chapitre douze

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- Ce n'est vraiment pas sympa de vous moquer de moi.

Mes mains, engluées de pâte, cherchaient désespérément à se débarrasser du mélange immangeable de farine, d'eau, de sel et d'ingrédients non identifiés que j'avais ajouté au fil du temps passé dans cette cuisine depuis deux heures déjà.

La cuisine de l'Authentique faisait au moins la taille de ma chambre. J'y passais plus de temps à manger et à goûter les plats que Christian cuisinait, mais je n'allais que très rarement aux fourneaux. La raison était indéniablement simple lorsqu'on me regardait cuisiner : j'étais nulle en cuisine.

- Écoute, on va jeter ça, parce que là, il n'y a plus aucun espoir de sauver cette chose, rit Christian en s'approchant de moi.

Il prit la chose entre ses mains et se dirigeait vers la grande poubelle. Je me tournais vers Adrian, qui se retenait de rire.

- J'aimerais bien t'y voir, toi, lançais-je sur un air de défi.

Il levait les mains, signe qu'il se rendait.

- Oh crois-moi, je suis très mauvais cuisinier. Meilleur que toi, ça c'est sûr, mais très mauvais.

Je roulai des yeux tandis qu'il riait.

- Ce n'est pas un exploit d'entre meilleur que moi en cuisine, aussi.

- Ce serait même un exploit d'être pire que toi, ajouta Christian. En revanche tu es une très bonne serveuse, alors je t'invite à passer dans la salle.

- Si ça ne te dérange pas, je vais d'abord aux toilettes pour me débarbouiller.

Je ne savais vraiment pas pourquoi, mais j'avais un peu de chose sur le visage.

- Pas de problème, dit-il en riant.

Adrian me suivit pour ouvrir la porte, afin que je ne puisse pas salir la poignée. J'ouvris le robinet et me lavais les mains, puis levais la tête vers le miroir pour admirer mon visage, qui ne ressemblait plus tellement à un visage, justement.

- Je suis vraiment pitoyable, lâchai-je.

- Mais non, je suis certain que tu arriveras un jour à cuire un œuf. Ce n'est vraiment pas compliqué, tu verras.

Je souris et regardais Adrian à travers le reflet du miroir. Il s'était adossé contre la porte qui restait ouverte et me regardait m'affairer en souriant, mains dans les poches.

- Il y a très peu de chance tout de même, riais-je en enlevant mon tablier. Oh, mais regarde-moi ça ! Il y a plus de pâte sur moi que dans la poubelle, c'est vraiment abusé !

Il s'approcha de moi et prit le tablier.

- Ça n'a rien à voir avec le fait que tu sois mauvaise cuisinière. Ça, c'est juste parce que tu es désordonnée.

- C'est méchant, lâchai-je en riant.

Je passais un rapide filet d'eau sur mon visage et mes bras, puis enlevai l'élastique qui gardait mes cheveux attachés pour qu'ils redescendent sur mes épaules. Ils ressemblaient à la crinière d'un lion, c'était assez risible. Mais Adrian ne riait pas, il me regardait juste, sourcils froncés.

- Qu'y a-t-il ? demandai-je en arrangeant mes cheveux.

- Tu as...

Il tendit la main vers mon visage, coinça des cheveux derrière mon oreille et frotta légèrement celle-ci à l'aide de son pouce. Je le laissais faire, sentant le rouge me monter aux joues.

Ailes (inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant