Bloom T.2

Chapitre 7

—Nora tu m'écoutes?

Je relève les yeux du vide où ils se perdaient.

—Hein tu disais?

Annie bougonne.

—Qu'est-ce qui t'arrive tu suis à peine les cours.

Qu'est-ce qui m'arrive? J'aimerai dire « Désolé Annie, j'essaye encore de comprendre pourquoi mon cerveau ne peut pas arrêter de penser à eux et ce qu'ils ont dit, oh mais je t'ai pas dit les Devils ont débarqué chez moi, mais si tu sais le gang avec qui j'ai enterré un cadavre dans les bois! »

—Je suis fatiguée.

—Oui bah t'es fatiguée depuis une semaine maintenant.

Depuis que je suis rentrée de ce séjour improvisée à vrai dire. J'ai du mal à me retirer les mots de Rita de la tête. Personne ne m'a relancé depuis. Plus de messages. Ils sont apparue et se sont volatilisés. Encore une fois. Pour changer.

J'essaye de me reconcentrer et j'ai l'impression que rien de ce que m'a donné Cody ne fait effet. Pourtant c'est censé être plus fort.

Je vais bientôt devoir trouver autre chose pour combler si ça continue.

Les cours sont longs, j'ai déjà terminé toutes les choses à faire pour le mois qui arrive, je suis juste en attente d'un nouveau travail.

Je passe mon temps du midi au club d'échecs, et mes 3 heures après les cours sont pour le cheerleading.

Ça a du mal à sortir de ma tête. « La nouvelle chef des Devils ». Ça ne peut pas être de moi dont elle parlait. Non c'est impossible. Pourquoi ça le serait? J'ai aucune des capacités requises. En même temps même si je connais pas le cahier des charges, je sais que je n'en coche aucune case.

Je ne connais rien au monde des docs et des gangs. Je ne sais pas me défendre. Pas autant que je l'aurai espéré. Je ne suis personne. Et je ne suis même pas une Devils.

Celui qui devrait prétendre à ce poste devrait être James ou Rita, ou n'importe qui sauf moi. Je n'ai rien à faire la dedans. Je n'ai jamais rien eu à y faire.

Je me balade dans les rayons en rangeant certains ouvrages des soeurs Brontë. L'heure tourne et je garde mon esprit occupé comme je peux. Mais tous les scénarios qui se jouent dans ma tête prennent beaucoup de place.

Il n'y a pas grand monde à la bibliothèque ce soir.
Je suis arrivée en avance et je rentre de nouveau dans les bonnes grâces de Cathy.

—Longue journée West?

Je range quelques autres livres, alors que Cameron me regarde en imitant mes mouvements.

—Arrêtes de faire semblant de m'aider. Être un gentleman ne te va pas bien.

Il se marre puis s'appuie contre l'étagère. Je ne sais pas si j'ai la tête à ça. Enfaite je ne sais pas si j'arriverai à ne pas me donner toute envie d'arrêter en pensant aux Devils. Cameron risque d'être déçu.

—Qu'est-ce qui t'arrives West? Tu tires une de ces gueules depuis que t'es arrivé.

C'est si évident que ça? Pourquoi je n'arrive plus à le cacher?

—Notre accord implicite ne dit-il pas qu'on doit pas s'intéresser à la vie de l'autre?

Il me pince le bras.

—Aï!

Et je peux entendre d'ici Cathy faire son « shhht » habituel.

—Sois pas débile s'il te plaît, tu baisserai dans mon estime.