Ailes (inachevée)

chapitre cinq

Luca et moi avions traversé les rues du village en parlant de tout ce qui n'avait aucun rapport avec le fait que j'allais devenir un Ange. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait tout simplement pas le droit d'en parler avec moi, et que je trouvais qu'il avait déjà assez fait de choses interdites comme ça.

Par choses interdites, je désignais m'avoir embrassée, m'avoir séduite et avoir réussi à obtenir un rôle aussi important dans ma vie en aussi peu de temps.

Nous venions d'atterrir à L'Authentique, quand Luca m'avoua cette chose terrible :

- C'est ici que je travaille, en tout cas.

Je le fusillais du regard.

- Pardon ?

- Eh bien, je suis ici pour les vacances d'été, - soit ton temps d'adaptation - alors je devais bien trouver un passe-temps, qui me permet de gagner de l'argent. On m'a embauché comme guitariste, je vais donner des mini-concerts pour attirer la clientèle. Moi, ça me va, j'adore jouer de la guitare et m'en vanter. Et les deux en même temps, c'est encore mieux !

- Tu veux dire qu'il y avait un poste ici ?

- Ouais, le mec qui travaille ici est super sympa. Bah, tiens, ce n'est pas ton pote ? Tu étais ici, quand je t'ai vue pour... Alex ?

J'entrais dans le café et me postai devant le comptoir, furibonde. Christian leva furtivement son regard vers moi, un air complètement détaché sur le visage.

- Oui, Alex ?

Il ne devait sûrement pas avoir remarqué que j'étais furieuse au moment-même où il me parlait.

- Il y avait un job ici et tu ne me l'as pas proposé ? lâchai-je.

Il écarquilla les yeux, et daigna enfin prêter attention à ma petite personne. Il remarqua la présence de Luca derrière moi, et soupira.

- Alex, tu sais bien que je t'aurais proposé ce job si je le pouvais.

- Alors pourquoi ne pouvais-tu pas ?

Il savait très bien que j'adorais le café, et que j'étais toujours prête à aider ici. Je lui avais demandé une bonne centaine de fois s'il embauchait quelqu'un pour les vacances, à quoi il me répondait toujours qu'il était bien suffisant de n'avoir qu'à payer Louane pour le peu qu'elle faisait.

Il soupira, et marmonna :

- Alex...

- Donne-moi seulement une bonne raison de ne pas m'avoir mise au courant que tu recherchais quelqu'un ? De plus, un musicien.

Inutile de préciser qu'il savait que j'adorais faire de la musique.

- C'est tes parents, avoua-t-il.

- Mes parents, répétai-je.

- Tes parents, oui. Ils m'ont formellement interdit de t'embaucher ici, parce que, pour eux, jouer de la guitare dans un café n'est pas un métier convenable pour leur fille.

Je comprenais parfaitement ce qu'il sous-entendait. Mes parents ne comprenaient pas en quoi faire de la musique était un métier, et étaient opposés à l'idée que j'aie un quelconque lien avec ce milieu.

- Et tu sais très bien que je respecte tes parents, et que je ne vais sûrement pas aller contre leur volonté.

- Oui, oui...

Puis ils m'avaient aussi fortement déconseillée d'aller travailler dans ce café. Premièrement parce que mon meilleur ami y travaillait, alors d'après eux, je n'aurais pas été capable de me concentrer - ce qui n'était pas absolument faux - et deuxièmement parce qu'il était hors de question que je travaille dans le domaine de la restauration ou de la musique.