Chapitre 10

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Chapitre 10


Le lendemain, le lycée c'est l'enfer. A peine je pose un pied -j'ai décidé d'y aller à l'ancienne ; en bus, que tout le monde se met à m'insulter. Certains essaient de me barrer la route et de me pousser dans un coin. Je sens une peur froide s'immiscer sous ma peau. Mais vous savez ce qui coule dans mes veines aussi ? Mon pouvoir. Ma mutation. Ma meilleure arme. Mais aujourd'hui, j'aimerai disparaître. Ne plus être moi et tomber au fond de l'océan. 

Assez vite, une main m'empoigne. Paniquée, je me retourne et m'apprête à repousser la personne quand mes yeux rencontre ceux de Riley. Kyle n'est pas loin et ensembles ils me traînent jusqu'à notre salle d'histoire. Les autres élèves tentent de nous suivre mais ils ferment la porte avant, nous barricadant. Le temps de reprendre mon souffle, la foule s'est un peu dispersée et ils ont arrêté de taper sur la porte. 

"Bordel de merde, on devrait postuler pour être gardes du corps à temps plein." blague Kyle. Sa touche d'humour fait mouche sur moi car je sens son pou trop rapide, je vois la sueur s'accumuler sous ses aisselles. Riley s'approche de moi et je sursaute. 

"Ca va aller. Les cours vont commencer et ils vont s'en aller." 

Je sais qu'elle essaie quelque part de me rassurer mais je sais exactement ce qu'il se passe dans leurs têtes. Exactement. Ce. Qu'ils. Pensent. Je sens leurs esprits échauffés par la haine prêts à exploser à tout moment. 

"Je veux pas paraître ingrate, mais t'en sais absolument rien." J'ai le souffle court. J'ai l'impression de me noyer, d'être de retour dans l'océan mais d'avoir perdu le contrôle. De ne plus être maîtresse de la tempête et d'être en train de la laisser m'emporter. Petit à petit, je sens que mon pouvoir glisse sous mon emprise. 

"Vous devriez... Vous devriez partir." Je marmonne, sentant la crise monter de tous les côtés. "Vous devez vous en aller." Je répète en captant les yeux de Riley. "Tout de suite." 

Elle voit mes yeux changer lentement de couleur, passant de leur marron à un bleu plus foncé. 

"Ca va aller ?" demande Kyle en entre ouvrant la porte. 

"Ouais." Je lâche après une seconde. "Allez vous en." Et je rajoute, juste avant que Riley ne disparaisse. "Merci."

J'aperçois son sourire avant que la fumée bleue ne prenne totalement le contrôle de mon corps. Ma tête se met à tourner, peut-être littéralement, j'en sais rien. La pièce se remplie de mes éclairs et, très vite, il se met à pleuvoir. Mais, en plus de la pluie, des morceaux du parquet commencent à se décrocher lentement. J'essaie de respirer le plus calmement possible mais tout à coup ma vision lâche. Je ne vois plus rien. Tout est noir. Pas de panique quoi. 

Bordel de merde de bordel de PUTAIN DE MERDE. 

Je sens que je panique encore plus, ma respiration est complètement erratique. En plus de ne plus voir, je sens que mon corps décolle. Je ne touche plus le sol. Là, je pense que disparaître ne suffirait même pas à arrêter cette folie. Suis-je en train de devenir folle ? Peut-être. C'est certain. Autant de puissance contenue dans le corps d'une même personne ne peut qu'amener à la folie. Alors que je pense que je vais faire exploser le lycée, j'entends une voix.

Alin. Alin. Alin.

Là, je suis vraiment en train de devenir complètement folle. 

Alin, c'est moi.

Professeur ? 

Alin, laisse moi entrer. Je peux t'aider.

Non, malgré le fait que je suis à deux doigts de tout faire péter, je refuse toujours d'avoir tord. Le Professeur ne sait pas que mes pouvoirs sont... Ce qu'ils sont. Et que je suis ce que je suis. Toujours aveugle, je sens que le plafond commence à s'effriter. Mes barrières mentales ne tiennent qu'à un fil et, non sans savoir que je vais le regretter, je les laisse tomber. 

Pour la première fois depuis longtemps, mon esprit n'est plus protégé des intrusions. Je sens, presque immédiatement, le Professeur y entrer. Petit à petit, la folie autour de moi se calme. Je sens qu'une paix est en train de s'emparer de mon cerveau. Mon pouvoir, dont j'ai complètement perdu le contrôle, revient à moi. Mais j'ai aussi al désagréable impression que ce n'est pas grâce à moi. Que, quelque part, on me le rend. Je sais que c'est le Professeur et sa propre mutation qui me permet de retomber doucement sur le sol, néanmoins j'apprends très vite à détester la sensation d'une présence étrangère dans mon cerveau. 

En même temps, qui aime avoir quelqu'un d'autre dans sa tête ? 

Je ne suis pas dans ta tête Alin. Mais dans ton esprit.

C'est la même chose, Prof

Je le sens lever les yeux au ciel. Mais bordel, qu'est-ce que j'ai hâte qu'il sorte de mon esprit. Ma vision revient doucement et je réalise que je suis prostrée au sol dans un coin de la pièce. Evidemment, tout est en morceau. Les bureaux sont renversés et la plupart à moitié carbonisés. Les fenêtres, dieu merci n'ont pas explosé, sont noircies comme si une explosion avait eu lieu -ce qui n'est pas faux. Je jette un coup d'oeil à mes vêtements et vois que, eux non plus, n'ont pas été épargnés. Ma veste -empruntée à Logan sans aucun doute car elle m'allait parfaitement bien- est brûlée aux bout des manches et la fermeture éclair à fondue. Pareil pour mon pantalon et mes chaussures ; tout à fondu sur mon corps et je sens que je pue la chair brûlée. 

Bordel de merde de bordel de merde.

Alin, ton langage.

"Merde." je chuchote. Ma voix semble lointaine, inconnue. Je me relève, étonnée de voir que je tiens sur mes jambes. Je ferme les yeux une demi-seconde, les réouvre et tends mes mains devant moi. Mes doigts bougent tels des danseurs et la pièce revient à la normale. Ma fumée bleue semble sous mon contrôle mais je sais que le Professeur y est pour quelque chose. Ce qui m'énerve énormément, moi qui ai toujours pu cachée mon problème de contrôle. Je regarde la salle d'histoire et, plutôt fière d'avoir tout réparé, je m'en vais. 

Rentre à l'Institut, Alin, je peux t'aider.

Je souffle et lève les yeux au ciel. Je sens que cette connexion va me casser les couilles assez rapidement. 

Langage.

"Arrêtez et sortez de ma tête." Je dis aussi fermement que possible. J'essaie de remettre mes barrières en place mais je sens que je suis faible. Bordel. Je risque de passer la tête dans le couloir en entre ouvrant la porte. Personne. Enfin un peu de paix, je pense. 

Malheureusement, et sans surprise, j'avais tord. Je parcours les couloirs vides du lycée en pensant que je vais pouvoir m'éclipser tranquillement lorsque, au détour d'un couloir, je tombe sur une masse d'élèves. Grâce aux barrières appliquées dans mon esprit par le Professeur, leurs pensées ne résonnent pas tant que ça dans ma tête. L'absence écrasante de leurs pensées ne me permet donc pas de comprendre le pourquoi de cette micro assemblée. Ce n'est que quand je m'approche assez, bousculant quelques personnes au passage que je comprends. Riley et Kyle sont là, ce qui m'inquiète plus que ça me rassure. Je plisse les yeux pour lire ce que des dizaines d'affiches semblent hurler en police 54. 

        PLUS DE MILLE MORTS LORS D'UN ATTENTAT A L'AMBASSADE DE FRANCE A WASHINGTON :

DES REVENDICATIONS D'EXTREME DROITE DE LA PART DES ATTAQUANTS,

UNE NOUVELLE MONTEE DE L'EXTREMISME MUTANT ?

Evidemment, tous les journaux affichent une photo de mon père dans son costume ridicule. Mais certains se sont renouvelés et affichent plutôt ma gueule en première page. 

SU-PER. A présent, je suis vue comme l'ennemie numéro 1 -ou numéro 2 selon les partis politiques des journaux. Riley croise brièvement mon regard et hoche imperceptiblement la tête. 

Je quitte la salle sans attendre plus longtemps. 



*La chanson est TRRST de IC3PEAK

Avengers'SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant