1. Lisa

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*****

Je crois que cette journée ne fera pas partie de celle que j'aimerais revivre. Elle fut très éprouvante. J'ai travaillé jusqu'à en avoir mal au bras. Heureusement que j'ai terminé. Au lieu de rappeler mon petit ami qui, je sais, va faire la gueule parce que je n'ai pas répondu à ses deux derniers messages, je préfère donc me rendre chez lui.

C'est moi qui l'ai aidé avec la décoration de sa maison il y a huit mois de cela. Darrell est doué pour beaucoup de choses, mais bien s'occuper d'une maison n'en fait pas partie. D'ailleurs, avec Lydia, sa meilleure amie, on l'embête souvent à ce propos. D'ailleurs, avec Lydia, sa meilleure amie, on l'embête souvent à ce propos. Ils sont toujours collés l'un à l'autre, sans oublier leur complicité. Je suis une fille méfiante, jalouse, possessive et surtout, je ne mâche pas mes mots. Quand on me blesse, je réplique par la violence. D'où me vient ce comportement ? Je n'en sais rien et je ne cherche pas à le savoir, car ça m'a empêché de me faire marcher dessus ou que les autres se moquent de moi. Ce n'est pas une armure, c'est dans ma nature. Je sais que tout le monde ment, trompe, trahit et finit par partir un jour ou l'autre. Voilà pourquoi gagner ma confiance n'est pas une chose facile.

Je pousse à peine la porte d'entrée que je vois la chemise de Darrell par terre. Il a vingt ans et pourtant, il n'est toujours pas foutu de prendre soin de ses affaires. Je sais que je suis dure et parfois, on me voit comme une fille insensible, mais ce n'est pas le cas. Darrell, je l'aime bien, je me sens bien avec lui. Il prend soin de moi et se montre patient dans mes mauvais jours. Je crois que c'est pour cela qu'il me plaît.

Je me sers une bouteille d'eau dans le frigo, puis je monte à l'étage. Depuis les escaliers, un bruit attire mon attention. Ça vient de sa chambre. Plus je m'approche, plus j'entends ce bruit. J'arrive devant la porte et c'est là que je l'identifie. Ce sont des gémissements. Hors de hors de moi je pousse la porte avec rage.

– Ma puce,

On peut dire qu'il a de l'audace ce petit enfoiré. En ce moment, dans ma tête, se déroulent deux scénarios : premièrement, je ramasse mon sac par terre et je m'en vais sans broncher, ou alors j'attache mes cheveux avec cet élastique au niveau de mon poignet et je leur donne une bonne raclée à tous les deux.

– Lisa, écoute-moi.

Je sais que je ne me trompe pas sur cette silhouette, mais je veux en avoir le cœur net.

— Tu vas te retourner ou tu as besoin de mon aide pour le faire ?

Elle ne bouge pas d'un poil, alors je m'approche du lit. Darrell essaie de m'en empêcher, mais je suis assez en colère pour lui foutre une bonne droite, ce qui le fait reculer de quelques pas. Je remarque à peine sa façon de tituber dans la pièce et son corps est en sueur.

J'attrape la fille par l'épaule pour la faire virevolter, et là, je découvre ses yeux d'hypocrites qui n'arrivent même pas à soutenir mon regard. La deuxième option me semble la meilleure, alors je la traîne hors du lit sous ses cris de fillette.

- Lâche-moi, Lisa...

— Ta gueule salope, vous croyez que vous pouviez vous foutre de moi comme ça, hein ?

— Bébé, lâche-la et discutons, s'il te plaît.

– La ferme Darrell, si tu ne veux pas que je vous tue tous les deux... Ta meilleure amie, hein ?

— Lisa, lâche-moi, tu me fais mal.

— Ah, tu as mal ? Et pourtant, tu ne t'es pas soucié de ce que je pouvais ressentir quand tu le chevauchais tout à l'heure.

Darrell tente de me calmer en m'entourant de ses bras. Autrefois, ça pouvait marcher, mais là, ça ne fait que me foutre encore plus en rogne.

— Depuis quand est-ce que tu l'as baisée dans mon dos ?

- Je...

– Tu veux la vérité ?

— Lydia ferme ta gueule. Lui dit Darrell.

— Tu crois qu'il te trompe avec moi, mais c'est l'inverse, espèce d'idiote.

— T'as dit quoi là ?

Prête à lui mettre une autre baffe. Darrell s'interpose entre nous.

- Lydia, va-t'en s'il te plaît.

— Non, j'en ai marre, je ne vais aller nulle part. Si quelqu'un doit partir, c'est elle.

— Ah bon ! Vous êtes quoi au juste ?

— Lisa, je te promets de tout t'expliquer, mais s'il te plaît, tu dois d'abord te calmer.

- Ne me dis pas de me calmer bâtard.

Je suis sûr que je me ferais peur également si j'étais à leurs places. Darrell a toujours dit que j'ai un caractère explosif pour une fille. Ça ne lui a pas empêché de me courtiser pourtant. Darrell me retient pour laisser à cette conne le temps de se faufiler dans la chambre pour partir.

J'ai dû faire quelque chose d'horrible dans ma vie précédente pour que celle-ci soit autant merdique. Elle disait me considérer comme mon amie, mais je découvre qu'elle se tape mon petit ami Darrell dans mon dos. Je peux sentir sa respiration s'accélérer, son cœur bat très vite. Sûrement, parce qu'il s'est fait prendre en flagrant délit. Il est assis sur la pointe du lit sa tête entre ses mains.

— Je te laisserai me frapper autant que tu veux, ma puce, mais...

Je n'entends pas la fin de sa phrase que mon poing s'écrase contre sa mâchoire une première fois, une deuxième fois, puis une troisième fois.

— Je le mérite.

Il croit ça ? Ce n'est rien à côté de ce qu'il mérite. J'ai horreur qu'on se fiche de moi. J'ai envie de le tuer et je ne sais vraiment pas ce qui me retient.

— Depuis quand est-ce que vous vous moquez de moi de cette façon, Connard ?

Il se met à tout me raconter depuis le début. Je n'ai rien vu et je ne sais même pas comment je dois le prendre vu la façon dont il décrit leur relation tordue. Franchement, je n'ai pas de mots pour décrire toute cette colère que je ressens en ce moment.

– Je te promets que nous avions arrêté... Quand on s'est mis en couple, je lui ai dit que ça n'arrivera plus jamais, tu dois me croire, Lisa.

— Vous êtes malades tous les deux, allez vous faire soigner.

– Lisa, c'était une erreur. Mais Bébé, s'il te plaît, ne me quitte pas.

Ses mains tremblotent et ses yeux sont mouillés. Je ne suis pas le genre de fille à me laisser attendrir par les larmes et Darrell le sait parfaitement.

— Tu m'as pris pour une conne, hein ? Tu as cru pouvoir continuer à la baiser sans que je l'apprenne...

- Lisa, je...

Je le vois grimacer, puis tout à coup, son corps tombe sur le matelas. Je m'empresse d'aller vers lui et son corps est brûlant.

— Réveille-toi, Darrell, c'est à moi de te tuer, bâtard.

J'appelle les secours, puis on l'emmène à l'hôpital. J'hésite avant de monter avec eux. J'attends une demi-heure à l'hôpital le temps que son père arrive. C'est au-dessus de mes forces, il faut que je m'éloigne d'ici avant que je ne parte complètement en vrille. On n'a qu'à dire que c'est mon dernier acte de bonne volonté...

Deux jours plus tard

Je suis à l'appartement de mon meilleur ami William, lui, c'est mon refuge, et pourtant, je suis tout à son opposé. Le genre de mec riche, de bonne famille, respecté de tout le monde, en gros, il a tout ce qu'il désire pour être heureux dans la vie. Au début, Will traînait avec moi juste pour faire chier ses parents, et puis on est devenu inséparable. Je ne me suis jamais intéressé à son argent parce que moi, je ne suis peut-être pas riche, mais je ne convoite pas l'argent des gens. Je préfère m'en sortir par moi-même avec les bonnes manières que m'a appris ma mamie.

Je suis dans le lit de Will en train de pleurer quand soudain, j'entends mon portable sonner. J'hésite à le sortir de mon sac à dos pensant que c'est encore ce connard de Darrell, mais aussitôt que je vois que c'est mon meilleur ami, j'essuie mes larmes avant de décrocher.

Conversation téléphonique

- Will...

— Ne me dis pas que tu es encore en train de pleurer, ma Lisa. Tu es trop bien pour ce connard, je te l'ai toujours dit.

– Je me sens tellement idiote. J'aurais dû m'en douter qu'ils n'étaient pas que de simples amis.

— N'y pense plus d'accord, ma belle ? Tu es à mon appartement-là ?

- Oui...

– D'accord. Reste-y jusqu'à ce que tu te sentes mieux.

– J'aurais préféré que tu sois là, Will.

— Je sais, ma Lisa, on va faire un truc, je vais rester au téléphone avec toi jusqu'à ce que tu rentres.

— Mon William, tu es le seul mec sur cette planète en qui j'ai confiance.

– Je sais, ma belle.

– Merci d'être toujours là pour moi.

— Je te l'ai promis, non ?

- Hum. Tu Vas lui casser la gueule en rentrant ?

– Je vais le terminer, car je sais déjà que tu ne l'as pas raté.

– Il souffrira avant de mourir ?

— Même sa mère ne pourra pas le reconnaître.

– Ensuite, on s'en fuira ?

— Très loin, ma Lisa.

Il arrive à me faire rire avec son éloquence. Après ma grand-mère, William est la seule personne à se préoccuper de mon bien-être. Il prend soin de moi sans s'en plaindre, alors que je suis une vraie galère ambulante.

Vous voyez la fille qui est sans cesse en train de s'attirer des ennuis parce qu'elle ne sait pas quand la fermer, quand il faut se retenir ? Cette fille qui ne tolère pas le manque de respect des autres, eh bien, c'est moi, la description parfaite. Eh oui. Quand j'étais à l'école, les autres filles me fuyaient comme si j'avais de la peste. D'ailleurs, il n'y avait pas qu'elles, certains mecs, également, m'évitaient. Pour moi, il n'y a aucune différence entre les brutes, que ce soit des filles ou des garçons : quand il faut leur mettre une bonne raclée, je réponds toujours à l'appel et Dieu sait que je n'y vais pas de mains mortes.

— Parle-moi de Lolita, comment va-t-elle ?

— Elle dit que ça va, mais je ne pense pas qu'elle me cache quelque chose.

— Tu devrais l'emmener à l'hôpital, Lisa.

– Oui, je le ferai demain.

— Si je peux aider, fais-le-moi savoir...

– On s'appelle demain ?

– Bien sûr. Bisous

Will a réalisé son rêve et il est en train d'atteindre son objectif en participant au tournoi de basket-ball. La grande finale est pour demain, elle sera diffusée en direct à la télé, je ne manquerai cela pour rien au monde.

De retour à la maison après trois bonnes heures, je passe souhaiter une bonne nuit à Mamie avant d'aller me coucher...

— Dors bien, ma Lolita d'amour.

— Passe une bonne nuit, ma Lisa.

- Je t'aime mamie...

Quand le jour se lève, je remplis toutes mes tâches afin d'être à l'heure pour regarder le match en compagnie de ma grand-mère. Lolita adore Will et je peux vous assurer de la réciprocité. La grand-mère dit toujours que c'est un bon garçon et qu'il lui rappelle papa. Sur ce sujet, je ne peux pas donner mon avis étant donné que je ne l'ai pas connu. Enfin, Mamie m'a montré des photos et elle me parle souvent de lui. À part cela, je n'ai aucun souvenir de lui.

— Mamie, ça va commencer.

— J'arrive, ma petite chérie.

Deux minutes plus tard, elle dépose un bol de pop-corn sur la petite table avant de s'asseoir à côté de moi dans le canapé. Quand elle le voit, elle sourit de toutes ses dents.

— Mamie, arrête de sourire comme ça.

– Pourquoi ? Tu es jalouse ?

- Mamie...

– Quoi ? J'ai toujours pensé que vous finiriez ensemble, maintenant que tu es célibataire, peut-être qu'il arrêtera de perdre son temps avec l'autre gamin mal élevé là...

— Non, Mamie, on en a déjà parlé. Will est mon meilleur ami, il est comme un frère.

— Eh bien, moi, à ta place, je n'hésiterais pas.

– Chut ! On commence.

Je vous raconte Rachel Dixon, une fille de classe qui parle plusieurs langues avec des parents riches exactement comme mon Will. Le truc avec elle, c'est qu'elle est snobe et capricieuse. Rachel a été présentée à Will par ses parents, apparemment, leurs parents à tous les deux sont des associés, d'où cet arrangement entre leurs enfants.

Cette fille est très amoureuse, Will l'affectionne beaucoup également, par contre moi, à chaque fois que je la vois, je dois faire d'énormes efforts pour la supporter. Très souvent, nous frôlons la Troisième Guerre mondiale, mais grâce à l'intervention de Will, on arrive à trouver un terrain d'entente. Le problème, c'est que Rachel me reproche d'être trop proche de son petit ami, alors que Will et moi, nous nous connaissions bien avant qu'elle n'entre dans sa vie. Lui et moi, ça remonte à plus de dix ans.

Tout le match, Mamie ne fait que crier à chaque point gagné par Will. Je suis contente de le voir jouer si bien. Né d'une famille de basketteurs, il est évident qu'il adore ce sport.

C'est son équipe qui gagne et évidemment, Mamie était encore plus enthousiaste qu'au début du match...

– Quand il reviendra, je lui cuisinerai quelque chose de délicieux, tu verras.

Bien qu'il soit riche depuis que je le connais, Will n'a jamais dit ou fait quelque chose pour rabaisser les autres. Quand nous étions plus jeunes, il s'échappait de chez lui pour venir dîner à la maison, ce que sa mère trouvait gênant.

— Et moi, alors ?

— Comment ça et toi ? Tu as remporté un championnat toi aussi ?

— Mamie, tu devrais peut-être l'adopter.

– L'adopter ? Ce jeune homme est trop mignon, et malheureusement, il est né à la mauvaise époque.

– Ouah ! Pauvre Grand-père, il serait mort une seconde fois...

Ma grand-mère a beaucoup d'humour. Elle réussit souvent à me remonter le moral rien qu'avec quelques mots...

Un Accord Une histoire... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant