Bloom T.2

Chapitre 8

—Envoies.

Connor me passe son joint, assis dans ma voiture pour nous protéger du froid, on a encore une fois prétexté qu'on voulait pas de dessert.

—Tu penses que tu peux m'en rouler deux ou trois d'avance, bien chargé ?

—Tu veux me prendre toute ma cons enfaite c'est ça?

Je monte le volume sur « ... 2hrs » de Tobi Lou. Je sens qu'il va m'en falloir pour la semaine qui va suivre. Je laisse mes membres se détendre, en prenant une grande bouffée.

—Fais pas le radin, partage avec ta grande copine.

On se regarde assis nonchalamment sur mes sièges, le temps que Kiana mange son immense château de glace, on a encore un peu de temps.
On a déjà fait ce restau, et c'est pas le pire ça va.

—Ok... je veux bien le faire et même te le faire tout de suite, mais seulement à une condition.

Je chantonne en attendant qu'il termine.

—T'as l'air bizarre, pourquoi t'en veux autant? Si tu réponds je veux bien te le faire.

J'ai l'air bizarre... je ferme les yeux un moment, en essayant de formuler ça, sans trop en dire.

—Disons que j'ai un truc à faire cette semaine, et que j'en ai pas envie.

Il rigole.

—Bah le fait pas.

Si seulement ça pouvait être aussi simple..

—J'ai pas le choix, j'ai l'impression que je suis prise au piège. Quoi que je fasse faut que je me sorte ça de la tête. Et pour ça... je dois le faire.

—Et c'est quoi ce truc?

Je replace un peu mieux mon bonnet pendant qu'il sort de quoi rouler.

—Un truc vraiment merdique. Je sens que ça va me bousiller.

—Le fait pas Nora. Je sais pas ce que c'est mais penses à toi un peu.

Il ne me regarde pas, mais c'est ce qu'il me dit.

Ne pas savoir, ne pas le voir de mes propres yeux, me bousille presque autant. J'ai pas le choix. C'est terminé avec lui. Mais ma curiosité me bouffe le ventre, elle se partage la place avec ma colère.

—J'essaye.

                                      *  *  *

—Et cinq, six, sept, huit.

Ok. Concentres toi Nora. Un flip avant. Voila comme ça. Maintenant le porté. Souris Nora. Même si ton coeur bas à cent à l'heure. Vide toi la tête Nora.

—Je suis pas sur que je vais pouvoir le faire James. Je vois pas comment je pourrai remplir ce rôle.

Il tique de la langue, puis soupire. Les yeux dans le vide, sa jambe s'agite.

—Tu sais j'ai du mal à y croire. À cette excuse qu'il pourrait avoir... mais j'ai pas envie de me dire que ce mec que j'ai toujours connu, avec qui j'ai fait les 400 coups, nous la mette à l'envers. Nous ai abandonné et nous ai laissé comme des merdes remplaçables.