Chapitre 9

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Chapitre 9


Lorsque je rentre à l'Institut, je suis complètement gelée. Je peine à me téléporter dans ma chambre. C'est comme si mon pouvoir s'était éteint pendant ma crise dans l'océan. Je le sens toujours, mais c'est comme s'il était plus loin. A chaque fois que je tends ma main vers, lui pour l'utiliser, il s'éloigne un peu plus. La fatigue me tombe dessus à la seconde où ma tête touche mon oreiller. Je sombre dans un sommeil sans rêve. J'ai l'impression de tomber à l'infini dans un trou noir. Au bout de quelques minutes, c'est le silence dans mon esprit. J'apprécie cette paix et puis, plus rien.


Le lendemain, je me réveille au son de mon réveil. A peine le temps de m'asseoir qu'une terrible migraine me frappe. C'est comme si des centaines de personnes étaient en train d'hurler dans ma tête. Je me retourne pour demander à Kitty de m'apporter une aspirine mais je vois que son lit est vide. A contrecœur, je me lève. Immédiatement, ma vision se remplie de points noirs plus ou moins gros. Je sens mon corps tanguer, suis-je sur un bateau ? Non, j'ai juste des gens qui HURLENT dans ma tête. Sachant que la salle de bain n'a aucune pharmacie, je m'arme de tout mon courage et me prépare à descendre les escaliers. Je suis à deux doigts d'ouvrir la porte lorsque Kitty entre.

"Alin, ça va ?" 

"Nickel." je murmure. Parler amplifie mon mal de tête et je décide de ne plus ouvrir la bouche. 

"Les autres télépathes sont dans le même état." elle ajoute en chuchotant, ce dont je lui est très reconnaissante car je sens ma tête à deux doigts d'exploser. "Suis moi." J'accepte sa amin tendue. Elle a du emprunter des gants à Malicia car je ne sens aucun contact entre sa peau et la mienne. Je la remercie silencieusement et la laisse me guider en dehors de notre chambre et jusqu'à l'ascenseur. "Ferme les yeux ; les lumières sont hyper fortes."

Je fais comme elle me conseille et en une seconde je ne suis plus là. Les paupières closes, je vois des images qui ne m'appartiennent pas. Je suis témoin d'évènements auxquels je n'ai pas assisté. Je vois un bâtiment exploser, des gens en sortir la peau en feu. Des cris. Des hurlements. Des pleurs. Du sang. La mort, partout. 

Je réouvre les yeux à bout de souffle. Un seul regard échangé avec Kitty et elle comprend. Je réalise que je ne suis plus à mon étage mais proche du labo. J'entends d'autres voix, toutes chuchotent. Je sens la présence d'une dizaine d'autres personnes. La moitié est prostrée au sol, les mains sur leurs oreilles.

"Professeur, elle est là." dit Kitty. Le Prof tourne son fauteuil dans ma direction et je réalise que mes barrières mentales sont tombées. Je tente en vain de les remettre en place.

"Je ne vais pas lire ton esprit Alin. Comme tu peux sans doute le voir et le sentir, j'ai d'autres chats à fouetter."

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" je demande en m'asseyant par terre. Le carrelage froid me fait du bien et, en touchant mon front, je comprends que j'ai de la fièvre. Cinq autres télépathes sont aussi présents. Je les connais peu, n'aimant pas les gens je ne suis jamais allée leur parler. Mais là j'apprécie le fait de n'être, pour une fois, pas la seule à avoir des problèmes. Ils ferment tous les yeux, des bandeaux d'eau froide sur le front. Bonne idée, j'aurais dû y penser. 

"Tient." fit Kitty en m'en donnant un. Je la remercie d'un coup de tête, me promettant de me montrer plus gentille envers elle. C'est fou ça, je comprends qu'il faut que je sois plus sympa que quand j'ai besoin d'elle. J'suis vraiment une énorme merde. 

"On sait ce qui se passe au moins ?" je demande encore. J'ai quand même très envie de savoir pourquoi j'ai un marteau piqueur dans la tête. Le Prof allait me répondre quand Jean entra suivit de Cyclope et... Logan. Il me lança un bref "Ca va ?" auquel je répondis en montrant mon bandeau. Il hocha la tête et vint se poster juste à côté de moi. Je le remercie en serrant brièvement sa cheville. Avoir Logan pas loin me soulage ; je ne suis pas totalement seule. Le Prof dit quelque chose à Jean que je n'entends pas et il s'en va. Il nous laisse en plan. A deux doigts de me lever et de lui courir après, tout en oubliant ma migraine. Mais Jean se retourne et se place au milieu de la pièce.

"Merci Kitty. Logan, Scott, j'aimerai leur parler seule à seuls." Logan hoche une nouvelle fois la tête et me lance un dernier regard avant de partir. Scott claque un bisou sur la joue de Jean avant de le suivre. 

Crétin.

"Bon, je pense que je peux sans trop de mal vous dire que je sais exactement ce que vous ressentez," dit-elle en se frottant les tempes. "je vais être tout à fait honnête avec vous." J'hausse les sourcils de manière volontairement exagérée, "Oui, Alin." elle reprend une discrète respiration. Je vois et sens qu'elle est épuisée. Son chignon, d'habitude nickel, est légèrement desserré et des mèches de cheveux s'en échappent. "Je ne peux pas clairement vous expliquer ce qu'il s'est passé car je ne le sais pas moi-même. Le Professeur non plus," rajoute elle en me voyant lever les yeux au ciel, "je sais juste que nous en ressentons les conséquences. Les réactions des humains, présumément, et leurs sentiments."

"Ca change pas de d'habitude." je marmonne. "Pourquoi c'est aussi fort cette fois ?"

"J'allais y venir. Il s'est passé quelque chose..." Jean se met à tourner en rond, chose qu'elle ne fait jamais et se stoppe soudainement. "Il y a eu une attaque." 

Les autres télépathes réagissent de façons très différentes. Un se lève et quitte la pièce, une autre glisse contre le mur et s'allonge au sol. On sait tous qu'une attaque peut signifier beaucoup. BEAUCOUP de choses. Mais la seule question qui me vient à l'esprit en est une qui peut sembler très égoïste. 

"Est-ce que mon père en est le responsable ?"

"Non." affirme Jean. Je sens ma gorge se desserrée. J'ai toujours cette peur, quelque part dans mon esprit. 

"Il y a eu des morts ?" demande une autre télépathe. 

Je n'y avais même pas pensé.

Jean ouvre la bouche et à ce moment je souhaite qu'elle ne parle jamais et que ce moment reste en suspens. Parce que je sais très bien ce qu'elle va dire. Je sais ce que j'ai vu lorsque j'ai fermé les yeux. Je reconnaîtrai l'odeur du sang entre mille. 

"Oui." elle avise nos regards perdus. "Au moins une centaine."

Je me relève, les jambes tremblantes et le front en sueur. Je regarde un instant autour de moi, observant le reste des télépathes retenir leurs larmes. Une attaque, sans aucun doute perpétrée soi pas des mutants soi contre des mutants ayant provoqué au moins une centaine de morts n'annonce rien de bon. "Merde." 

Ca résume sans doute bien ma vie, tient.


* La musique est Time In A Bottle de Jim Croce 

Avengers'SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant