Chapitre 3

190 32 3
                                    

À la porte principale, un des prêtres-soldats leur a emboîté le pas, pour leur sécurité, et ils ont descendu le chemin terreur qui serpente jusqu'à la ville qui s'est construite au fil du temps autour de la forteresse Orc.

Il leur faut un moment, avant d'arriver à la périphérie, là où se dresse l'assemblage de maisons de bois, cahutes, tentes et roulottes qui ne se sont qu'à moitié ordonnées pour créer ce labyrinthe en perpétuelle transformation qu'est le quartier marchand.

Mais plusieurs minutes de marche leurs sont encore nécessaires pour arriver à la partie qui est, d'un commun accord tacite, plus ou moins ostensiblement mise à l'écart par toutes les autres : celle assignée aux esclavagistes.

Izuku se crispe dès l'instant où il entraperçoit la scène.

La fameuse scène qui hante encore parfois ses cauchemars.

Celle où défilent les pauvres âmes destinées à la vente.

« Quel est le fanion qui flotte au mât ? Décris-le-moi. » L'interroge Gowther, détournant son attention de ses pensées sombres.

Le garçon tourne aussitôt le regard vers le mât en bois de sapin qui se dresse à côté de la scène.

« ...Il est rouge, avec une tête de poisson dessus... un maquereau, je crois. »

« Un maquereau de profil ? Je vois de qui il s'agit. Ce n'est pas celui du marchand que je veux. Regarde le pied du mât, il doit y avoir des personnes prêtes à hisser le fanion suivant, pour quand l'actuel aura écoulé sa marchandise. Tu les vois ? »

Le jeune humain plisse les yeux, en effet il aperçoit deux Elfes de tailles moyennes, dont l'un porte un bout de tissu.

« ...Je ne vois pas bien, mais j'aperçois ce qu'il me semble être un fanion bleu... »

« Turquin ? »

« Oui, un bleu turquin. »

« Très bien. C'est le bon. Mais quand ils le hisseront, dis-moi quel est le symbole. Que je sois bien sûr. »

Son domestique émet une onomatopée affirmative, tandis qu'il garde les yeux rivés sur les Elfes, pour maintenir son attention sur eux et non sur les ventes.

Il ne veut pas assister à ça s'il n'y est pas obligé.

Après un temps beaucoup trop long à son goût, le fanion rouge est enfin descendu, pour être remplacé par le turquin.

« L'emblème est une Coulobre avec ses œufs... trois œufs, pour être exact ! » annonce-t-il aussitôt.

« C'est le bon. Maintenant, rassure-toi : je ne vais plus avoir besoin de ton aide pour l'instant... Tu peux même t'éloigner un peu, si tu ne veux pas assister à la vente. Je ne t'en tiendrais absolument pas rigueur. »

« ...Je reste à vos côtés. »

L'Orc esquisse un sourire face à cette preuve de courage, avant de tourner son regard mort vers la scène, où le présentateur entame son show.

« Braves acheteurs, merci de votre patience ! Nous passons maintenant à la marchandise de notre estimée Adélaïde la Mater ! Pour les quelques uns qui ne la connaîtraient pas : cette charmante dame nous offre une marchandise de qualité, puisqu'elle les élève elle-même ! après les avoir kidnappés quand ils étaient encore au berceau, bien sûr. »

Il part d'un rire cynique, imité par la majorité de l'assistance, ce qui a le don de mettre profondément mal à l'aise Izuku...

« Mais commençons, voulez-vous ? »

MarquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant