Les garçons m'appellent, on accompagne Adam à un événement, c'est le début des coupes de champagne gratuites. Je crois que ce nouveau groupe d'amis est ce qui manquait à ma vie, et je suis tellement heureuse de les avoir surtout à ce moment-là, les fous rires apaisent un peu les larmes qui ne coulent pas toujours. L'heure est venue de rentrer à Lille. Je dois abandonner mon appartement, dire adieu à ma routine adorée, à tout ce que j'ai construit ici. Les adieux sont dramatiques mais une heure de train ça va vite et je suis déjà de retour à Paris le week-end qui suit. Adam et Hugo deviennent soudain des amis si chers à mon coeur, tellement que d'être avec eux m'aide un peu à oublier ses yeux. Une après-midi pluvieuse passée à pleurer de rire et s'enlacer au Starbucks, c'est beau l'amitié mais alors, ça ne me suffit pas. Des retrouvailles inespérées et courtes, une haine qui s'efface bien vite. Une dernière fois ; un ultime regard aux portes du métro et à jamais. Alors je me dis que c'est horrible, de ne pas savoir quand une personne ne reviendra pas. Il faut croire que c'est la semaine des adieux : mon grand-père meurt, je ne pleure pas. En fait, je ne pleurerai jamais et je m'en veux mais c'est étrange ce que je ressens, comme si la mort n'existait pas, l'impression que si je ne suis pas triste alors ce n'est pas réel. La vie doit bien continuer. Un tournage impromptu avec Pierre Croce et Benjamin Verrechia, un entretien réussi. Aller en cours avec l'envie de ne voir personne, être triste, ne pas me sentir à ma place, me demander à quoi rime cette vie. La poésie qui sauve tout, encore une fois, sauf que cette fois c'est ma propre poésie, ce sont mes mots que je couche dans un carnet, dans l'application notes du téléphone, dans des recoins de cahier, partout partout. Je n'ai encore jamais vraiment écrit de poésie mais ça semble venir tout seul, les poèmes s'échappent et m'aident à faire de la douleur quelque chose de beau. J'aime ça. J'aime cette noirceur qui me noie, me paralyse et ne me laisse pas d'autre choix que d'écrire un recueil entier. Des paroles de Miley Cyrus résonnent en moi soudain plus qu'avant: quand je me sens triste, il me fait me sentir inspirée. Oui, exactement.