CHAPITRE 1

156 11 2
                                    


Je sens sa respiration...

Elle est mouvementée aujourd'hui. Je me demande ce qui ne va pas.

Tsi'ya, mon ilu, est comme une sœur pour moi. Elle m'a choisie et je l'ai choisi.

Aujourd'hui, elle a l'air tourmentée. Ça lui est déjà arrivé. Comme le jour où Ao'nung a attrapé une affreuse maladie dû à un poisson toxique. Quelques heures avant, Tsi'ya n'avait rien mangé de ce que j'avais pu lui donné et gigotait dans tous les sens.

Ou encore la fois où mère avait fait une chute douloureuse au village, Tsi'ya n'avait jamais aussi agitée que ce jour là.

Alors la voir comme ça me dérange.

Il faut que je rentre au village.

Il ne s'est peut être rien produit, mais je dois en être sûre.

Je m'accroche à elle.

Fonce.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Je m'arrête net au loin.

Qui sont ces gens ?

Je ne vois pas bien d'où je suis, mais je peux clairement remarqué qu'ils ne font pas parti de notre peuple.

Je m'approche donc.

Quand je sors de l'eau, je sens des yeux rivés sur moi, qui me laissent de l'espace pour que je puisse me rapprocher de ces inconnus.

Mère, père, Ao'nung et Tsireya sont déjà présents. Je me mets alors à côté d'eux.

Ce que je vois me choque.

Ils ne sont pas comme nous.

Leur queue est... fine. Leur peau est d'un bleu que je n'avais jamais vu auparavant. Et leurs yeux sont d'une forme différente de la nôtre.

Des Omaticaya.

Chez nous.

Ils n'ont absolument rien à faire ici.

- Nous demandons oturu ! dit l'homme de la forêt.

Ma mère s'offusque.

- OTURU ? répète elle, outrée.

- L'asile pour ma famille ! il lui répond en retour.

Je les observe. Deux adultes, accompagnés de quatre enfants. Pourquoi demandent ils oturu ici ?

Quand mère regarde père avec ardeur, il soupire et avance d'un pas.

- Nous sommes le peuple du récif. Vous êtes celui de la forêt. Vos attitudes ne valent rien ici.

J'esquisse un sourire moqueur en coin.

L'homme reprend la parole.

- Nous adapterons vos usages !

J'observe mère s'avancer vers ces étrangers, l'air indifférente.

Elle tourne autour du jeune fils et agrippe son bras.

- Leurs bras sont fins ! elle prend la queue d'une des filles. Leur queue... fragiles !

L'enfant se retourne en lâchant un « aïe » méprisant.

Je pose mon regard vers ce qui me semble être l'aîné et me rend compte qu'il m'observe déjà. Je lui lance un regard noir mais il ne le détourne pas pour autant.

Mère se retourne pour affronter le regard de la femme, ce qui me déconnecte de cette fusillade de regard.

- Jamais ils ne nageront assez vite ! affirme t elle en parlant à son peuple.

Elle tourne autour d'eux tel un vautour. Je ne l'ai jamais vu avec un comportement pareil.

Elle prend brusquement la main d'une des filles.

Elle observe avant de crier.

- Ces enfants... ne sont même pas de vrais Na'vi !

Les miens s'agitent et chuchotent autour de nous, l'air abasourdis.

Elle les pointe du doigts.

- ILS ONT DU SANG DE DÉMON !

Je grogne de stupeur face à cette nouvelle.

Non seulement il s'agit du peuple de la forêt, mais aussi de ces monstres d'humains !

Je sers le poing. Ils n'ont absolument rien à faire ici.

Père fait taire les chuchoteries d'un seul regard. Puis il finit par affirmer :

- Mais nous, le peuple des Metkayina ne sommes pas en guerre.

Il se retourne vers l'homme de la forêt.

- Pas question de porter votre guerre ici.

- Je ne suis plus en guerre, d'accord ? essaie de rassurer l'homme. Je veux mettre ma famille en sécurité !

Sa femme se rapproche de lui en baissant le regard.

- Oturu vous est demandé, rien d'autre... souffle t-elle.

Père se retourne vers mère et la regarde d'un air insistant. Ils se fixent un long moment jusqu'à ce qu'elle finisse par hocher la tête.

- Toruk makto et sa famille vont venir s'installer chez nous. annonce t il. Traitez les comme vos frères et sœurs. Ils ne connaissent pas l'océan alors ils seront donc comme des enfants qui prennent leur première respiration.

- Quoi ? je crie, choquée de ses propos.

Tout le monde me regarde. Père m'observe, l'air de me défier.

Je continue alors.

- Ils ne peuvent pas venir ici ! Ce ne sont même pas de vrais Na'vi ! Ce ne sont que des traîtres et des dé-

- Assez ! coupe ma mère, l'air impitoyable.

Je la fixe un moment, puis finis par baisser les yeux en soupirant.

- Transmettez leur nos usages afin qu'ils ne souffrent pas du sentiment effroyable d'être inutile. père finit en regardant le Torukmakto.

L'homme souris avant de souffler :

- Qu'est ce qu'on dit ? il demande à ses enfants.

Les « merci » se font entendre.

Je brûle de rage.

Ils vont nous trahir.

Ou encore pire,

ils vont ramener leur guerre ici.

Père s'approche de moi et pose fortement sa main sur mon épaule, ce qui me fait atrocement mal. J'essaie de le montrer le moins possible.

- Mon fils Ao'nung et mes filles Tsireya et Zitaya seront les guides de vos enfants.

Quoi ?

- C'est hors de question ! je hurle.

Ao'nung me prend le bras et me chuchote :

- Arrête. Ça ne me plaît pas non plus, mais ne défit pas père.

Tout le monde me fixe, Tsireya me fait les gros yeux.

Je souffle.

Je n'ai décidément pas le choix.

C'est injuste.

- Très bien. je grogne en levant la tête.

Je les déteste déjà.

Oel Ngati KameieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant