Chapitre 3

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Finalement je déteste cette idée. Je n'aurai pas dû accepter. Ouai c'était une mauvaise idée.

J'ai du négocier avec Cathy pour qu'elle me laisse mon début de semaine. 4 jours. Je vais passer 4 jours la bas. Je ne sais pas quand je me suis laissée convaincre. Mais ça c'est produit.

Je ferme la valise. Et merde. J'ai pas envie d'y aller. Rien ne m'y oblige, si ce n'est cette promesse silencieuse à Brook et Cayley.

Mon père est d'ailleurs ravi de cette visite et m'a apparemment organisé une fête d'anniversaire « en famille ». Je me demande bien qui il a pu invité.

Assise sur mon lit, j'apprécie le silence. Il sera bientôt rempli de voix et de souvenirs.

« Tu crois que tu peux m'humilier comme ça et TE BARRER?! Je vais t'apprendre moi! Ecoute bien Ashton. Et Si tu te ramènes je la bute! »

Ça passe comme un coup de vent. Comme un animal qui passe sur la route, au milieu de la nuit. Comme la mort à un coin de rue. Sa voix passe.

Je me précipite presque vers mon sac en courant. Je sors cette petite boite orange. Celle que j'aime tant.

J'en verse un peu dans ma main. Juste une. Puis finalement, le simple fait de penser que je vais prendre la route pour Stir fall me fait en prendre trois.

Appuyée contre ma commode, mes doigts tapotent contre le meuble. Ça va bientôt passer. Aller respire Nora. Respire.

Une fois que ces jours seront passés. Je n'y mettrai plus jamais les pieds. Deuxième promesse silencieuse, à moi même cette fois ci.

Ma valise est faite. Mais mon départ reste inconnu. Il est déjà 21 heure. J'étais censée être sur la route depuis un moment. Depuis ce matin enfaite.

J'ai les clés de chez ma mère et elle n'est pas là, je peux bien arrivé quand ça me chante finalement. Tant que je suis là lundi soir. Je pourrai même partir demain et réduire les jours à 3.

Et je pourrai même ne pas partir du tout.

—Raaah quelle merde!

Je m'affale sur mon matelas, les yeux au plafond.
Quelle merde. Ouai quelle putain de merde. Voila pourquoi je les évitais. Maintenant je me retrouve dans tout ce que je voulais éviter.

La main sur mes yeux, j'essaye de ne pas laisser l'anxiété m'avoir. Il faut que je me vide la tête. Il faut que je m'occupe l'esprit avant de partir.

C'est comme ça que je cours, dans Steinfield, le froid me gèle les os, lq nuit m'enveloppe le corps. Je cours jusqu'à m'en brûler les poumons, jusqu'à ce que j'entende à peine la musique dans mon casque. Jusqu'à ce que je sois tellement absorbée par l'idée de respirer, que les choses à venir disparaissent de mon esprit.

C'est bien mieux comme ça.



                                        *  *  *

Mes mains s'agitent sur le volant à la vue du panneau.

                              « Stir Fall »

Il est 4 heures du matin. Je n'ai pas pris de douche en rentrant de ma course, j'ai tout chargé et je suis partie. Parce que si je laisse le temps à mon cerveau de réfléchir, c'est terminé pour moi.

Et maintenant j'ai envie de vomir rien qu'en voyant ce nom.

J'arpente des rues que je ne connais que trop bien. Je passe devant des devantures que je ne connais que trop bien. Ma voiture glisse devant le lycée et je ne peux pas m'empêcher de penser à ce bal qui a tout changé.

Elle roule jusqu'à passer devant la place du Color tree. Et comment ne pas me rappeler lorsqu'il m'a offert ce collier. Comment ne pas me rappeler que c'est après ce soir là, que je lui ai dit que je l'aimais.

Alors je me retiens de respirer. Tellement longtemps que je tourne presque de l'œil en arrivant chez ma mère.

Il n'est jamais venu ici. Alors c'est un endroit qui me laisse du répit. Un endroit dans lequel, appuyée contre le bois de la large porte. Je prend d'immense goulée d'air, parce qu'il me semble tellement plus pure que celui du dehors.

Je savais que ça serait insupportable mais pas tant que ça.

Je jette ma valise au sol, pour l'ouvrir aussi vite que possible. Finalement je vais en prendre un autre. Oui un autre cachet. Juste un autre. Que je puisse travailler sur ce dossier à rendre dans un mois. Oui ça va m'occuper.

J'ai besoin de ça. Ça et du café. Oui et du café. Je ne veux pas dormir. Non je ne peux pas dormir. Si je dors, je laisserai la place à tous les cauchemars possibles, et Dieu seul sait, qu'il m'a réservé une capacité d'imagination débordante.

Assise dans le salon depuis maintenant 2 heure, je travaille. Mon casque sur les oreilles. Je veux occuper mon cerveau et mes sens de toutes les manières possibles. C'est bien. J'y arrive bien.

Oui j'y arrive bien. J'y arrive...



Depuis combien de temps je suis allongée? Depuis combien de temps je laisse défiler cette série dont je ne connais pas le nom? Depuis combien de temps ma mère est partie au travail? Depuis combien de temps est-il parti?

Peut-être 7 heures. Peut-être 5 heures. Peut-être 7 heures aussi. Peut-être 2 mois.

J'ai la vessie pleine depuis 2 heures. Mais j'ai tellement la flemme de me lever. Je n'ai pas assez de force pour ça, c'est fou non?

Alors je reste la. À pourrir dans le fond de ma chambre. Mes yeux me brulent, ils sont secs, sûrement parce que j'ai trop pleuré la nuit dernière.

J'aimerai cliquer sur avance rapide. Me voir dans 5 mois, pour être certaine qu'un jour j'irai mieux. Parce que pour l'instant la pente me semble tellement horrible à remonter, le sommet me paraît si haut, que je crois que je n'y arriverai jamais.

J'aimerai tellement réussir à survivre. J'aimerai tellement réussir à arrêter de pleurer, à réussir à remplir ce vide. Cet immense trou dans ma poitrine. Cet immense, immense, gigantesque trou.



Il n'est jamais venu ici. Mais moi j'étais là. Dans mes pires moments. Cette maison est débordante de mon chagrin. Mais c'est sûrement moins dérangeant. Moins dérangeant que ce que je vais affronter pendant 3 jours.

Il est 8 heure. Le soleil s'est levé depuis un moment. Je le sais parce que c'est la que j'ai fermé les volets. Je ne veux pas qu'on se doute que je suis revenue, je ne veux pas de visite à l'improviste.

Mon téléphone vibre.

« Ce soir, à l'heure indiqué Neyla, au kiosque de fall river. »

Une boule aussi grosse que mon poing se niche dans mon ventre. Et je mordille mon pouce. Je le mords, vraiment fort. Respire Nora. Respire.

Je regarde de nouveau mon téléphone. Non je veux pas. Je veux pas y aller. Pour faire quoi? Dans quel but? Je suis entrain de perdre pied alors que j'en voyais enfin le sommet.
Et si j'y vais, je peux déjà m'imaginer entrain de glisser au plus bas de la pente.

Oh vas te faire foutre Rita. Vas te faire foutre. Vas putain de faire foutre. Que cette ville aille se faire foutre. Que les Devils aillent tous se faire foutre. Que ma mère et mon père aillent se faire foutre et que Ashton Smith aille se faire foutre.

Bloom T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant