2. Logan & Lisa

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*****

Logan

Une vie contre une autre pour la régularisation de l'équilibre de la nature. Mais est-ce juste quand on sait que l'une des deux n'a même pas encore commencé ?

Je suis un homme d'affaires qui autrefois ne se préoccupait que de sa petite personne. Qui ne change jamais ? Les imbéciles à ce qu'on dit et je ne suis pas modeste si je vous dis que moi, je suis loin d'être un imbécile.

— T'es encore en train de rêvasser, mec.

– Tristan, depuis quand est-ce que tu es là ?

– Une minute, je dirais.

Il prend place dans le canapé en face de moi. Son air désabusé me dit clairement qu'il n'a pas encore dormi. Tristan est le genre à faire la fête toute la nuit.

– Tu as manqué à tout le monde à la fête de départ de Sky.

– Je lui ai envoyé son cadeau.

– Elle aurait aimé te voir en personne, je crois. Elle était vachement sexy.

Je n'en doute pas, mais j'ai été clair avec elle, je n'ai plus le temps pour ça moi. L'attitude égocentrique de Sky ne m'attire plus du tout. Elle part faire des études de management en Australie, j'espère qu'elle aura grandi à son retour. Tout comme Tristan, elle aime faire la fête. Notre cercle d'amis est très restreint. À dire vrai, mon petit frère est mon meilleur ami, le seul à qui je confierai ma vie ainsi que celle de mes proches.

— Tu participERAS à la course de ce soir ?

— Je ne veux pas décevoir toutes ces dames qui viennent juste pour me voir courir, tu le sais bien que je suis à l'honneur ce soir.

– J'aurais préféré que ta fête de départ soit organisée ici à la maison.

– Pour mieux nous surveiller, tu veux dire ?

– Vous faites sans arrêt des conneries... Le mécano a eu le temps de jeter un œil à ta moto ?

— Je vais l'appeler, mais avant tout, je dois prendre une douche.

– Tris, ne te mets pas en danger inutilement.

— Relax, il ne m'arrivera rien.

– J'y vais.

— Tu lui feras un bisou de ma part ?

– D'accord. Mange un truc et repose-toi, hein.

— Je sais prendre soin de moi, je te signale.

— Si tu le dis

Jouer les Grands Frères comme il aime le dire ne me dérange pas du tout. Nous avons appris à prendre soin de nous très jeunes et nos disputes ne durent que quelques minutes. Bien qu'il soit insouciant et immature, mon frère est doux et sympathique.

Il part pour Londres dans deux jours. Mon petit frère va me manquer, mais il part pour ses études.

J'ai arrêté de compter le nombre de fois qu'il se serait fait arrêter si je n'étais pas là. Les courses sont illégales, et normalement, il faut avoir une carte d'accès pour y assister. Toutefois, il peut y avoir un ou deux rats voulant se taper l'incruste lors des courses, comme mon frère aime le dire. Quand on rat trouve un passage, soit il ramène des amis la prochaine, soit il revient seul, le truc est que dans tous les cas, on doit s'attendre à ce qu'il revienne. C'est ce qui arrive parfois dans notre entourage.

– Monsieur,

— Emmène-moi à l'hôpital Arthur.

La voiture démarre à peine que la sonnerie de mon portable retentit. Je le sors de la poche de ma veste avant de décrocher.

Conversation téléphonique

- Oui,

– C'est moi.

– Je sais.

— Je t'ai attendu toute la soirée, tu aurais pu passer.

– Je t'avais dit que je ne pouvais pas.

– Pourquoi t'es aussi froid, Logan ? Ai-je fait quelque chose de mal ?

— Rassure-toi Sky, tu n'as rien fait.

— Alors pourquoi tu n'as pas voulu me voir avant de partir ?

— C'est bien ça ton problème, tu ne penses toujours qu'à toi...

– Ce n'est pas vrai. Je pense très souvent à toi et je te le dis toujours. Maintenant, je dois partir sans te voir, alors que tu sais que je ne reviendrai pas avant quelque temps.

— J'espère que tout ira bien pour toi là-bas. Il faut que j'y aille.

- Logan...

– Prends soin de toi, Sky.

Je raccroche alors qu'Arthur m'ouvre la portière. Je suis fatigué de toujours répéter la même chose...


Lisa


Je jette un œil à mon portable une dernière fois. Je n'ai pas le temps de le déposer sur ma table de nuit qu'il se met à sonner, m'arrachant un sourire.

Conversation téléphonique

- Félicitations Will...

– Je sais que tu m'as dit de ne pas le faire, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

– Je vois que mes raclées te manquent.

— Je serai là dans quelques jours, tu auras tout le plaisir de me taper dessus.

— À croire que je te maltraite.

– Depuis notre première rencontre. Je dois être maso pour ne pas m'être enfui.

— Mon très cher Will, tu n'es pas maso, mais accro... Tu sais ce que j'ai trouvé génial dans tes dédicaces ?

— Je t'ai cité avant Rachel...

— Elle doit être en rogne en ce moment, je regrette de ne pas voir sa tête...

Sans mentir, le fait qu'il m'ait dédié son prix m'a rendue heureuse et très fière, d'autant plus que ma Lolita l'a enregistré.

- Lisa... Hé, tu m'écoutes ?

— Désolée, tu disais ?

— J'ai hâte de rentrer, prépare-toi à te faire enlever.

— Tu devrais peut-être traîner avec Lolita à la place.

— À chacune son tour, ma Lisa

– Tu me manques, Will.

– Plus que Zeus ?

– Sinon, tu rentres quand ?

Je l'entends rigoler à cause de la vitesse à laquelle j'ai changé de sujet.

— J'appelle mon oncle.

– Tu veux mettre un terme à ta carrière de basketteur ?

– Je serai bientôt auprès de toi et tu ne pourras plus te débarrasser de moi... Rachel m'appelle, on se parle demain.

— Will, ne t'attire pas plus d'ennui à cause de moi, hein. Sois gentil avec elle, mais pas trop quand même.

Je l'entends sourire. C'est sûr que ce soir, il accompagnera les autres joueurs en boîte pour fêter leur victoire...

Je me réveille avec un grand sourire ce matin. Je vais revoir Zeus après une longue semaine. On n'a jamais été séparé aussi longtemps, mais bon, c'était nécessaire.

Mon sourire s'agrandit en voyant la photo que Phill m'a envoyée.

– Plus que quelques heures et nous serons à nouveau réunis, mon Zeus.

J'embrasse la photo sur l'écran avant de déposer mon téléphone pour me diriger vers la salle de bain pour faire ma toilette. Les cernes qui ornent mes yeux se voient à des kilomètres et ce n'est pas une blague. Je m'habille pour ensuite descendre dans la cuisine.

- Grand-mère... Mais qu'est-ce que tu as grand-mère ?

Elle se masse les tempes en grimaçant, puis tout à coup, elle s'évanouit. J'appelle les secours et quelques minutes plus tard, je me retrouve assise sur une chaise dans le couloir sombre et silencieux de l'hôpital.

Ma Lolita se réveille toujours la première, elle nous prépare le petit-déjeuner, parfois elle fait le ménage avant de me réveiller. Ce n'était pas son tour ce matin, elle aurait dû m'attendre. Je l'ai trouvé dans la cuisine et cette image m'a terrorisé.

– Mlle McAllen, votre grand-mère est réveillée, mais elle est très faible. Je suis désolé de vous l'apprendre, mais comme je l'ai dit à votre grand-mère, la tumeur a malheureusement progressé, il faut agir vite.

– Pardon ? Vous avez dit quoi ?

- Eh bien...

— Vous devez vous tromper, docteur, ma grand-mère n'a pas de tumeur.

— Désolé, je lui ai conseillé de vous en parler, il y a quelques semaines, nous avons découvert que votre grand-mère est atteinte d'une tumeur cérébrale...

Non, ce n'est pas possible. On se raconte tout, elle et moi. Mamie n'a pas pu me cacher ça. J'aurais certainement remarqué quelque chose. Ça ne peut pas être si grave.

J'ouvre la porte et le regard attendrissant qu'elle me lance confirme donc que le docteur n'a pas menti.

- Lolita...

- Oh ma petite chérie...

— Pas toi, tu ne peux pas être malade. C'est impossible, tu ne peux pas me faire ça.

Je voulais simplement avoir un peu de répit dans ma vie pour une fois. Mais non, je n'ai pas droit au bonheur. La seule famille que j'ai toujours eue, la seule personne à avoir tout sacrifié pour moi, a une putain de tumeur. Je suis censée accepter ça ?

– Tu vas t'en remettre d'accord ? Toi et moi, nous allons tout faire pour que tu guérisses ma grand-mère chérie.

Je dépose une pluie de baisers sur ses joues, alors que des larmes glissent sur les miennes.

— Tu ne vas pas me laisser seule, hein ?

Je me suis renseigné sur sa maladie, les interventions et le traitement. Tout le reste de la journée, j'ai cogité afin de trouver une solution. Tout le reste de la journée, j'ai cogité afin de trouver une solution. Ma grand-mère est une bonne couturière, les gens adorent ses modèles. Elle a commencé à m'apprendre les bases quand j'avais dix ans et pour moi, la création de mode, c'est une vraie passion.

C'est moi qui dessine les modèles de Mamie. Depuis tout petit, c'est elle qui me fait mes vêtements et je n'ai jamais eu à m'en plaindre. Un jour, Will m'a conseillé de créer un compte Facebook pour poster les vêtements de mamie et très vite, j'ai commencé à avoir tout plein d'abonnés. C'est ainsi que nous avons débuté notre business en ligne. Lolita se charge de les coudre et je m'occupe des livraisons. J'aime ce que nous faisons, surtout avec la puissance et la rapidité de Zeus, que ma Lolita appelle « l'engin de la mort ».

Hé non, je ne parle pas d'un homme. Pour moi, Zeus est encore bien meilleur qu'un homme. C'est ma bécane, un Ducati Monster. QUOI ? Ne me dites pas que vous faites partie de ceux qui disent que les femmes ne peuvent pas conduire une moto ? J'ai déjà reçu pas mal de critiques à ce propos et croyez-moi, jamais aucune ne m'a atteinte. J'adore ma moto et je ne cache pas. Je l'ai appelée Zeus, car pour moi, elle est la plus puissante de toutes. C'est également la plus belle. Depuis le moteur, la puissance, la transmission, la hauteur de selle pour finir par son poids léger, tout est parfait.

Je me rappelle que ma grand-mère a failli avoir une crise cardiaque quand je l'ai ramenée à la maison le soir de mon anniversaire. J'ai économisé plusieurs mois pour m'offrir cette beauté comme cadeau. Après moi, Phill est le seul qui soit autorisé à la toucher, car il a fait du bon travail avec mon vélo que Will et ses potes ont bousillé à l'époque. Phill est marié à l'une des tantes de Will et il nous laissait traîner très souvent dans son garage. Je crois que c'est lui qui m'a appris à aimer les motos.

Un appel en vision de Will me ramène à la dure réalité et je m'efforce de sourire pour ne pas l'inquiéter.

Conversation téléphonique

— Alors, ma belle, comment va Lolita ?

– Eh bien, le docteur dit qu'il faudra très vite intervenir et...

À chaque fois que je pense à cette maladie et à la douleur qu'a dû supporter ma grand-mère en me la cachant, je ne peux pas me retenir de pleurer.

— Suis-je aveugle à ce point ou bien tout simplement insensible pour horrible de n'avoir rien vu, Will ? Comment est-ce possible qu'elle a pu garder ça pour elle tout ce temps ?

— Lisa, ne sois pas si dure envers toi-même, ce n'est pas de ta faute.

— Lolita s'est toujours très bien occupée de moi, elle sait toujours quand je ne vais pas bien et moi, je n'ai pas su voir qu'elle était malade.

— Arrête de pleurer, Lisa, c'est pour ça qu'elle ne t'a rien dit...

Will fut le tout premier garçon à m'avoir vu pleurer. Je n'aime pas pleurer devant les gens parce que quand ils vous voient pleurer, ils ont tendance à vous prendre en pitié et moi, je préfère souffrir en silence plutôt que d'accepter cela. L'hypocrisie dont ils font preuve est bien trop flagrante par le temps qui court.

Mon meilleur me propose son aide, sachant que je ne l'accepterai pas. Je ne compte plus le nombre de fois où Will m'a traité de tête de mule pour avoir refusé son aide financièrement parlante. Ce n'est pas parce qu'on est meilleurs amis que j'ai le droit de profiter de sa fortune, même s'il n'y voit aucun inconvénient. Pour Will, il est normal que sa meilleure amie bénéficie de tout ce qu'il possède, mais pour moi, ce n'est pas le cas. Ses parents m'ont déjà accusé à maintes reprises d'en vouloir à son argent. Ce sont des gens superficiels qui ignorent beaucoup de choses sur les gens comme moi. Notamment, mes principes. Dans notre famille, nous n'acceptons pas l'aumône.

Neuf ans plus tôt

Je reviens d'un magasin de tissus récupérant une commande pour ma grand-mère. Je suis sur mon vélo quand un garçon se précipite devant moi. En voulant l'esquiver, je perds le contrôle de mon vélo pour ensuite m'étaler sur le sol. Malgré mes protections, je me suis fait mal en tombant.

– Fais chier.

— Je suis vraiment désolé, excuse-moi, je ne t'ai pas vu.

— Ah oui ! Dis-je sous la défensive.

— Prends ma main, que je t'aide à te relever.

Je refuse évidemment sa main tendue, c'est alors que deux autres arrivent et commencent à rigoler.

— Regarde-la, on dirait que quelqu'un s'est pris le sol. Rigole cet abruti

– C'est quoi ce vélo ? T'as fait les poubelles ou quoi ?

Je me suis relevée, prête à faire passer leurs envies de rire.

– Répète un peu ce que tu viens de dire.

- J'ai dit...

Qu'est-ce qui donne aux gamins comme eux le droit de se moquer d'une fillette comme quoi ? L'argent de leurs parents ? Moi, je m'en moque, je ne le laisse pas finir que je lui donne un coup-de-poing dans le nez. Ça doit faire très mal, vu l'expression de son visage. Je m'approche vers le deuxième, mais lui, il prend ses jambes à son cou.

– Mauviette. Je crie en le regardant fuir.

– Qu'est-ce que tu attends, Will ? Viens m'aider à me relever, cette idiote m'a sûrement cassé le nez.

— Cours le dire à tes parents. Lui dis-je.

Le dénommé Will l'aide à se relever. Je me doutais bien qu'ils sont amis.

– Cette fille est une tarée.

– Tu n'aurais pas dû l'insulter, Lorenzo.

– Quoi ? Tu prends sa défense ?

— Rentre chez toi, Zy, ton frère a sûrement prévenu ta mère.

Comme ça, l'autre trouillard est son frère. J'aurais aimé les tabasser tous les trois en réfléchissant à la façon dont je vais me faire gronder par Lolita. Les bras croisés sur ma poitrine, je regarde ce Lorenzo partir alors que son ami lui se baisse pour ramasser mes courses par terre.

— Excuse-le, il n'est pas comme ça d'habitude...

— Je n'en ai rien à faire.

- ... Je m'appelle William, mais tu peux m'appeler Will.

— Oh non, mon vélo est cassé, ma grand-mère va me tuer cette fois-ci. Dis-je en voyant l'état de mon vélo.

Ça ne fait que trois semaines que je l'ai et j'avais promis à Lolita de faire attention.

– Ne t'inquiète pas, je connais quelqu'un qui te l'arrangera en un rien de temps.

– Ne te donne pas cette peine.

— Attends ! [...]

— Hé, le gosse de Riche, tu as un problème d'audition ou quoi ? Ce n'est pas la peine de frimer avec le fric de tes parents, je ne suis pas intéressé, alors casse-toi avant que je ne m'énerve...

— C'est de ma faute, alors laisse-moi le réparer.

En y réfléchissant, il dit vrai, c'est de sa faute. Pourquoi devrais-je me faire gronder alors que je conduisais prudemment ?

– Très bien. Ce quelqu'un habite loin d'ici ?

– Pas du tout, son garage n'est qu'à quelques mètres d'ici.

— J'espère pour toi, car je n'ai pas toute la vie moi.

J'accepte de le suivre bien que je sois déjà très en retard.

– Comment tu t'appelles ?

— Alors là, ça ne va pas le faire, William.

– Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

— Je préfère tout de suite te prévenir, réparer mon vélo ne fera pas de nous des amis.

— D'accord, je veux juste connaître ton nom.

- Elisabeth... Je m'appelle Elisabeth.

— C'est un très joli prénom, Élisabeth.

- Arrête-toi toute suite... Tu n'es pas mon genre.

– Je suis le genre de tout le monde.

— Ce qui confirme ce que je viens de te dire, puisque moi, je ne suis pas tout le monde.

Retour dans le présent

J'avais tout faux. Bien que je ne l'appréciais pas au début à cause de ses amis, Will et moi, nous nous sommes vus au même endroit et à la même heure chaque vendredi. Voilà comment nous sommes devenus des meilleurs amis.

Un Accord Une histoire... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant