Un Accord Une histoire...

41. Logan

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Logan

Emy boit une gorgée de son verre d'eau avant de joindre ses deux mains sur la table. Je me vois à travers ce geste que je fais souvent quand je suis en réunion. Elle a l'air d'une personne tellement mature et sa façon de s'exprimer en face de Sienna m'impressionne encore plus. Comme je l'ai dit, elle reste polie et ne me montre aucun ressentiment. Elle lui parle de son enfance, de son école, ce qui m'impressionne le plus, c'est qu'Emy insiste surtout sur nos moments en famille qu'elle aime plus que tout.

— Comme je l'ai dit tantôt avec papa, nous formons une équipe. Nous nous sommes fait une promesse : aucun de nous n'a le droit d'abandonner l'autre, quoi qu'il arrive.

Je ne pensais pas voir Sienna aussi gênée devant une gamine, et pourtant elle l'est alors que ma fille semble satisfaite de la description qu'elle vient de faire à sa mère.

— Eh bien, dis-donc. Je suis contente de savoir que vous avez vécu d'aussi beaux moments tous les deux.

— Alors là, oui, et je sais qu'il nous en reste encore plein à vivre. Et toi, Sienna, qu'est-ce que tu peux me dire sur toi ? As-tu une famille ? Des enfants ? Je veux dire d'autres enfants ?

– Non, non. Pas vraiment.

- Ah !

— J'étais très occupé à travailler pour mon entreprise après ta naissance, du coup...

— Tu fais quoi comme travail ?

– Dans ce qui se rapproche le plus de la diplomatie.

— Et ça fait quoi exactement ?

J'étouffe un rire voyant le regard suppliant de Sienna me demandant de l'aider. J'explique alors à ma fille le travail d'un diplômé.

— Donc tu travailles pour l'État ?

— Non, ma puce, ce que Sienna essaie de te dire, c'est que son travail, c'est de négocier et de signer des contrats pour son entreprise.

– Ah, je comprends maintenant. Et ton entreprise est spécialisée dans quoi exactement ?

— Eh bien, nous avons plusieurs filiales, il y en a en Corée du Sud, au Japon, en Espagne, à Haïti.

— Et bien ça alors ! Tu as dû beaucoup voyager effectivement...

Ce que Sienna raconte à Emy a une part de vérité, je n'en doute pas, mais je ne pensais pas que les mauvaises affaires de ces malfrats s'étaient étendues d'aussi loin. Comme on dit, il y a de la corruption partout dans le monde. Soudainement, je me souviens des ninjas qui ont attaqué Jonah. Il m'a dit qu'il a passé quelques mois au Japon. Il n'y a pas de coïncidence, soit ils ont été envoyés par Sienna, soit par la personne qui dirige leur organisation. Mon portable vibre dans ma poche. Je reçois un message de maître Garcia.

– Logan, y a-t-il un problème ? Pourquoi est-ce que tu me regardes de cette façon ?

À cause de la présence de ma fille, je ne peux que la fusiller du regard.

– Papa, tout va bien ?

- ... Oui ma puce.

– On peut rentrer si tu ne te sens pas bien.

– Déjà ? Mais on n'a même pas pris de dessert. Comment Sienna

— Tu ne comprends toujours pas comment ça fonctionne entre nous, à ce que je vois. Répond simplement, ma fille.

Au moment où Sienna s'apprête à en placer un, son portable vibre à son tour. Elle le sort de son sac à main et automatiquement, je remarque le changement de son expression faciale.

— Vous avez raison, on fera tout mieux de rentrer. À une prochaine fois, Emy. Dit Sienna partant presqu'en courant.

– Qu'est-ce qu'elle a ?

– Peut-être une urgence de son travail.

Avant de rejoindre ma fille dans la voiture, j'envoie un texto à Lisa pour savoir si tout va bien. Ensuite, nous prenons la route. Le trajet se fait très rapidement. Nous arrivons à la maison, je rejoins aussitôt mon bureau où maître Garcia m'attendait.

- Logan...

– Tu en es sûr ?

– J'ai eu la confirmation avant de t'écrire.

– Quand est-ce que c'est arrivé ?

- Il y a une demi-heure... Elle se serait suicider...

Un suicide ? Non, je ne crois pas. Il y a tellement de façons de maquiller un meurtre en suicide. Qui a fait ça ? Ça ne peut être Sienna, vu qu'elle était avec nous...

Quelques heures plus tard,

Je ne prends pas le temps d'éteindre le moteur ni même de fermer la porte de la voiture, que je descends en me dirigeant vers la porte. J'entends une voiture s'arrêter derrière moi, laissant paraître Jonah avec son bras dans une écharpe qui court dans ma direction.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— C'est elle qui m'a appelé.

La porte étant déjà ouverte, Un bruit venant de l'intérieur nous pousse à y pénétrer. Nous sommes accueillis par une scène horrible. Elle se tient en haut des escaliers la bouche ensanglantée, elle a une main sur son ventre cachant sa blessure, sûrement pour l'empêcher de se vider de son sang.

– Vous en avez mis du temps...

Nous courrons vers elle. Au bout de force, elle se laisse glisser dans les bras de son frère.

— C'est moche, hein ?

— Ça va aller, petite sœur, ne t'en fais pas, ça va aller.

Clara lève la main vers le visage de Jonah pour lui caresser la joue. Il ne peut empêcher ses larmes de couler.

— Petite idiote, pourquoi tu ne m'as pas appelé plus tôt ?

– Je suis contente que tu sois arrivé à temps, petit frère.

Elle se met à tousser du sang, éclaboussant le t-shirt de Jonah. Un bruit dans la chambre nous interpelle, je fais signe à Jonah que je vais voir. Quand j'arrive, je vois la chambre de Clara en dessous. Je regarde par la fenêtre où je vois une silhouette d'homme s'enfuir rapidement dans le jardin. Quand je reviens auprès d'eux, la peau de Clara devient tout à coup très pâle.

– Il s'est enfui.

– Logan... Tu devrais appeler Lisa.

Sa phrase se termina par une autre quinte de toux. Jonah est agenouillé, les yeux mouillés, avec le corps de sa sœur dans les bras. Ce qu'elle me dit me glace le sang subitement, je me souviens qu'elle n'a pas répondu à mon texto. Rapidement, je sors mon portable pour l'appeler. Je suis soulagé lorsque j'entends la voix de ma petite amie, bien qu'elle soit inquiète et qu'elle ne cesse de me demander ce qui se passe.

- Je... Je suis contente... De savoir... qu'elle va... Bien,

– Qui a fait ça ? Putain, Clara, répond-moi. Cri Jonah

Suite à sa question, je vois Clara sourire alors que Jonah devient fou de rage. Soudain, il se met à secouer le corps de Clara. Son hurlement déchirant confirme ce que je pense, elle est morte. Jonah serre le corps sans vie de sa petite sœur dans ses bras en pleurant. Je n'ose imaginer ce qu'il ressent. Je sais combien il l'aimait.

Maître Garcia venait de partir de chez moi lorsque j'ai reçu l'appel de Clara me demandant de passer chez elle. Elle m'a dit qu'elle avait quelque chose important à me révéler. J'ai immédiatement pensé que cela concernait la mort de Jane. Eh bien oui, malheureusement, c'est ce que Garcia m'a appris à travers son texto tantôt. Jane venait d'accepter notre accord. Elle allait me dire pourquoi elle a essayé de tuer Lisa. Elle voulait tout me raconter depuis sa rencontre avec Sienna jusqu'à son arrestation. Hélas, on l'a trouvée pendue dans la douche. Se serait-elle rendu compte de ses erreurs et serait-il possible qu'elle se soit suicidée parce qu'elle n'a pas supporté le fait d'aller en prison ? Je ne sais pas. Je ne la connaissais pas assez, mais quelque chose me dit qu'il y a autre chose. Mais le fait est que quelqu'un ne tenait pas à ce que Clara ouvre la bouche, on la fait taire, tout comme Jane, on ne sait jamais...

Lisa court dans ma direction en me voyant descendre de la voiture.

– Ça va ? T'es blessé ?

— Je vais bien, ma chérie.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est-ce que tu étais ? Arthur est venu à la maison et nous avons demandé à Lolita et à moi de le suivre. Il n'a rien voulu me dire de plus.

Pour une fois qu'elle ne s'est pas entêté. Cela dit, je ne crois pas qu'elle a suivi Arthur sans se rebeller. Je me rappelle être partie de la maison sans l'en informer

– C'est Clara qui m'a appelé. Nous dit le concerné en arrivant. Vous allez bien, Monsieur ?

— Oui Arthur, je vais bien.

— Attendez ! Comment ça, Clara t'a appelé ? Je ne comprends plus rien.

J'explique alors à Lisa tout ce qui s'est passé. Je m'attendais à ce qu'elle me gronde, mais étonnamment, elle me prend dans ses bras pour me serrer contre elle...

Je reviens de la douche habillé d'un bas de jogging noir et d'un T-shirt de la même couleur. Lisa me signe de m'asseoir auprès d'elle. Elle me prend la serviette pour me sécher les cheveux.

– Ça va ?

– Hum... Elles sont toutes les deux mortes alors qu'elles voulaient me parler.

— Ce n'est pas de ta faute, mon chéri.

— Lisa, s'il te plaît, est-ce que tu peux repenser à ma proposition de rester ici avec nous quelques jours, toi et Lolita ?

– Après tout ce que tu m'as dit, je pense qu'on sera plus en sécurité ici qu'à la maison.

— Merci ma puce.

– Maintenant, nous devons trouver une explication à fournir à Lolita. Elle ne se laissera pas berner plus longtemps avec cette histoire de fuite de gaz.

– Une fuite de gaz ?

— C'est ce qu'Arthur lui a dit quand on est arrivé ici.

– Nous ne pouvons pas lui dire la vérité.

- Je sais... Bon sang, qu'est-ce qu'on va lui dire ?

— Ne t'inquiète pas, ma chérie, on trouvera bien quelque chose à lui dire.

Moi-même, je ne sais pas encore comment lui dire que par ma faute, elle et sa petite fille sont en danger. Lolita ne me le pardonnera jamais s'il arrivait quelque chose à Lisa. Moi non plus, je ne pourrais pas me le pardonner.

Clara a fini par faire le bon choix en appelant Arthur. Elle m'avait dit qu'elle avait changé, mais je ne l'ai jamais cru. Je n'ai pas souhaité sa mort, nous étions des amis d'enfance tout de même, bien que nous ayons choisi des chemins différents. Maintenant que cette vengeance concerne directement Jonah, peut-être qu'il s'ouvrira un peu plus à moi.

Ne trouvant pas le sommeil alors que ma petite amie est endormie dans la chambre, je décide de me rendre à mon bureau. J'appelle Jonah une deuxième fois, mais il ne répond toujours pas. Je lui laisse alors un message. Je sais qu'il est anéanti en ce moment et qu'il n'a pas envie de parler, mais je veux qu'il sache que je suis là pour lui. Assis derrière mon bureau, j'observe attentivement cette photo. Les minutes se défilent alors que je reste dans la même place.

Le jour se lève, laissant place à la route matinale. Lisa a bien remarqué que je n'ai pas dormi, mais elle ne m'a pas posé de questions sur mon insomnie. Mon frère et moi discutons quelques minutes dans mon bureau avant de rejoindre les autres pour le petit déjeuner. J'ai remarqué qu'il passait beaucoup de temps chez sa copine, du coup j'ai également mis quelques gardes du corps à sa disposition. Je fais bonne figure pour ne pas éveiller de soupçon, pour que Lolita ne se doute de rien. Après le petit déjeuner, nous partons au bureau, Tris et moi. Je passe la matinée à essayer de joindre Jonah, mais il ignore mes appels. J'appelle alors ses parents qui m'annoncent que les funérailles de leur fille se tiendront cet après-midi. Je quitte l'entreprise vers quinze heures pour rentrer me changer à la maison. J'arrive au cimetière vers 16 h 20 où se déroulent les funérailles. Il y a presque tous les proches de la famille.

— Qui est-ce que tu cherches comme ça ?

Soulagé de le voir, j'ignore sa question. Quand je suis arrivé et que je ne l'ai pas vu, j'ai eu peur qu'il décide de faire une connerie.

– D'ailleurs, tu ne devrais pas être auprès de tes parents ?

Il hausse simplement les épaules. J'ai envie de lui demander ce qu'il a raconté à ses parents sur la mort de sa sœur, mais je me retiens.

– C'est quoi le plan ?

– On retrouve cet enfoiré et on lui fait bouffer ses intestins.

Son sourire identique à celui de Joker devrait me faire peur, mais je retrouve enfin celui que je connaissais. Il en abusait, car il savait que son sourire effrayait les autres...

On attend que tout se termine avant de rejoindre ses parents. Je leur présente mes condoléances, quelques minutes plus tard, je rentre à la maison...