Bloom T.2

Chapitre 10

Dans la voiture, j'ai rarement été aussi silencieuse. Personne n'a parlé à vrai dire. Jusqu'à arriver au QG.

Je perds pied je le sens. Je suis entrain de perdre pied. Je dois partir.

J'attrape mon sac toujours dans leur silence pesant. Me coeur est entrain d'essayer de me tuer, il est tellement serré que j'ai l'impression qu'il va disparaître. J'arrive pas à croire ce que j'ai vu. J'arrive pas à croire ce qu'il est devenu.

—Quelle merde!

James se penche par dessus le bar avant de lâcher un râle.

—Putain on a même pas de whisky.

Tout le monde s'installe, dans les canapés, sur les sièges, qui n'ont pas bougé de places depuis l'an dernier.

Et moi je suis la, à récupérer mon ensemble de cheerleader encore sur le bar.

—Vous y croyez vous?

J'écoute à peine Sora. Il faut que je trouve quelqu'un pour me ramener. Nan je vais aller chez mon père, Connor me ramènera.

—J'ai du mal.

Torrez appuyé contre l'un des poteaux, semble désespéré. Enfaite ils ont tous l'air désespéré. Mais je m'en fou. Faut que je me tire.

—Tu fais quoi Nora?

Rita me guette, l'air suspicieuse.

—Je bouge.

Les réactions ne tardent pas. Pourquoi ils font les surpris? Je me dirige vers la porte.

—Pardon??

—Tu vas où??

—Super et notre chef se tire encore!

Je m'arrête juste avant de franchir le seuil. Respire Nora. Respire. Je sens que je vais craquer, je peux pas, rester avec eux, je vais finir par retomber tout en bas de la pente.

—J'avais dit une seule nuit.

Sora s'esclaffe.

—Bah on pensait que ça allait te remettre dans le bain!

Olivia a un rire faussement joyeux avant de dire:

—En plus t'assure carrément, nan mais vous avez vu la façon dont elle a fait flippé Ross, ce sale fils de pute.

Et voila que Rita en rajoute une couche:

—On t'a choisi tu peux pas partir Nora.

Et c'est trop. Je me retourne, le doigt inquisiteur. Ne pleure pas. On ne pleure plus Nora. Parce que si un jour ça repart, si un jour, ça recommence, je vais devoir tout recommencer.

Mais ma voix est plus tremblante que je ne le pensais.

—Je ne peux pas partir? Je-ne-peux-pas-partir?! Vous vous foutez de moi?

Il n'y a plus aucun bruit. Tout le monde laisse ma voix résonner. Alors que ça continue de bouillir à l'intérieur.

—J'espère bien que vous vous foutez de moi! Je suis venue! J'ai fait ce que vous m'avez demandé! Je me plie en quatre pour satisfaire tout le monde ici! Sauf moi! Je voulais pas y aller, je voulais pas le voir! Pourtant j'étais là, avec ce putain de tatouage!

Je m'époumone au milieu de la pièce, devant tous leurs yeux vitreux.

J'hausse la voix parce que je suis au bord de l'explosion. Je crie parce que personne n'a plus pensé à moi depuis un an, je crie parce que personne ne s'est soucié de comment j'allais. Je crie parce que aucun d'entre eux ne s'est préoccupé de savoir si je n'allais pas mourir de chagrin. Pourtant dès qu'ils ont eu besoin de quelques choses, ils se sont pointés.