Bloom T.2

Chapitre 11

—Ça va aller?

Je me penche par la porte de la voiture encore ouverte.

—Mais oui Connor t'en fais pas pour moi.

—Mouai, appelles si t'as besoin.

Je lui souris, ferme la porte, et il démarre l'air un peu convaincu.

En montant les marches de mon immeuble j'ai l'impression de rentrer de nouveau dans mon quotidien. Calme, organisé, sans folie ni coeur brisé, sans le sang qui pulse dans les oreilles, sans l'adrénaline.

Je ferme la porte de mon antre derrière moi, ici loins de tout, enfin à deux heures de tout.

Il n'est que 15 heures. Et je travaille dans 3 heures.

Je soupire en jetant mon sac et ma veste sur mon canapé.

« Ça va aller? »

J'en sais rien. Parce que je me rejoue ces instants en boucle, exactement comme lorsque le drame s'est produit.

Je retire mes chaussures et laisse mon corps se détendre, la tête à l'envers, sur le sofa. J'attrape les sachets dans mon soutien-gorge, je ne sais même pas bien ce que j'ai pris. D'après Cody il ne me faut qu'un cachet de ceux là pour partir plus loins que sur la lune.

Il était terrifié. Terrifié. Et l'odeur de la peur se sent à des kilomètres. Le point d'interrogation sur celui qui lui crée tous ces tourments se pose. Je n'ai pas vraiment eu le temps de prendre connaissance de tous les leaders des docs.

Je n'en connais que deux. Ashton et.. et moi. Alors qui..? Qui pourrait bien vouloir s'en prendre à lui? Non à vrai dire... Cody a volé de l'argent à une mauvaise personne, ce n'est pas étonnant, n'importe qui s'en prendrait à lui. Je ne sais pas combien il a volé mais il a apparemment été gourmand.

Quelle merde. Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais quelle merde.

Je lâche un râle d'exaspération. Pas mes affaires. Ce ne sont pas mes histoires. C'est pas mon soucis. Qu'est-ce que je pourrai y faire vraiment ?
L'enrôler dans les Devils et dire aux autres de le protéger ? C'est un dealeur qui a volé dans la caisse, personne ne voudra se mouiller pour lui.

Pourquoi jouer la bonne samaritaine maintenant? Je ne peux rien faire pour lui, je ne peux pas me relancer la dedans. Ça serait le chaos. Et je serai obligée de le revoir. Je serai obligée d'être confrontée à tout ce que je veux fuir, encore une fois.

J'ai détesté hier. Je l'ai détesté parce qu'il était là, j'ai détesté que mon coeur lâche en le voyant. Comme j'ai détesté cette proximité qu'on m'a imposé.

Merde. Faut que j'arrête de penser. Je balance mes jambes par dessus ma tête, et me dirige vers ma chambre pour enfiler un jogging et un pull.

Je dois courir. Je dois me vider la tête. Je dois me sortir ça de la tête. C'est pas mes affaires. Je sors de mon bâtiment, il fait froid, vraiment froid.

Mon souffle fume lorsque je commence à m'activer. Mais j'ai besoin de ça. J'ai besoin de cette sensation. J'ai besoin que mon sang batte tellement fort dans mon crâne que je n'entende plus cette voix. Je dois la faire disparaître. Parce que sinon le retour à la normal va être bien plus compliqué.

Je cours, je cours, je perds presque haleine, mes doigts me brûlent, ma gorge aussi. Alors je m'arrête dans une petite rue à l'abri du vent.

J'essaye de retrouver mon souffle les mains appuyées sur les genoux. Je me redresse, tente de marcher un peu sur place pour le regagner, mais en tournant le visage... ce n'est qu'un millième de seconde, mais je vois une ombre, non je vois quelqu'un, quelqu'un me regarde derrière le mur? Ou alors c'était une ombre?