- Tu as intérêt à être prêt, notre planning est chargé aujourd'hui.Neteyam me regarde profondément. Il se masse discrètement la nuque.
- Oui, j'imagine.
Je me retourne et commence à marcher en direction de la plage. Mais le son de sa voix résonne dans mes oreilles:
- Je voulais te poser une question.
Je le fusille du regard, mais le laisse continuer :
- Eh bien... hier soir. Tu es arrivée en retard et en plus de ça tu as chanté seule l'histoire d'Eywa. il a l'air intrigué par ce qu'il annonce. Pourquoi ça ?
A mon tours de ne pas comprendre.
Est -t- il sot à ce point ?
- Tu le fais exprès ?
Il m'observe, surpris, ne s'attendant sûrement pas à cette réponse. Mais il n'a pas l'air déconcerté pour autant.
- Eh bien, chez nous, les Omaticaya, nous chantons tous ensemble, seul l'hériter de l'Olo'eyktan peut arriver plus tard que les autres et chanter seul. Exactement comme tu l'as fait. Donc j'ai trouvé ça étrange que-
- Tais toi.
Il s'arrête soudainement dans son élan. Je me détourne de lui.
- Allons ailleurs, j'exige.
Il ne dit rien, même si j'imagine que ça lui démange et qu'il se pose énormément de questions.
Ce n'est pas un sujet à traiter ici.
Et ce n'est pas un sujet à traiter avec lui.
Je grimpe sur Tsi'ya et l'emmène loin de mon village.
Il me suit avec « son » ilu. C'est d'ailleurs grâce à moi et à mes conseils qu'il a réussi à en avoir un. Il n'y serait jamais arrivé seul.
Je me retourne pour vérifier où il en est. En observant la position de ses jambes et la façon dont il se tient à son ilu, je constate très bien qu'il est en difficulté.
Il est très mauvais.
Devrais-je l'aider ?
Absolument pas.
Arrivés près des terres des trois frères, je m'arrête soudainement.
Je l'entends derrière, allaitant.
Je me retourne alors, stupéfaite.
- Comment peux tu être essoufflé alors que tu ne produits aucun effort ? C'est ton ilu qui devrait l'être.
Il sert la mâchoire.
- Figure toi que c'est très compliqué pour quelqu'un comme moi.
- Oh tu veux dire un moins que rien ? Je prononce, un rictus en coin.
Il lève les yeux au ciel, mais ne relève pas mes propos.
Il observe les alentours, l'air émerveillé.
- Oú sommes nous ? Il demande.
- Voici les terres des trois frères, un territoire assez loin de notre village, mais au moins, personne ne nous dérangera.
- Notre village ? Il chuchote en souriant délicatement.
Je ne m'étais pas rendue compte de mes propos. Je me racle alors la gorge et tente de rattraper mon erreur :
- Notre village à moi et mon peuple, je déclare peu sûre de moi.
A son tour d'avoir un sourire en coin.
Il m'a eue sur ce coup là.
Je grogne.
Mais pour qui il se prend ?
Je me détourne et m'en vais un peu plus loin.
- Eh ! Attend moi !
Je l'ignore et continu.
Il accélère et vient se mettre devant moi.
- Tu n'as pas répondu à ma question toute à l'heure.
Je lève un sourcil.
Ah oui, la fameuse.
Je soupire.
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde, je dis froidement.
- C'est vrai, mais j'ai le droit de savoir.
Je ricane sarcastiquement.
- Es tu sérieux ? Face à son silence je continue. Tu n'as aucun droit. N'oublie pas que tu ne fais pas parti de notre tribu et que tu n'en fera jamais parti. Vous n'êtes que des intrus.
Je continue dans ma lancée.
- Vous avez de la chance que mes parents ont été plus que généreux de vous offrir oturu. Personnellement je n'aurais jamais accepté d'héberger des êtres aussi inutiles que v-
Il s'est approché de moi tellement près que je ne vois plus que son visage.
- N'envisage même pas de finir ta phrase. Nous ne connaissons pas vos usages et vos cultures, certes. Mais je te rappelle que vous ne connaissez pas les nôtres non plus. Je suis très reconnaissant que tes parents ont plus de bonté que leur fille en tout cas.
Je suis abasourdie. Jamais il ne m'avait parlé avec autant de rage et de confiance en lui.
On se fixe du regard. Il a les sourcils froncés et garde son air sérieux.
Je souris alors.
J'adore ça.
J'approche ma main de son visage. Je sais qu'il n'est pas indifférent quand la distance entre nous se réduit, alors j'y joue.
Il est vrai que sa peau est fascinante. Les traits fins mis en valeur par ce bleu et les dessins magnifiques créant une communication divine.
Il raidit face au contact entre nos chairs. Il fronce encore plus les sourcils, confus.
J'approche plus près encore. Nos torses se toucheraient presque.
Bizarrement, il ne recule même pas d'un centimètre et ses iris n'ont jamais lâché les miens.
Au moment où il ne s'attend le moins, je lui lance une puissante pichenette sur son front, le faisant reculer de douleur.
- Bon ! Aujourd'hui je vais t'enseigner l'histoire de ces terres. J'en profiterai pour t'enseigner quelques gestes importants pour que tu puisses nous comprendre lorsqu'on est sous l'eau. Alors écoute bien, parce que je ne me répéterai pas.
Il semble reprendre ses esprits, se frottant le front.
- Ne crois pas que tu as tout tes droits sur moi, Zitaya.
Je gigote en souriant discrètement et me retourne vers lui.
- Ça, c'est ce qu'on verra, Sully.
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Oel Ngati Kameie
AdventureLa famille Omaticaya demande l'asile au village des Metkayina, mais cela s'annonce plus compliqué que prévu, surtout pour Zitaya, enfant d'Eywa, héritière du Olo'eyktan, qui déteste par dessus tout les Na'vi de la forêt et les humains, alors les deu...