𝐄𝐥𝐥𝐞, qui a tout détruit | ʲᵃʸʷᵒⁿ

⁵

💭

      Après tout, Jay ne s'était pas transformé en une toute autre personne, il était toujours lui à mes yeux, il me raccompagnait après l'école, il passait du temps avec moi, on se voyait les week-ends et pour moi, tout allait bien, et je pensais que pour Jay aussi.

      Il était toujours le petit-ami parfait que mes parents adoraient, il m'offrait des fleurs, m'emmenait au cinéma, prenait soin de moi et me faisait oublier toutes émotions négatives. Mais au fil des semaines, j'ai remarqué des cernes de plus en plus voyant sous ses yeux, il baillait aussi beaucoup. Je lui ai demandé plusieurs fois s'il dormait bien, et il m'a répondu à chaque fois que oui et que c'était simplement les entraînements qui le fatiguaient, mais j'appris bien plus tard que ça faisait déjà un moment qu'il n'y allait plus. Je lui faisais confiance et je ne voyais pas pourquoi il me mentirait.

      Pourtant je ne pouvais pas m'empêcher d'être inquiet quand je le voyais aussi épuisé, comme s'il ne dormait plus. Les nuit où nous dormions ensemble, j'attendais qu'il s'endorme en premier afin d'être sûr qu'il ait un peu de sommeil, mais il devait faire semblant de dormir, pour que je ne m'inquiète pas, ou alors peut-être qu'il se réveillait au milieu de la nuit, je ne l'ai jamais su, je ne le remarquais même pas, car j'étais loin de me douter, qu'il menait une double vie avec quelqu'un d'autre. Quand je me réveillais le matin, il l'était déjà depuis "à peine quelques minutes" me disait-il. Mais je ne suis plus sûr que quoi que ce soit qui sortait de sa bouche durant cette période soit vrai.

      Je lui en veux tellement de ne pas m'avoir fait assez confiance pour m'en parler. Je voyais son état se dégrader de jour en jour, c'était flagrant, ce n'est qu'à cet instant que j'ai commencé à vraiment m'inquiéter. Je me posais un tas de questions, mais je ne savais pas comment aborder le sujet avec Jay. Il essayait de toujours faire bonne figure, mais je voyais que ça devenait de plus en plus dur pour lui et c'est dans ces moments-là que je voulais prendre mon courage à deux mains et lui en parler, mais à chaque fois qu'il me voyait inquiet, il passait vite à un sujet joyeux, pour me faire penser à autre chose, et je me disais donc que ce n'était sans doute rien de grave, que ça pouvait attendre. Si seulement j'avais pu lire en lui aussi bien qu'il lisait en moi, j'aurais su que le temps était compté, et ce depuis bien trop longtemps et qu'il n'y avait plus de quoi attendre.

💭