julia ? demande-t-elle.

-je ne sais pas. Elle va pouvoir venir te voir maintenant qu'elle est officiellement une braqueuse, répond Tokyo.

Pourtant c'est évident qu'elle évite le sujet dans sa conversation.

-C'est bien, murmure Nairobi. J'avais envie de la voir.

Tokyo hoche la tête et le silence retombe, tandis qu'elle caresse sa jambe à travers les draps. Elle semble perdue dans ses pensées. Lentement, ses yeux quittent le mur immaculé et se plantent dans ceux de Nairobi, déterminés. Elle se penche vers elle.

-Je viendrai avec toi, souffle-t-elle comme si elle lui confiait un secret.

-De quoi tu parles ? marmonne Nairobi, confuse.

-Je sais très bien à quoi tu penses. Et tu ne feras pas ça toute seule, Nairobi. On ira le récupérer, peu importe l'avis du professeur. Une famille, c'est plus précieux que n'importe quel plan. Et s'il n'est pas d'accord avec ça, je l'emmerde.

Cette fois, les larmes franchissent la barrière des médicaments et l'une d'entre elles roule sur la pommette de Nairobi.

-Tu....

-Shhhh, lui répond la concernée, caressant toujours sa cuisse. Il n'y a rien à rajouter, d'accord ? Je ne te laisse pas le choix. Pas après tout ça.

Nairobi dégluti et tend le bras pour inciter Tokyo à venir l'enlacer, ce qu'elle fait.

-Merci... renifle Nairobi.

-Et donc, le prochain braquage, le petit Axel deviendra notre Ibiza ?

Nairobi glousse contre elle, les yeux fermés.

-T'es vraiment timbrée, ma pauvre.

-On me le dit souvent, souffla Tokyo.

Elle se recule et soupire, un sourire aux lèvres. Après un clin d'œil elle semble prise d'une soudaine inspiration.

-Tu sais quoi ? Quand on sera devant elle, que tu auras ton fils dans tes bras, je me ferai la plus grande joie à enfin butter cette salope. Ce n'est pas le professeur qui se cache comme un rat derrière ce masque, il n'a pas à décider pour toi.

Nairobi hoche la tête.

-Pourquoi tu y tiens ?

-Parce qu'elle a essayé de tuer ma meilleure pote. Et on touche pas à ce qui appartient à Silene Olivera.

Nairobi esquisse un sourire embué sans oser lui expliquer le fil de ses pensées. Comment lui dire qu'après tout, Tokyo ne devrait pas penser ça ? Elle parait tellement déterminée...

Quelques coups timides retentissent dans l'entrée de la pièce.

-Rentre, Manille, l'invite Tokyo.

Celle-ci s'avance sans grande assurance, dans sa nouvelle combinaison rouge. Ses cheveux bruns au carré sont attachés en un chignon brouillon. Elle rejoint Tokyo près du lit.

-Hey, dit-elle.

-Salut, lui répondit Nairobi.

-Je ne vais pas te demander si ça va, affirme Manille, t'as déjà dû recevoir cette question vingt-mille fois aujourd'hui, mais t'as l'air mieux que la dernière fois que je t'ai vue.

-Encore heureux, grimace Tokyo, et les trois femmes rirent.

-C'est vrai que ce n'est pas très compliqué, confirme la concernée. Et toi, ça va ?

Manille hausse les épaules, mais elle parait juste un peu perdue. Il lui faudra le temps de se mettre dans l'équipe, qui s'est construite dans le braquage sans elle, et ce n'est la faute de personne.

-Je m'adapte, ne t'en fais pas, la rassure-t-elle. J'avais besoin d'un peu d'action.

-Tant que Denvers ne te fais pas chier, remarque Tokyo.

-Tu sais, rétorque amèrement la cousine de celui-ci, il a assez à faire avec Monica. Ils se sont engueulés, je crois. J'ai l'impression d'essayer de résonner un ours en colère qui ne veut pas admettre ses torts. Je retrouve un peu le Daniel d'autrefois.

Les deux femmes continuent à parler entre elles et Nairobi les écoute distraitement, se replaçant dans les oreillers. La main de Tokyo repose lâchement contre sa cuisse, drapée sous les draps.

Elle a envie de poursuivre la conversation mais la pensée de son fils prends toute la place. Finalement, elle cesse de les écouter. La peluche a glissé a quelques mètres sur le lit, mais son bras pèse trop lourd pour la reprendre.

Résurrection - [fanfiction casa de papel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant