chapitre dix-sept

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Ça faisait une heure que j'étais sous le saule pleureur près du lac. Je m'étais vidée la tête en jouant de la guitare, à m'en faire saigner les doigts. A force de ne plus en jouer, j'avais perdu mes cornes sur les doigts.

Et maintenant que j'étais à nouveau immobile, appuyée contre le tronc de l'arbre, je repensais à tout ce qui m'était arrivé.

Tout ça était incroyable. Je vivais un rêve éveillé. Et j'aurais tellement aimé que tout ça ne soit qu'un rêve.

Ma mère m'avait envoyé un message pour savoir où j'étais. Je lui répondais que j'étais à l'Authentique. Elle n'irait pas vérifier ; elle ne l'avait jamais fait. Je me demandais comment je vivrai, après avoir passé l'Initiation, avec mes parents. Allaient-ils continuer à prendre soin de moi ou tout redeviendrait normal ? De toute façon, s'ils comptaient rattraper le temps perdu avec moi, ils perdaient leur temps.

Puis cette histoire avec les garçons... Tous m'agaçaient. Adrian, Christian, Luca. Tous sans exception, pour les choses qu'ils ne me disaient pas. Ce n'était même pas pour ça que je leur en voulais : c'était parce que ces choses-la me concernaient.

Ça allait être simple, plus jamais je ne voulais les revoir.

Plus jamais.

J'entendis quelqu'un arriver. Je levai la tête, et Luca souleva les branches du saule. Ses yeux bleus me transpercèrent. Il me sourit timidement.

C'était à s'en méprendre : on se serait cru des jours plus tôt, juste après notre première rencontre.

Alors il fit comme tel. Il me regardait, longtemps. Et je faisais de même. Puis il me dit :

- Alex, tu pourras penser tout ce que tu veux de moi, je suis et resterai toujours amoureux de toi. Personne ne pourra m'en empêcher, même pas toi.

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Je voulais te le dire.

Il alla s'assoir à côté de moi, balada son regard sur les branches du saule, jusqu'à moi, et me sourit.

- Et j'étais sûre de te trouver ici.

- Tu ne pourrais pas me laisser tranquille ? Juste une journée ? le suppliai-je.

- Je pourrais. Mais tu n'es pas bien, c'est aussi clair que de l'eau de roche. Alors d'abord, tu me dis ce qu'il se passe, et après je te laisse tranquille. Deal ?

Il me tendit la main, en attendant que je la lui sers. Je le considérais. Il me souriait, les yeux bleus rieurs. Ses lèvres soudées que je rêvais d'embrasser.

Il était si beau. Si beau et avait l'air si sincère.

Je soupirai, et serrai sa main.

- Tu me jures de me laisser tranquille ensuite ?

- Tu as ma parole, me promit-il.

Alors, je lui racontais qu'ils m'exaspéraient. Tous. Que je voyais bien qu'il me cachait quelque chose, pareil pour Christian. Et pour Adrian, je lui disais juste qu'il m'agaçait avec les histoires du Conseil.

- Mais qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? C'est normal de cacher des choses aux gens ; et pour Adrian, c'est normal aussi qu'il te parle de magie, c'est ton tuteur.

- Je m'en fiche moi de la magie. Et c'est toi et Christian qui me faites le plus souffrir dans cette histoire.

- Je te fais souffrir ? dit
t-il en un murmure, presque inaudible.

- Oui. Je vois bien que vous me cachez des choses, tous les deux, qui me concernent, et ça me rend folle parce que Christian ne m'a jamais caché autant de choses.

Ailes (inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant