En relevant la tête, Erwin vit son cadet avec la batte de base-ball dans les mains. Le coup n'avait pas été très violent, plutôt semblable à une gifle.
- Puisque je ne peux pas t'en mettre une... Je me servirai de ça pour le faire.
Le coin de sa lèvre saignait et sa joue le lançait, mais il était soulagé plus qu'autre chose de ne pas avoir été en contact direct avec lui. Le jeune reposa la batte pour amener de quoi le soigner, toujours énervé. Il s'accroupit devant Erwin, un coton dans la main pour éponger le sang et le désinfecter. Celui-ci grimaça, voyant bien que ce geste était à contrecœur.
- Je peux le faire tout seul.
Son cadet ne dit rien, concentré à le soigner correctement tandis qu'il lui collait de la glace contre la joue pour atténuer la douleur. Erwin prit le relais, tenant le sac froid en silence. Un silence assez pesant, où l'on pouvait ressentir la colère de son agresseur, mais aussi sa déception. Il n'osa rien dire, pas même des excuses ou un soupir. C'était peut-être mieux pour le moment.
La nuit tombée, assis à son bureau, l'adolescent travaillait sous le regard de son colocataire de chambre. Erwin était sur son matelas toujours au sol, mais cette fois-ci à l'opposé du lit de son cadet, qui ne voulait même pas qu'il l'approche. Cependant en voyant l'heure tardive, il décida de prendre la parole.
- Tu devrais aller dormir et arrêter de travailler, il est tard.
Aucune réponse. Il retenta sa chance.
- Je suis sérieux, tu devrais te reposer. Tu vas les réussir, ces examens.
À nouveau, aucune réponse. Pour autant il ne baissa pas les bras, confortablement allongé dans sa couette à le fixer. Au fil des années, il avait finit par se rendre compte que les études avaient pris trop de place dans sa vie ; qu'il avait manqué de belles occasions pour se créer plus de souvenirs. Il ne voulait pas laisser ce Erwin la faire les mêmes erreurs.
- Je sais ce que tu penses. Que chaque seconde où tu ne travailles pas, c'est du temps que tu pourrais regretter. Où tu te diras : "Si j'avais su, j'aurais révisé à ce moment là au lieu de faire ça". Mais-
Il fut coupé par son cadet qui reposa violemment son stylo contre le bureau. Les paroles d'Erwin semblaient avoir touché une partie sensible de son cœur.
- Non tu ne sais pas. C'est facile pour toi de dire ça, c'est du passé maintenant.
- C'est pour ça que je ne veux pas que tu commette les mêmes erreurs que moi.
- Tu es là pour sauver Livaï ou pour supprimer tes regrets ? Tu ferais mieux de dormir et de t'occuper de tes affaires.
Dans un soupir Erwin mit les bras sous sa tête pour fixer le plafond, un nœud au ventre. Ce qu'il avait voulu faire cet après-midi le hantait et il réalisait à quel point il avait dépassé les bornes. Après plusieurs minutes de silence, il déclara :
- Je suis désolé.
- Je sais.
Puis, de nouveau, le silence.
- Je suis sincère, je suis désolé. Je sais pas ce qu'il m'a pris, je n'aurais jamais dû faire ça. J'ai pensé que... Je pouvais vivre comme avant.
- Mais ce n'est plus ta vie ici, c'est la mienne. Et Livaï est mon copain.
Le plus vieux sortit de sa rêverie et se redressa sur les coudes pour regarder l'adolescent qui était dos à lui, assis sur sa chaise de bureau.
- Oui tu as raison. Je ne recommencerai plus.
- J'y veillerai.
En baissant le regard il aperçu la batte de base-ball contre le pieds du bureau. Il déglutit puis laissa sa tête reposer contre l'oreiller. Le sommeil ne le trouva pas et il ne vint pas non plus le chercher, attendant que le plus jeune aille se coucher. Minuit était passé et la lumière du bureau était encore allumée, alors il décida de jeter un coup d'œil. Le jeune blond avait la tête dans les bras, sur ses feuilles éparpillées, complètement endormi. Alors il chuchota :
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15 ans plus tôt [Eruri]
FanficLivaï fut victime d'un grave accident en montagne étant jeune, lui privant définitivement de ses jambes. Erwin s'occupait de lui au quotidien et voir son mari malheureux était un supplice qui le faisait sentir impuissant. Mais une rencontre presque...