9/ Double jeu

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Réunis dans la salle de bain, Erwin grimaçait de douleur lorsque Livaï lui faisait faire des mouvements circulaires avec son épaule.

— Sur une échelle de un à dix, tu as mal comment ?

— Je dirais six. Mais ça va passer, je t'assure.

— Ah, t'es médecin ?

Le silence qui s'en suivit répondait de lui-même. Mike lui appliqua une poche de glace suivit d'une tape dans le dos, maladroite et trop violente pour être indolore.

— Tu veux m'achever ? articula Erwin entre deux plaintes.

Dans la cuisine, l'odeur de chocolat chaud se mêlait à celle des guimauves. Moblit et Nanaba installaient un ensemble des petites collations réconfortantes. Hanji, de son côté, ouvrait et fermait les tiroirs du salon. À chaque fois, un soupir déçu traversait ses lèvres.

— Qu'est-ce que tu cherches ? demanda Moblit.

— Les albums souvenirs d'Erwin. Je veux le voir quand il était bébé et montrer ça à Livaï !

Erwin arriva à ce moment là. Les albums prenaient la poussière dans le grenier, il n'en fallut pas plus pour qu'il s'y rende. À peine fut-il monté que sa tête heurta la poutre à son arrivée. Il se massa le crâne, vite rattrapé par cette obscurité renforcée par la bassesse du plafond. Cet endroit lui était familier. La vision de tout à l'heure... Un hoquet de surprise franchit ses lèvres, puis son cœur manqua l'arrêt lorsque son cadet sortit la tête.

— Ah, te voilà. Échangeons maintenant ou ça risque de mal finir, déclara l'adolescent en retirant son vêtement.

L'aîné le rejoint derrière le vieux meuble, d'abord irrité, puis se souvenant qu'il n'en avait pas le droit. Son cadet avait raison, mais les choses se passaient telles qu'il les avaient vues.

— On ne peut pas échanger tout de suite. Livaï nous surprendra.

— Tu as eu une vision ?

— Oui. On doit faire vite et rester cachés.

Ils se déshabillèrent en un temps record pour s'échanger les vêtements. Les escaliers grinçèrent sous le poids de Livaï dont l'inquiétude l'avait conduit jusqu'ici. Avec son épaule abîmée, Erwin aurait sûrement besoin d'aide. Son ombre avançait dangereusement, le meuble n'était pas assez haut pour cacher les deux blonds convenablement.

— C'est trop tard... murmura l'aîné.

La chevelure de Livaï apparaissait clairement lorsque son téléphone sonna. C'était Kenny. Il bougonna, stoppé dans sa montée mais décrocha :

— Quoi ?... Ouais, et ? Comment ?? J'arrive.

L'effet de cet appel fut immédiat. Le brun descendit les escaliers à une allure qu'Erwin ne lui connaissait pas. Quelque chose de grave était-il arrivé ? Sur le moment, un soupir soulagé franchit ses lèvres. Son cadet se laissa glisser contre le meuble, les jambes flageolantes.

— J'ai cru que c'était terminé...

— Moi aussi. Mon cœur bat si vite.

— Tout ça c'est de ta faute. Si tu arrêtais d'être aussi avide, on n'en serait pas là.

L'adolescent se leva, enfila son haut à la hâte, agacé. Erwin se sentit coupable lorsqu'il réalisa les risques inutiles qu'il avait entrepris.

— Excuse-moi, je n'aurais pas dû te demander ça hier soir... C'était idiot. Ça ne se reproduira plus.

— Bien sûr, car tu vas gentiment rentrer chez papi et mamie sans plus jamais en sortir. C'est compris ?

L'aîné voulut répliquer mais aucun son ne sortit, encore moins sous le regard sévère de son cadet. Qui était l'adulte entre les deux ? C'était à se demander. 
L'adolescent prit son manque de réponse comme un oui. Il partit avec l'album photo après qu'Erwin l'ait tenu au courant. L'odeur de chocolat chaud le réchauffa de suite.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 04 ⏰

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15 ans plus tôt [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant