La griffe de la panthère noire

La poursuite du chien

L'empreinte sur le sable avait visiblement rendu le yakuza à cran. D'un pas ferme, il repartit vers la voiture garée non-loin de là, les muscles de son corps tendus comme des cordes d'acier.

Queue-de-cheval lança un regard désapprobateur à Ken qui baisa les yeux, comme si il assumait les fautes de ce qui venait de se passer. Lilith tentait de suivre leur échange silencieux, les autres hommes évitaient de s'approcher, abordant le même air dédaigneux que leur patron. Ils se mirent à inspecter les alentours, suivre les traces des pieds sur le sable, examiner tout ce qui pouvait leur donner des indices sur ce qui s'était passé.

Lilith se sentait aussi noyée qu'un crapaud. Elle s'accroupit sous un arbre et tenta de remettre en place ce qui leur était arrivé.

Ken et son cousin avaient été enlevés.

Une nouvelle voiture arriva, Kana descendit. Ses yeux percèrent l'adolescente qui sentit le sang couler de ses veines. Elle savait bien le spectacle qu'elle offrait, mais tenta de se montrer brave. Le regard de Kana se porta sur le boss qui discutait au téléphone, à voix base, chaque mouvement de ses lèvres trahissait la colère qui l'animait. Elle s'approcha de lui, lui murmura quelque chose  avant de passer sa main dans ses cheveux humides.

Le visage du yakuza s'assombrit comme le ciel dans une nuit d'orage. La jeune femme recula de deux pas comme si elle avait été électrocutée, son teint perdit de son éclat, son corps se tordit puis elle s'inclina.

- Je n'ai pas réfléchi, quand ils m'ont dit qu'il y avait peut-être une noyade...pardonnez mon imprudence...

Cela ne calma en rien son interlocuteur.

- Apprends à tenir ta place, Kana san, éructa-t-il 

C'était mal de se réjouir de la misère des autres, mais en ce moment, Lilith ne pu manquer de se sourire à Kana. Celle-ci releva la tête, ses jolies lèvres rouges esquissèrent une grimace acide;

- Va te changer, petite fille, tu ne veux pas attirer davantage la honte sur la famille

- Peut-être que je vais rester comme ça, rétorqua l'adolescente. Personne ne s'est plaint jusqu'à maintenant

Kana sembla hésiter, sans doute craignait-elle que Lilith met à exécution son projet. Elle ignorait que Lilith mourait de se retrouver enveloppée sous trois couches de vêtements, quelque part perdue dans les accueillantes cavernes africaines. 

Les hommes revinrent avec quelque chose dans leurs mains. Le boss examina ce qui ressemblait à des morceaux de tissus déchirés.

Ken poussa l'adolescente vers une Ferrari grise où Queue-de-cheval prit le volant. Le beau brun s'assit dans le siège conducteur, ce qui ne laissa pas de choix à Lilith d'aller dans la banquette arrière. Elle regarda de loin les hommes recevoir des instructions du boss avant de repartir avec la voiture de Ren.

A son grand désarroi, le yakuza les rejoignit et prit place à coté d'elle laissant Kana plantée là.  La jeune femme les regardait, aussi immobile que le belle Nefertiti dans son enveloppe momifiée, comme si la réalité devant elle était difficile à assimiler. 

Lilith la comprenait bien : Le yakuza lui donnait vraiment des bouffées de chaleur. Ses yeux éclataient comme les flammes de l'enfer, des gouttes coulaient encore sur son magnifique visage de jade, il refusait de se changer, trop pressé à quitter les lieux. Elle essaya de se rendre invisible, se cachant dans un coin de la banquette, tremblant d'angoisse. Elle fut soulagée qu'il ne lui adressa pas une seule fois la parole, ne la questionna pas, elle n'existait par pour lui, elle se sentait aussi importante qu'un cactus à la plage. 

Toute sa verbe était dirigée vers Ken.

- La faute n'est pas acceptable, Ken san

La condamnation dans sa voix fit ne fit pas fléchir le bel homme.