Bloom T.2

Chapitre 23

—Et taches de ne pas oublier que t'as un téléphone cette fois!

Je me fais gronder par Annie. C'était sur. C'était à prévoir. Je n'aurai pas pu l'éviter. Mais c'était moins pire que ce que j'espérai. Elle était en colère mais avant tout inquiète.

Inquiète parce que j'ai quasiment disparue des radars pendant une semaine après avoir assister au meurtre de mon ami.

Peut-être a t-elle pensé que j'étais au fond de mon lit entrain de me laisser dépérir, mais ce n'était pas le cas. C'était pire encore, j'étais pleine de poison. Et j'ai l'impression de ne toujours pas avoir le temps pour pleurer comme je le devrai.

L'équipe de Cheerleader a su m'accueillir chaleureusement, mais étrangement ça n'avait plus la même saveur. Et même quand j'essayais de sourire et d'être pleine d'enthousiasme, tout semblait faux.

J'en connais un autre qui va me passer un savon. Et lorsque j'arrive à la bibliothèque, Cathy me prend presque dans ses bras fripés.

—Oh ma jolie, tu sais que tu aurai pu prendre encore quelques jours de congé!

Je souris. Habituellement elle est plutôt du genre mégère froide et à cheval sur le règlement. Mais depuis que je lui ai dit la raison de mon absence, elle est plus qu'aux petits soins. Du coin de l'œil je vois Cameron ranger quelques ouvrages, un rayon plus loins. Il nous observe tout en faisant sa tâche, alors je me détache de mon affectueuse patronne en la rassurant.

—Ça va. Si je suis là c'est que ça va.

Rien ne va. Mais passons.

Elle s'écarte de moi, l'air empathique, avant de prendre son air de mégère que je ne connais que trop bien.

—Eh bien au boulot! Je vais pouvoir libérer Cameron d'ailleurs... où est-ce qu'il est déjà...

Je l'arrête en attrapant son épaule de la main.

—Laisse je vais m'en charger.

Elle acquiesce, contente de retrouver son guichet préféré.

Cameron a changé de rayon. Je pose mon sac derrière le comptoir avant de partir à sa recherche. Lorsque je le trouve, il est sur son téléphone appuyé contre les étagères de revue géographique.

—Salut.

Il lève les yeux de son écran. Il lève un visage distant vers moi, je suis pourtant habituée à sa malice en général.

Il glisse son téléphone dans sa poche avant de reprendre son travail. Je m'approche, je savais qu'il serait vexé.

—Tu ne me parles plus c'est ça ?

Il ne répond rien.

—Davis sérieusement?

Sa langue frappe son palais, et en jetant presque un livre par terre, il se rapproche de moi.

—Ouai sérieusement Nora.

Je grimace, je ne suis pas plus habituée à l'entendre m'appeler par mon prénom que de le voir jeter des livres.

—Je vois que t'es vénère.

—Tu te fou de moi? Bien sue que je suis vénère contre toi putain. Tu crois que tu peux disparaître et te repointer quand ça te chante?
Il s'agace.

Ouch. Je me rappelle avoir dit ça de quelqu'un d'autre. Un quelqu'un qui m'attend dans mon appart, ou qui fait je ne sais trop quoi. Je m'en fou. Ouai je m'en fou.

—En donnant aucune nouvelle à ceux qui s'inquiètent...?

Et je le vois, je vois que je l'ai blessé. Et je déteste ça. Bizarre. Je sais. C'est mon plan cul. Mon sexfriend, ou peu importe le nom qu'on lui accordera.