J'adore les plaisirs simples. Ils forment les derniers refuges des âmes complexes.
{Oscar Wilde}
J'entends les rires de ses amis. J'entends leurs insultes s'attaquer à moi. Je ne lève pas le regard. Mon cœur palpite d'angoisse. La simple idée de devoir lui passer à côté me terrifie mais je ne peux pas le laisser me manipuler. Alors j'ignore leurs jugements bien qu'ils me brisent à chaque fois. Je le dépasse et de nouveau, il me barre le passage. Il vient de me dire qu'il ne veut pas de mal. Je ne le crois pas. Que ferait-il devant moi si ce n'était pas pour me blesser d'une quelconque manière ?
(Livai) J'voudrais t'parler.
Ma surprise reste coincée au fond de ma gorge alors que je me répète ses mots dans la tête. Me parler ? Depuis quand utilise-t-il des mots pour se faire comprendre ? Pourquoi seulement maintenant quand il aurait pu le faire ce lundi soir-là ? Il veut me parler ? Mon poing gauche se ferme. Il veut me parler. Ce connard veut me parler et il se fiche totalement de ce que cela peut me faire. Que veut-il me dire exactement ? Je me sens soudainement plus qu'agacé. Livai Ackerman se fiche totalement des attaques et des rires de ses amis dans son dos à seulement quelques mètres de nous. Il peut les entendre. Il sait ce qu'ils disent. Ils ne les empêche pas de faire quoi que ce soit. Les insultes fusent et ils se moquent de moi. Ils le font à chaque fois. Et lui, ce connard de première, il veut me parler comme si ses potes n'étaient pas là. Il veut me causer comme si le lundi qui m'a brisé n'avait jamais eu lieu.
― Tu t'fous d'moi ? Mes yeux se posent dans les siens pour la première fois depuis cinq mois. Je n'avais pas ressenti cette colère depuis qu'il m'a brisé mes petites ambitions. Je ne ressens plus que de la douleur depuis des mois entiers. Je ne peux plus dessiner, je ne peux plus me lever le matin avec le sourire. Je ne peux plus m'endormir sans avoir peur de me faire mal la nuit simplement parce que je veux changer de position.
Et il veut me parler ?
(Livai) Je-
― Laisse-moi passer, Ackerman. J'essaie de cacher ma colère mais elle s'entend dans ma voix. J'essaie de rester calme mais c'est bien plus simple à dire qu'à faire. Je n'ai jamais été maître de mes émotions. Cela ne deviendra pas le cas en quelques secondes. Mais je ne peux pas me permettre de m'en prendre physiquement à lui comme je l'aurais fait avant que je ne le promette à ma mère. D'autant que mes poings sont devenus bien trop fragiles.
Sans évoquer le fait qu'il est beaucoup trop tard pour user des mots. Je ne veux pas entendre quoi que ce soit venant de lui. Je ne veux pas qu'il me fasse mal. Depuis le samedi soir où nous étions seuls, celui pendant lequel il m'a berné en beauté, il n'a jamais été capable de dire mon prénom. Je le dégoûte. Il me hait et me méprise. Il m'a bousillé et je ne vois pas de quoi il voudrait causer. Je n'ai rien à dire à ce type. Si je le laisse me dire quoi que ce soit, je vais rentrer seul au wagon les larmes aux yeux, crevant par ses mots. Parce qu'il est certainement un connard et un monstre mais il est aussi le type que j'aurais voulu aimer plus longtemps s'il ne m'avait pas trahi. Alors oui, je repense à tout ce qu'il me dit. Je n'oublie rien de ce qu'il me dit. Je donne une trop grande importance à son regard sur moi et ses mots qui me déchirent. J'y pense et il me blesse à chaque phrase prononcée.
(Livai) Juste une minute, s'il te plaît. J'ne vais pas t'toucher, je... reste à distance mais laisse-moi te parler.
Je n'arrive pas à croire à un seul des mots qu'il vient de prononcer. Je sais que ses potes attendent que je tombe dans le panneau. Je sais qu'ils sont prêts à se rendre dans la même ruelle que ce lundi soir-là. Ils vont encore tout me prendre. Ils vont peut-être même finalement m'arraché mes derniers petits espoirs. Ils ne laisseront pas le monde me donner une nouvelle chance d'être heureux en rencontrant la bonne personne. Et s'il fut une époque où j'ai pensé que c'était peut-être lui, aujourd'hui, je sais que c'était un mensonge des plus pathétiques auquel je m'accrochais par envie d'exister aux yeux de quelqu'un. Je ne le laisserai plus me pigeonner avec ses beaux discours et ses lèvres sensuelles.
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Bʀᴏᴋᴇɴ Bᴏʏs
FanfictionEt ils me cognent. Ils me bousculent et m'empoisonnent. Ils m'abîment et me corrompent. Ils me pourrissent. Ils pullulent et me pervertissent. Ils s'accrochent à moi, ne me laissent pas. Ils me soufflent des mots noirs, des mots tentant. Ils me chan...