Chapitre 5

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De retour dans leur petite chambre commune, les deux garçons se tiennent debout au milieu de la pièce, sans bien savoir quoi faire à présent.

Izuku n'a pas l'habitude de partager l'intimité de ce qui avait jusqu'ici été son chez lui...

« La Mater nous a donné que très peu de cours sur les cultures étrangères et de religion. »

Le garçon a sursauté, Katsuki ayant brisé le silence de manière très soudaine !

« Du coup... je n'y connais pas vraiment en culture Orc, à part que c'est des rats de bibliothèque... Et je ne sais pas qui est Cliclac, précisément... Juste que c'est le dieu du sommeil et des travailleurs, je crois... Et je ne connais pratiquement rien sur les Dragonoides ! »

Le plus grand détourne le regard, un brin mal à l'aise.

« Mais... je me disais... vu que, toi, tu as l'air d'être un peu une encyclopédie sur pattes... Tu crois que tu pourrais... me faire un cours ? Je ne te demande pas de me débiter un discours de trois heures, hein ! Juste un petit truc... Tu vois ? »

Le sang-mêlé Dragonoïde a déjà les yeux qui brillent d'excitation, à l'idée de pouvoir se rendre utile auprès de son nouvel ami !

Il force le blond à s'asseoir (bien qu'en réalité celui-ci se soit laissé faire, le vert n'ayant pas la force de le faire bouger), puis clappe dans ses mains, ravi d'endosser le rôle de professeur !

« Bien ! Commençons par les Orcs, donc ! »

« Tu fais simple et court, le nabot... On est bien d'accord ? »

« Les Orcs, en dépit de leur taille et leurs grandes forces physiques sont par essence pacifiques, et sont les gardiens du savoir de notre monde ! Ils sont les protégés d'Arpagnosis : le dieu cupide de la connaissance et de la guerre, celui qui veut tout apprendre ! Chez les Orcs, le savoir est une caractéristique sociétale... pour faire simple : plus tu sais de choses, plus tu es quelqu'un d'important ! Rassemblés au cœur de leurs immenses cités, ils sont dispersés en plusieurs ordres, dont chacun a un domaine d'érudition qui lui est propre, ainsi qu'une manière d'œuvrer ! Par exemple, maître Gowther appartient à l'ordre des Chercheurs-de-vérités... ses membres traquent les secrets du monde et de son passé, grâce à l'étude de ses reliques et de ses textes anciens ! »

Le plus petit reprend enfin son souffle, sous le regard de Katsuki qui marmonne un : « Heureusement que j'ai dit court. »

« Ensuite, tu as dit que tu n'étais familier avec les dieux ? Je... »

« Présente-moi Cliclac, ça suffira ! »

Il a parlé plus fort et fermement, pour être bien certain que le vert l'entende.

« ...D'accord... Bon... Euh, que dire... ? Oui ! Cliclac est le dieu de l'imagination, des rêves et du travail... Pas de l'art, ça c'est sa sœur Mystikdna, déesse de l'art, des secrets et des monstres. Elle a... »

« Cliclac, j'ai dit. »

« Pardon oui... En résumé, il est né avec l'apparence d'un bébé incapable de se déplacer, donc il s'est rêvé des bouts de bois pour se créer des béquilles, puis une caisse à roulette, puis des morceaux d'aciers, puis... euh, bref : au final, il s'est fabriqué un véritable robot à mille bras, apte à construire ses inventions même quand il dort ! Il veille sur les dormeurs et sur les travailleurs. D'après ta description, ma marque ressemble à un rouage, l'un de ses emblèmes. »

« Ok, tu en as plus que raconté, c'est bon. Et les Dragonoïdes ? »

« Reclus dans les montagnes ou les endroits les plus inaccessibles, ils vivent en toute petite communauté, vouant leurs vies à déchiffrer l'essence même du monde... La majorité sont d'ailleurs des mages très doués, grâce à ça ! Ils se dédient à la connaissance, comme les Orcs, sauf que, eux, ils ne sont pas sociaux et veulent comprendre et non savoir. Ils ne revendiquent aucun dieu comme leur protecteur, car ils jugent que cela serait inapproprié, compte tenu du fait qu'ils aspirent également à saisir la nature des dieux eux-mêmes ! »

« Sérieux ? Ils doivent être fous de vouloir faire ça... »

Izuku hausse les épaules, sans pour autant répondre, ne voulant pas admettre qu'il nourrit un certain respect pour ses ascendants qui se consacrent avec une telle pugnacité à leur objectif, aussi, il est vrai, peu orthodoxe soit-il...

« Bon, merci pour le cours. »

« Oh, mais de rien ! Si tu as d'autres questions, quelle qu'elle soit, surtout n'hésite pas à les poser ! »

« Je retiens, d'accord. »

Un nouveau silence s'installe, chargé encore une fois d'une pointe de malaise pour le plus petit, alors que son compagnon prend ses aises sur son matelas.

Sa peau cuivrée reflète presque la lumière de la lampe à huile...

Et allongé comme il est, sa chemise remonte sur son ventre, dévoilant ses abdos d'acier...

Izuku détourne brusquement le regard, les joues en feu !

Sans réfléchir, il s'empare du premier livre de chevet qui lui passe sous la main et s'y plonge tout son être, pour oublier les images qui se sont gravées sur sa rétine.

De son côté, Katsuki coule une œillade indéchirable vers le dos que lui présente à présent son compagnon de chambre.

...Il n'aurait pas tenu bien longtemps chez la Mater. Trop petit, trop osseux, pas assez de muscles.

...C'est probablement pour ça qu'il ressent cette envie de le protéger. Parce qu'il est faible et lui fort.

Ouais. C'est certainement pour ça.

Et puis il y a cette histoire de marque mystérieuse...

Le blond n'a pas aimé l'expression de Gowther, à un moment, quand il l'a décrit.

Il fronce les sourcils, un souvenir lui revenant : sa salope de mère adoptive a fait une tête similaire, une fois.

MarquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant