4. Logan & Lisa

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*****

Logan

Je suis épuisé, mais je ne tiens pas à m'éloigner de ma fille. Avoir un enfant aussi jeune ne faisait pas partie de mes plans, mais dès que j'ai appris l'existence d'Emy, je me suis mis à l'aimer.

J'appelle à la maison pour prendre des nouvelles de ma sœur, car si je ne le fais pas, elle ne pourra pas dormir et elle sera forcément contrariée.

Conversation téléphonique

– Monsieur, je peux vous remplacer auprès de la petite à l'hôpital si vous voulez.

– Merci Sindy, mais je pense rester avec elle. Peux-tu me passer, Gaby ? [...]

- Bien sûr

- Oui

— Coucou, ma Gaby. Tu as dîné ?

– Sindy m'a fait à manger... Toi, tu as dîné.

- Hum... Tris est là ?

— Il vient de partir... Il vient de partir.

— Je rentrerai certainement tard, alors ne m'attends pas, d'accord ?

– D'accord.

Et elle raccroche. Ma sœur appelle rarement ma fille par son prénom. C'est plus facile pour elle de dire Emy.

– Excusez-moi, vous avez des nouvelles de Mlle McAllen ? Comment se porte-t-elle ? Je demande à l'infirmière.

– Elle va bien. Je crois qu'elle est retournée auprès de sa grand-mère. Elle a l'air d'une jeune femme courageuse.

Je ne devrais pas me préoccuper d'elle, après tout, on a un accord. Elle a sauvé la vie de ma fille et j'ai transféré l'argent, mais je ne sais pas pourquoi subitement, je demande de ses nouvelles. Si j'ai posé cette condition, c'est pour la sécurité de ma fille, et puis je ne la connais pas cette fille, qui me dit qu'elle ne changera pas d'avis et demandera plus d'argent ?

Sindy, l'accompagnante de Gaby, est très proche d'elle. Ça fait longtemps qu'elle est avec nous et je peux dire que c'est quelqu'un de bien. J'ai confiance en elle pour veiller sur ma sœur quand je ne suis pas là et Gaby l'aime bien.

Je rentre à la maison et c'est Jared qui m'ouvre la porte en me demandant des nouvelles d'Emy. Nos employés sont très aimables et respectueux envers nous. Ils savent tous comment se comporter avec Gaby pour ne pas la mettre mal à l'aise. L'arrivée de Gabriela dans notre vie a suscité beaucoup de changements. D'autant que pour mon père, c'était plus perturbant. Il ne pouvait pas accepter d'avoir un enfant souffrant de troubles du développement. Il ne s'est jamais comporté comme un père de toutes façons.

Tristan et Gabriella sont des faux jumeaux. Des deux, Tris a toujours été plus éveillé. L'autisme de notre sœur est apparu avant ses trois ans. Ça ne s'est pas arrangé au fil du temps.

Après la mort de maman, notre père a trouvé l'excuse parfaite pour se barrer de la maison, nous laissant seuls pendant plusieurs mois. Papa a toujours été attiré par l'argent et malheureusement, maman ne l'a découvert que très tard. Heureusement que nous avions toujours eu cette complicité entre frères et sœurs, même si parfois cette adolescente qu'est Gaby aujourd'hui se comporte comme une fillette de cinq ans, mais je l'aime, Tristan également.

– Tris,

— Ne t'inquiète pas, ma Gaby, on se parlera tous les jours, grande-sœur. Je vais te manquer, hein ?

En guise de réponse, elle arrange la veste de notre petit frère.

— Couvre-toi bien, d'accord ? D'accord,

– Je ferai tout pour ne pas tomber malade, car tu seras trop loin pour prendre soin de moi.

Nous, on a appris à faire avec son incapacité à exprimer ses émotions. Pour Tris et moi, notre sœur est comme n'importe quelle fille normale de son âge. Nous disons au revoir à Tristan avant qu'Arthur ne le conduise à l'aéroport...


Lisa

Je récupère enfin ma moto. Évidemment, Phil l'a rendue comme neuve. Avant la proposition de Logan, je ne savais pas quoi faire pour réunir cette somme.

— Je m'excuse d'avoir pensé à me débarrasser de toi, même si ce n'était que pendant deux secondes, mais je me sens vachement coupable, mon Zeus. Dis-je en la caressant.

— Tu tiens à ta bécane plus qu'à moi, ce n'est pas juste ça.

— Désolée, Phill, mais Zeus est beaucoup plus attirant que vous tous réunis.

Il se met à rire. Je le remercie avant de grimper sur ma moto pour quitter le garage.

Je passe au magasin pour rendre les tissus que Lolita a commandés il y a plusieurs semaines de cela. Ça ne sert plus à rien de les garder, étant donné qu'elle ne pourra pas reprendre le travail et ça me rend triste.

En sortant du magasin, je vois trois petits cons près de Zeus et ils ne font pas que de regarder. En me voyant, ils prennent la fuite. Oh non, ils ne vont pas s'en sortir comme ça. J'arrive à les coincer dans une ruelle un peu plus loin.

— Hé toi, petit voyou, rends-moi ce que tu as pris.

– Je ne vois pas de quoi tu parles.

Ah ces petits bâtards.

— Venez ici tous les trois avant de m'énerver davantage.

Ils se regardent avant de se mettre à rire, croyant sûrement que je plaisante.

— C'est votre jour de chance, étant donné que je suis pressé, je vais faire vite.

Deux d'entre eux avancent vers moi, je suppose que l'autre doit être leur leader. Je me baisse pour éviter un coup de poing ; en me retournant, je lui mets K.O. avec un coup de pied. Son ami subit le même sort. Je m'approche du troisième.

— T'es qui, toi, putain ?

— Oh, mais rassure-toi, je vais te le dire. Mais pas avec des mots, Mon petit.

Il tente de s'enfuir, mais je lui saisis le poignet, il tente de se dégager, mais je suis plus rapide, d'un quart de tour, je le fais pivoter. Je referme ma prise contre son cou, l'empêchant de bouger.

- D'accord...

– T'as dit quoi ? Je n'ai pas entendu...

– J'ai dit d'accord. Tiens, je te le rends dans ta pièce.

Je lui prends la petite pièce sans pour autant le relâcher.

— Toi et tes amis, si je vous revois, vous serez morts, compris ?

– Oui, oui.

— Plus fort.

– Oui, j'ai compris.

– Parfait. Hors de ma vue.

Je le relâche, ils aident ses amis à se relever, puis ils s'en vont en courant. Je souris avant de m'en aller. Mon casque sur la tête, je conduis jusque chez moi pour me changer...

Logan O'Neil, un homme charmant, je vous l'accorde, mais le plus souvent, ce sont les plus sadiques. Il croit que je n'ai pas senti son regard sur moi dans son bureau. Dans d'autres circonstances, je lui aurais remis à sa place.

Je retourne à l'hôpital auprès de Lolita. Will arrive deux heures plus tard.

— Tu t'es encore bagarré ? Dit-il en prenant ma main.

— Ces petits voyous ont posé leurs salles-pattes sur mon Zeus.

– J'espère qu'ils n'ont rien de cassé.

— Je leur ai juste donné une petite correction.

— Il faudra que tu arrêtes de te bagarrer, hein, Lisa.

— Tant qu'on ne me cherche pas des noises.

Nous nous asseyons pour discuter. Je raconte tout à Will à propos de mon accord avec Logan.

– Tu as fait quoi ? Crie Will après que je lui ai tout raconté.

– Chut ! Moins fort, s'il te plaît, Lolita pourrait t'entendre.

— Lisa, mais pourquoi tu as fait ça ?

– Je ne sais pas. Moi-même, je n'arrive pas à croire que j'ai fait un truc pareil.

– Quoi ? Tu vas me dire que tu étais possédé ?

— Ah oui ! Ce serait logique, Tu ne crois pas ?

– Ça ne prend pas avec moi, jeune fille. Tu as refusé mon aide, par contre cet inconnu...

– Will, il a dit que c'était de l'entraide. Et honnêtement, je pense qu'il n'a pas tort...

– De l'entraide ? Tu te fiche de moi ? Tu parles d'un prix réduit.

- Non...

— C'est moi, ton meilleur ami...

– Tu peux arrêter de m'engueuler ? Je me sens assez mal comme ça.

– J'espère vraiment que tu te sens mal... Très très mal.

— Tu n'as pas idée. Je suis une petite-fille indigne. Je suis peut-être comme ils disent finalement. Une fille insensible qui a profité de la maladie d'une gamine...

— Tu sais que si jamais Lolita l'apprend, tu te feras tuer, hein ?

– Justement, on ne lui dira rien.

— Comment ça, on ?

— Bah oui, toi et moi.

Ce qui me rassure, c'est que ma grand-mère a tout le confort nécessaire. Logan a respecté notre contrat et le traitement de ma Lolita a déjà commencé. Je n'ai pas jugé nécessaire de lui faire part du contrat, ce qui importe pour l'instant, c'est qu'elle se fasse soigner. Je sais d'avance que Mamie sera beaucoup trop furieuse contre moi si elle l'apprenait et je compte sur la discrétion de mon William pour faire en sorte qu'elle ne le découvrira jamais.

Voyons le bon côté des choses : Logan ne m'a pas fait de faveur, ce n'était pas non plus un acte de charité. Même si je suis consciente que je n'aurais pas dû accepter son argent en échange de mon sang, c'était indécent. Je n'allais pas laisser mourir un être humain juste parce que j'ai besoin d'argent. Je me suis sentie honteuse et mal à l'aise après, mais il nous fallait cet argent. C'est stipulé dans le contrat que nous ne sommes pas obligés de nous adresser la parole. Son avocat a fait l'estimation des frais et il m'a fait un virement sur mon compte.

— Elle était en train de mourir, Will, je n'ai pas réfléchi.

— Ça va, ne culpabilise pas, Lisa. Promis, je ne dirai rien à Lolita.

Mon ami me prend dans ses bras réconfortant avant de partir. Ce soir, il dîne avec ses parents et sa petite amie. Je sais d'avance que ce sera très ennuyeux...

