6/ Échappée belle

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Après quelques minutes à n'en plus finir, Erwin put sortir de la couette en inspirant une grande bouffée. Encore perturbé par sa vision, la main sur le cœur, il reprit ses esprits comme il le pouvait.

- Ça va ? s'inquiéta le plus jeune.

Il n'obtint aucune réponse, de quoi l'inquiéter davantage. Le visage encore terrifié d'Erwin le dissuadait d'insister.

- Je vais mourir... finit-il par murmurer.

- Respire calmement, ça va aller. Tu ne vas pas mourir pour ça, je t'assure, ajouta l'adolescent en ricanant.

Mais son sourire s'effaça aussitôt qu'il croisa le regard déconnecté et terrorisé de son aîné. Un frisson parcourut même sa colonne dans un silence glaçant.

- J'ai eu une vision, articula son aîné. Livaï a découvert mon identité... La 1ère règle a été enfreinte et le bonbon a commencé à diffuser son poison...

Il lui expliqua en détail ce qu'il avait vu, où il était et la raison pour laquelle Livaï était tombé sur lui par hasard.
Ils passèrent alors au peigne fin la surface sous le lit pour ramasser toutes les cartes sans en oublier une seule.

- Peut-être que c'était ce qu'il voulait ramasser ? reprit l'adolescent en ramassant la dernière carte.

- Mais est-ce suffisant pour empêcher ce qu'il va se passer ? Peut-être que je devrais trouver une autre cachette. On ne peut pas virer ces cartons de l'armoire ?

- Je ne crois pas, non. J'ai demandé à maman et elle a dit qu'on avait pas d'autre place pour le moment mais qu'elle allait chercher un autre endroit si ça me dérangeait.

Il ne leur restait plus qu'à espérer que tout se passe bien.

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~Mercredi 2 février 2022~


Une fois rentré du lycée, vers midi, le plus jeune monta précipitamment les escaliers.

- Je crois que c'est aujourd'hui, lança-t-il sans même un bonjour.

Cette annonce glaça le sang d'Erwin jusqu'aux os. Il reposa son livre.

- Quand ? Ce soir ?

- Cet après-midi. Livaï a dit qu'il voulait passer à la maison pour qu'on puisse discuter. Je n'ai pas refusé parce que ça allait compliquer les choses entre nous et je n'en ai pas envie.

- Tu as bien fait, on va juste faire ce qu'il faut.

Puis, quelque chose titilla le plus âgé.

- Mais alors si c'est aujourd'hui, je peux très bien me cacher ailleurs dans la maison ? Nos parents sont pas là, je n'ai pas besoin de me cacher sous le lit.

Au même moment, ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir. Ils échangèrent un regard, tout deux dans l'incompréhension. L'adolescent descendit voir ses parents qui, selon eux, avaient pris leur après-midi. Erwin remonta dans sa chambre pour en informer son aîné. La panique les prit tout les deux dans un silence mortuaire.

Ce n'est qu'en début d'après-midi que Livaï arriva, chaleureusement accueilli par Mme Smith. Elle le laissa aller à l'étage, en pleine préparation d'une pâte à cookie.

- Tu es sûr qu'il n'y a pas d'autres solutions? Et la salle de bain ? chuchotait le voyageur.

- Livaï va te voir. Ça nous obligera à échanger les rôles, ce n'est pas une bonne idée.

- Alors je n'ai qu'à aller dans le jardin, je peux passer par-, il se tut en jetant un coup œil par la fenêtre, apercevant son père en train de tailler les haies.

C'est à contrecœur qu'il se glissa sous le lit juste avant que la porte ne s'ouvre. Il n'y avait aucune raison pour que Livaï le trouve puisque la carte avait été ramassée. Pourtant, il eut un mauvais pressentiment.

Erwin accueillit Livaï avec une certaine appréhension. Leur désaccord ne pouvait pas durer, d'autant plus qu'il n'avait pas voulu le virer de chez lui.
Ils s'expliquèrent tout les deux, Erwin principalement, qui lui présentait ses excuses. De son côté, Livaï était plus patient que d'habitude, aussi plus mâture. C'était en tout cas l'impression qu'il donnait.

Le conflit arrangé, Erwin lui proposa d'apporter le goûter. Livaï l'attendit sans bouger jusqu'à ce qu'il aperçoive un jeu de carte sur le bureau. Il ramena la boîte sur le lit et en sortit les cartes pour préparer la partie. L'une d'elles tomba sous le lit, le faisant soupirer.

L'aîné, caché sous le lit, ne sentait plus aucun membres de son corps tant il était tétanisé. La peur prit possession de lui, incapable de réfléchir. "Je vais mourir" pensait-il, "C'en ai fini de moi, je vais vraiment mourir sans avoir pu sauver notre couple". Il se sentait impuissant, incapable d'échapper à son destin. Quand Livaï s'agenouille pour récupérer la carte, il ne vit d'abord que sa main tâter le sol. Puis, ne la trouvant pas, le brun pencha la tête sous le lit pour y voir plus clair. À ce moment précis, Erwin croisa le regard de Livaï, pétrifié. L'un comme l'autre, ils étaient surpris de se voir. Pourtant, Livaï fit mine de n'avoir rien vu et ramassa la carte comme si de rien n'était. Il s'assied sur le lit au moment où l'adolescent revenait avec un plateau dans les mains.

L'aîné, lui, était sous le choc. Sa capacité de réflexion n'était plus opérationnelle, son corps non plus. Il s'attendait à mourir ici, d'un arrêt cardiaque, mais rien ne se passait. Tout allait bien, son cœur allait bien. Sa respiration était régulière, rien à signaler. Sur le coup, il ne comprenait pas. La première règle avait été enfreinte, alors pourquoi ? Quelque chose n'allait pas.

Livaï était resté dîner, au plus grand plaisir de l'adolescent. Il venait de partir avec les Smith qui le ramenaient.
Les deux Erwin pouvaient discuter dans la chambre sans être dérangé.

- Je suis content que tout ce soit arrangé, et surtout que tu sois en vie, soupirait l'adolescent.

Celui-ci venait pour un câlin, les bras ouverts, mais Erwin reculait.

- On ne peut pas se toucher, tu as oublié ? dit-il en prenant la batte pour la mettre entre lui et son cadet. Je n'ai pas échappé à la mort pour mourir dans tes bras.

L'adolescent sourit, bien qu'embarrassé de s'être laissé emporter. Il s'était attaché bien vite à son aîné, qu'il considérait comme un grand frère. Étant fils unique, il avait l'habitude d'être seul et autonome, de faire sa vie de son côté. Mais depuis l'arrivée de son colocataire, c'était comme si il avait un frère à ses côtés. Ils partageaient la même chambre, avaient des disputes mais s'amusaient ensemble. Le soir, avant de dormir, ils discutaient de sujets sérieux, leur permettant de se confier l'un à l'autre. Mais parfois, il arrivait qu'ils rigolent durant plusieurs minutes, au point qu'ils n'arrivaient plus à respirer. C'était comme une bouffée d'air frais pour lui, qui travaillait tout le temps.

- Bon, allons dormir, proposa l'aîné en reposant la batte.

Si sa théorie était bonne, il valait mieux ne pas parler de ce qu'il s'était passé cet après-midi. Mais c'était bien trop irréaliste pour lui. La coïncidence serait si grande... Il arrêta d'y penser et prépara son matelas. L'adolescent partit se brosser les dents, quand une idée lui traversa l'esprit.

- Dis, Erwin ? Tu sais qu'on part samedi ? Comment tu vas faire pour t'y rendre ?

Le concerné s'arrêta net dans son activité, n'ayant pas encore réfléchit à la question. Il fallait désormais trouver une solution.

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Vous avez une hypothèse sur la raison pour laquelle Erwin a survécu ? Vous avez deviné son hypothèse à lui ?

De plus, un personnage a menti dans cette histoire...

Je vous laisse sur ces indices pour la suite !

15 ans plus tôt [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant