6. Lisa

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*****

Lisa

Enfin chez nous. Nous sommes accueillis par une bonne bouffée d'air frais. Le visage de mamie reflète sa joie de retrouver notre chez nous. Je l'aide à s'installer dans sa chambre. C'est avec le sourire que je lui rappelle à quel point je l'aime et que je suis reconnaissante qu'elle ait pris soin de moi et qu'elle ne m'ait pas abandonné quand j'étais petite.

— Comment pourrais-je te laisser, ma belle ? Je t'aime très fort, Lisa.

Celle que j'aurais dû appeler maman, c'est ma grand-mère. Elle s'est battue tous les jours pour que je ne manque de rien.

— J'y vais, je te laisse te reposer...

– Hate-la jeune fille.

Je suis fichue. Ça y est, elle va remettre le sujet Logan sur le tapis.

– Je t'écoute.

- Ma Lolita d'amour...

— Ose me mentir et tu verras ce qui t'arrivera, ma petite.

Je n'ai plus le choix. Merci beaucoup, hein, Logan. Après tout ce temps, tu viens me causer des ennuis alors que je me suis sciemment tue.

– Ce qui se passe, c'est que...

J'essaie de tout raconter à ma grand-mère le plus calmement possible, mais je sais d'avance que je suis fichu. Quand elle me regarde de cette façon, c'est sûr qu'elle ne sera pas tendre par la suite.

– Tu as fait quoi ?

- Mamie...

— Comment as-tu pu faire une telle chose, Lisa ? Tu as donné ton sang à une petite fille en échange de l'argent ?

- Ma Lolita, écoute-moi...

– Ne m'interromps pas. Elisabeth Jade McAllen.

Je baisse la tête pour ne pas croiser son regard. Elle est déçue par ce que j'ai fait, ça se voit.

— Je ne t'ai pas élevé de cette façon, ma petite... Tu vas me faire le plaisir d'annuler ce contrat.

— Mais Mamie, comment veux-tu que j'annule le contrat après toutes ces années...

– Trois ans, dix ans ou même vingt ans, ça en revient au même pour moi. Nous allons rembourser cet homme jusqu'au moindre sou. Compris ?

- Grand-mère...

- Tu m'as menti...

- Je suis désolée...

– Je suppose que Will était au courant. Évidemment que oui, il sait toujours tout ce que tu fais.

— Ne le blâme pas, Mamie. Il ne l'a su qu'après la signature.

- Seigneur... Tu vas vite me régler cette histoire.

Quand elle est comme ça, il vaut mieux ne pas la contredire.

Mamie a passé toute la journée à me faire la tête. Cette fois-ci, je ne peux pas m'en sortir avec un, je t'aime. Elle semble être très en colère contre moi...

Dans la soirée

– Tu dis qu'elle est au courant ? Mais comment ?

— Ça, je ne le dois qu'à ce cher Logan.

– Comment ça ? Vous vous êtes revus ?

– Oui, à l'hôpital.

– Ça t'a fait plaisir, j'en suis certain.

– Non, pas du tout.

— Ne mens pas, Lisa.

– J'espère que tu n'as rien de prévu pour ce soir, car tu risques de rentrer très tard. Lolita est très en colère.

– D'accord, je repasserai plus tard...

— Ah non, tu ne vas pas te défiler.

Je tire sa main pour qu'il me suive. Nous rejoignons Mamie dans le jardin. Quand elle voit Will, un sourire étire ses lèvres.

– Lolita, comme tu es belle. Tiens, je t'ai apporté tes fleurs préférées.

Il tend le bouquet à ma grand-mère qui l'accepte toujours avec le sourire. L'affection qu'ils se portent est très grande.

- Merci mon garçon...

— N'est-il pas gentil, notre William ? Je lui demande, voulant m'incruster dans leur conversation.

À moi, Lolita me lance un de ces regards disant qu'elle m'en veut et qu'elle n'est pas prête d'oublier ce que j'ai fait. Alors j'accepte de me faire toute petite.

Will reste pour le dîner, Lolita est très contente de le voir et elle le lui dit au moins toutes les cinq minutes.

– Comment se passe ton entraînement ?

– Le coach est très énervé, on dirait qu'il nous fait payer pour ses problèmes personnels.

— Je sais que c'est ton oncle, mais je ne l'aime pas et je pense même que sa femme devrait divorcer.

– Lisa, ce n'est pas bien de dire ça.

Nous nous regardons un moment, puis nous éclatons de rire. Le portable de Will sonne pour la quatrième fois de la soirée. C'est encore Rachel. Elle appelle sûrement pour lui rappeler de la récupérer à l'aéroport demain.

— Je vais y aller, Ma belle.

– Envoie-moi un message quand tu rentres.

On se fait un câlin avant qu'il ne décroche son portable en se dirigeant vers sa voiture.

Je retrouve ma mamie dans le salon pour l'aider à monter dans sa chambre. Je reviens à la cuisine après avoir tout rangé, je monte me coucher à mon tour.

Le lendemain, quand je me réveille, je regarde l'heure sur mon portable, il est plus de 9 heures. Seigneur, c'est à cause de toute la fatigue accumulée lorsque Mamie était à l'hôpital. Je vais dans la chambre de Lolita, mais elle n'y est pas. Je descends donc dans le salon, mais elle n'est pas là non plus, ni même dans la cuisine.

Je vais voir dans le jardin et c'est là que je la vois.

- Mamie...

En m'approchant, je vois qu'elle n'est pas seule. En m'approchant, je vois qu'elle n'est pas seule. M. O'Neil est assis en face de ma Lolita, une tasse de café devant lui.

— Élisabeth, tu viens dire bonjour. Ne sois pas impolie.

— Bonjour M. O'Neil. Dis-je timidement.

Merde, depuis quand je suis timide, moi ? Mamie me fait signe de m'asseoir à côté d'elle. Je suis sûre de ressembler à un épouvantail.

— Bonjour Mlle McAllen,

— M. O'Neil, je ne comprends pas ce que vous faites chez nous...

— Justement ma chérie, on parlait de toi avec monsieur O'Neil.

Ma chérie ? Quoi, elle n'est plus en colère contre moi ou quoi ? Je connais ma grand-mère, ça ne prédit rien de bon.

— J'expliquais à votre grand-mère ce qu'il en est de notre contrat.

– Je croyais que cela devait rester confidentiel. Lui dis-je entre mes dents.

– Vous êtes la première à avoir rompu les termes de notre contrat, je vous rappelle. Me chuchote Logan.

– Mais vous aviez dit que ce n'était pas grave.

— Bon, comme je vous le disais, M. O'Neil, ce qu'a fait ma petite fille est inacceptable. Elle n'aurait jamais dû accepter cet argent. J'exige donc qu'elle vous rembourse.

— Attendez, Mme McAllen, je vous ai dit que ce n'était pas nécessaire, je vous promets que tout va bien. Chacun a rempli sa part et :

— Excusez-moi, monsieur, mais chez moi, cela ne se passe pas comme ça. Vous êtes un homme d'affaires, non ?

– Oui, c'est exact.

– Ma petite fille n'est peut-être pas une célébrité ni même une femme de la haute société, mais c'est quelqu'un d'intelligent et d'honnête.

— Je pense que c'est juste un malentendu, Madame...

– Qui peut se régler très facilement.

Elle est vraiment décidée à me faire ça. Je sais que ma grand-mère ne cédera pas quoi que puisse dire Logan.

– Mamie a raison. J'aurais dû donner mon sang à Emy sans rien vous demander en échange, M. O'Neil, veuillez m'excuser.

Il me regarde d'un air bizarre. Le pauvre semble être un peu perdu.

- D'accord... Je vous propose quelque chose. Venez travailler dans mon entreprise et comme ça, ce sera réglé.

– Pardon ! Comme vient de le dire ma grand-mère, je n'ai pas des gens avec qui vous avez l'habitude de travailler et...

– Je suis sûr de trouver quelque chose qui vous conviendra. Votre grand-mère m'a parlé de votre passion pour la mode et justement, je possède une agence...

Oh non.

Quelques jours plus tard

Dieu merci, tout est redevenu normal entre ma grand-mère et moi, elle a arrêté de me faire la gueule. Quand j'ai raconté à Will ce qu'a fait ma grand-mère, il n'a cessé de se moquer de moi en parlant de mon look au réveil. Il a mis l'accent sur mes cheveux. J'ai donc appris que c'est lui qui a aidé Lolita à contacter Logan en plus. J'espère que son coach lui fera plus de crasse qu'aux autres joueurs de l'équipe.

Aujourd'hui, Logan m'a donné rendez-vous dans son entreprise. Tout est tellement beau et simple, qu'on voit tout de suite que c'est un homme de principe et son élégance ne se résume pas seulement à sa personne, mais également à tout ce qu'il fait. Le carrelage du sol, la hauteur de son building, la décoration, tout est parfait.

Une femme me demande de la suivre. Nous prenons l'ascenseur et elle appuie sur le bouton du dernier étage. Je suis un peu nerveuse, c'est la première fois que je viens dans un endroit pareil. Je ne suis pas bête, j'ai vu le regard qu'il m'a lancé lorsque Lolita a parlé de travailler pour lui. Donc, il a fait exprès de me mettre dos au mur avec Lolita. C'était donc ça son objectif ?

Le bureau de Logan est très spacieux et surtout très beau. Égale à sa personne, quoi. Ne t'égare pas, Lisa. Souviens-toi, ne montre aucune faiblesse.

– Mlle McAllen, comment allez-vous ? Mettez-vous à l'aise.

Il me fait signe de m'asseoir, alors que l'autre s'en va. Il semble encore plus beau assis derrière son bureau.

– Et votre grand-mère ?

— Pourquoi me le demandez-vous ? N'avez-vous pas son numéro de téléphone ?

Je sais, je ne suis pas sociable et tout ce que vous voulez. Mais moi, je n'aime pas qu'on me piège et c'est ce qu'a fait Logan. Étrangement, ma pique ne le dérange pas, au contraire, je le vois sourire.

— Votre grand-mère est une dame charmante et très accueillante, elle m'a proposé de venir dîner un de ces jours d'ailleurs...

– Par pitié, ne venez plus chez nous...

— Ma compagnie, vous déplaît-elle à ce point-là ?

– C'est exact.

— Ah, vraiment ?

Logan se lève pour se rapprocher de moi. Il pose ses poings sur le bois de son bureau. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien et ses yeux ne quittent pas mes lèvres. Je le vois serrer les dents, ce qui, je l'avoue, commence à me déstabiliser.

— En êtes-vous sûre ? Murmure-t-il.

C'est de la pure provocation et pour je ne sais quelle raison, je me laisse faire au lieu de lui balancer une vacherie.

– M. O'Neil, je doute fort que vous aimeriez jouer à ce petit jeu.

J'approche mes lèvres des siennes d'un centimètre de plus alors que lui, il reste dans la même position. Pourquoi j'agis de cette façon, moi ? Qu'est-ce qui me prend tout à coup ? Je suis une fille qui a de la gueule, c'est ce qu'on m'a toujours dit. Pourquoi est-ce que je sens qu'avec M. O'Neil, je vais devoir peser mes mots ? Non, Elisabeth, ressaisis-toi. Ce n'est qu'un homme. Et pourtant, j'attends impatiemment que ses lèvres touchent enfin les miennes. Je sais. Je ne suis pas dans mon état normal. Ça doit être le petit-déjeuner. Je n'ai jamais aimé manger de la salade tôt le matin et pourtant ce matin, notre petit-déjeuner ne contenait que ça à 70 %.

En réalité, je suis tenté par ses lèvres. Peut-être que je n'aurais plus l'occasion de me trouver aussi proche de lui, et puis je déteste que l'on me met au défi. C'est le moment de montrer à ce riche homme d'affaires que je n'ai rien d'une jeunette innocente, vous ne croyez pas ?

– Je ne pense pas vous avoir parlé de ma maison de couture. Dit-il en se détachant soudainement de moi.

Je serre les dents pour faire passer ma frustration en détournant le regard. Je vais également ajouter Agaçant à sa longue liste. Je m'éclaircis la gorge avant de lui faire face derrière son bureau.

– Vous ne l'avez pas fait effectivement.

— Je dois dire que vous tombez bien, Mlle McAllen, parce que justement, j'aurais besoin d'un styliste pour lancer une nouvelle ligne de vêtements.

- Ah, je vois... Attendez, vous voulez que... Vous voulez dire que vous avez pensé à moi pour ce poste ?

— Pourquoi ça semble vous étonner ?

– Vous pouvez engager n'importe quel grand styliste, pourquoi moi ? [...]

– Mais vous avez de l'expérience.

— C'est ma grand-mère qui vous a dit ça ? Bien sûr.

— Écoutez-moi bien, je ne veux pas que vous vous dévaloriez, Mlle McAllen... J'ai déjà vu quelques-uns de vos modèles et ce n'est pas pour vous flatter, mais je pense que vous avez un vrai talent pour le stylisme et je suis sûr de ne pas me tromper.

Il me tend plusieurs de mes croquis. Je travaillais dessus pendant que j'étais à l'hôpital avec ma Lolita, j'ai dû les oublier là-bas. Il les a forcément eus par ma grand-mère. C'est quoi son plan au juste ?

Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en mes capacités, mais je ne veux pas de sa charité. J'aime ce qu'on fait avec Mamie, je n'ai jamais pensé qu'on me proposerait de travailler pour une aussi grande entreprise, enfin, une de ses filiales.

– Puis-je y réfléchir ?

- Bien sûr

Je me lève pour partir.

– Mlle McAllen, voyez-le comme étant une opportunité de faire profiter de ton talent à plus de gens.

Il n'a pas tort, et puis, même si tout a commencé avec une mauvaise décision que je voyais plutôt comme un malentendu, ce n'est pas de la charité. Je sais que j'ai du talent, malheureusement, je vais devoir reporter mon projet d'ouvrir ma propre boutique pour quelque temps encore. Une fois ma dette remboursée, je pourrai reprendre et accepter l'offre de William qui veut investir au lieu de l'argent de Rachel. Quand elle a su pour notre éventuelle association, elle m'a tout de suite proposé de faire partie du projet. Je lui ai dit que j'allais y réfléchir juste pour l'emmerder, car je sais que si elle l'a fait, c'est pour empêcher son copain de partager plus de choses avec moi. Ça l'énerve toujours autant et moi, j'aime bien être dans les parages quand elle fait ses crises de jalousie.

À présent que ma grand-mère ne peut plus passer autant de temps assise derrière sa machine à coudre, ça lui fera des vacances.

- Hum. Vous savez quoi, j'accepte.

– C'est la bonne décision... J'ai hâte de travailler avec vous.

— Je ne vous décevrai pas.

– Je n'en doute pas... Je vais demander à ce que l'on prépare votre contrat, nous parlerons de vos rémunérations...

— Je préfère attendre d'abord de voir ce que vous pensez de mes premiers modèles et après, nous en reparlerons.

– Ça me va.

Je ne veux pas qu'il croie qu'il n'y a que l'argent qui me motive, même si je ne vais pas dire non à ce que l'on me paye pour mon travail. Je ne veux pas me faire gronder par ma grand-mère une fois de plus, voilà pourquoi je lui raconte tout en rentrant à la maison après mon rendez-vous.

Deux jours plus tard

Mentalement, je suis prête à commencer, même si je suis un peu nerveuse de travailler avec d'autres personnes. Je ne suis pas le genre à me faire des amis (es) comme vous le voyez et ça ne me dérange pas.

Le souci, c'est que je n'arrive pas à me sortir de la tête ce qui s'est passé dans le bureau de Logan. Je sais, je suis une pauvre fille, jamais il ne s'intéressera à moi et ce n'est pas ce que je cherche, au contraire, j'espère que je n'aurai pas à le croiser souvent. Toutefois, ses lèvres me hantent et cette tension qu'il y a eue me rappelle à chaque instant que j'ai perdu contre lui et je déteste ça.

— Passe une bonne journée, ma Lolita.

– Ne fais pas ta tête de mule, hein ? Et surtout, comporte-toi bien avec ton patron.

- Mamie...

— Je te connais assez pour m'inquiéter, Lisa.

— Je vais bien me comporter, Mamie. J'y vais. On se voit ce soir, d'accord ?

Je monte sur ma moto et je mets mon casque avant de démarrer.

Après quelques minutes, j'arrive à l'entreprise. Je gare ma moto sous les regards ahuris de certains. C'est fou ce qu'ils sont de la vieille école, comme s'ils n'ont jamais vu une femme sur une moto avant. Je ne fais pas attention et je monte dans le bureau du grand patron. Je suis d'abord accueilli par sa secrétaire Hélène qui m'annonce avant de me dire que je peux y aller.

– Monsieur O'Neil,

— Mlle McAllen,

Si son intention était de me faire me sentir gêné, il a réussi à moitié. Je sursaute lorsqu'il s'approche vers moi. Et bien sûr, je me suis fait des idées, croyant qu'il allait faire un geste déplacé alors qu'il veut simplement enlever un cheveux sur ma joue.

– Merci.

Je le vois sourire, alors que moi, je suis encore plus gênée. En voulant me montrer professionnelle, je suis clairement en train de me ridiculiser. Il remarque sûrement ma gêne, vu qu'il se racle la gorge avant de me répondre.

– Mlle McAllen, vous allez bien, j'espère.

— Oui, je vais très bien, merci.

Reprends-toi, Élisabeth...

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