L'état de ma grand-mère n'est toujours pas rassurant, le fait est que les médecins font de leur possible. J'aimerais tellement qu'elle sorte d'ici. Que nous rentrons à la maison toutes les deux et que nous reprenons notre vie d'avant.

En arrivant dans le jardin de l'hôpital, je remarque la silhouette d'une adolescente assise près d'une fontaine. Elle dessine sur une tablette. Elle a l'air concentrée sur ce qu'elle fait, alors je m'approche discrètement, je dépose mon casque à côté pour jeter un œil à son travail.

– Salut ! [...] Je m'appelle Lisa.

— Lisa comme Mona Lisa ? ... Mona Lisa...

— Lisa, comme Elisabeth... Je peux voir ton dessin ?

Elle remue sa tête d'un côté puis d'un autre en serrant la tablette contre sa poitrine.

– D'accord, d'accord. Ce n'est pas grave En tout cas, tu dessines très bien.

- Je sais, je sais... Je suis très douée, très douée

- C'est bien... Bon, bah, je crois que je vais te laisser terminer tranquillement ton dessin.

Sérieux, à quoi je m'attendais ?

- Merci... Merci.

Je me retourne lentement pour lui faire face. Elle évite mon regard comme tout à l'heure.

– Merci ? Pourquoi tu me remercies ?

— Mon frère dit que je dois toujours dire Merci... Il dit que je dois dire Merci.

– Ton frère ?

— ... Tu as donné ton sang à ma petite-nièce... Ma petite-nièce

– Ah, tu parles de la fille de Logan. Attends ! C'est ton frère ?

Merde ! Je ne devais pas m'approcher de sa famille. Elisabeth Jade McAllen, qu'est-ce que tu fais ? Prends ton casque et va-t'en avant de te faire prendre...

- C'est cela...

– Comment sais-tu que c'est moi qui...

— Je vous ai vu. Lolo et toi. Je vous ai vu,

- Ah...

– Gabriela, je m'appelle Gabriela... Je m'appelle Gabriela O'Neil et j'ai vingt ans... Vingt ans

— Je suis enchantée, Gabriela.

— Jolie, tu es très jolie... Très jolie.

Elle ne m'a pas regardé une seule fois, alors comment peut-elle savoir que je suis jolie ?

– Lolo dit que je suis jolie également... Jolie

Je souris au petit surnom qu'elle donne à son frère.

— Il n'a pas tort, tu es très jolie.

Elle repousse une mèche derrière son oreille avant de lever légèrement la tête. Ses yeux s'agrandissent en regardant derrière moi. Je tourne la tête et me retourne vivement quand je vois Logan accompagné d'une femme.

– Gaby, tu as terminé ?

- Hum

Je récupère mon casque et j'essaie de m'éclipser, mais il faut savoir que parfois la discrétion me fait défaut. Logan ne m'a pas encore vu, je peux encore me sauver, non ? Je jette un rapide coup d'œil, calculant la distance et le temps que je dois mettre à m'en aller si je ne veux pas me faire prendre.

D'accord, si je comprends bien, je ne suis pas la seule à ne pas parvenir à capter son regard. Elle ne regarde pas non plus son grand frère dans les yeux.

Reprends-toi, Lisa, tu dois dégager avant que ce beau gosse richissime ne te voie et qu'il ne t'accuse pour ne pas avoir respecté le contrat.

– D'accord. Tu veux bien rentrer avec Sindy pour te reposer ?

- Hum...

La dénommée Sindy demande à Gaby de l'accompagner. Je profite de l'occasion pour me retirer, mais alors que j'avance de deux pas, j'entends la voix de Gabriella.

— Lolo, sois gentil avec Lisa, sois gentil, hein ?

– Qui ?

- Lisa...

– Mademoiselle McAllen. M'appelle Logan.

Je n'ai pas d'autre choix que de me retourner.

— Hum, vas-y, ma Gaby.

C'est adorable de voir sa façon de s'occuper de sa petite sœur. Pour ma défense, je ne savais pas que Gabriela était sa sœur, je peux plaider non-coupable, non ?

— M. O'Neil, je ne savais pas que...

– Détendez-vous, mademoiselle McAllen.

– Vous n'allez pas me pénaliser pour...

– Vous pénalisez ? [...]

– Je ne pouvais pas savoir qu'elle faisait partie de votre famille...

– Calmez-vous. Vous avez raison Attendez, vous avez une moto ?

C'est quoi ce ton ? Je hoche doucement la tête avant de me retourner pour partir.

– Elle vous aime bien. J'entends dans mon dos.

– Moi ? Euh, eh bien, merci. Votre sœur est adorable...

– Comment se porte votre grand-mère ?

Pourquoi dois-je répondre à ses questions ? C'est vrai quoi, je ne lui dois rien, moi.

– Les médecins disent que ça devrait aller. Merci pour...

— Ce n'était pas de la charité, on avait un accord.

Il tourne les talons pour partir, mais fait volte-face l'instant d'après...

Un Accord Une histoire... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant