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Quand je me réveille le lendemain matin Julian est reparti.

Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé hier après m'être effondrée dans son bureau. 

Le reste de la journée est vague dans mon esprit. C'est comme si mon cerveau avait renoncé incapable de soutenir la violence à laquelle j'avais assisté. Il me semble avoir vaguement l'impression que Julian m'a prise dans ses bras et portée vers la douche. Il a dû faire ma toilette et me bander les pieds parce qu'ils sont couverts de gaze ce matin et me font beaucoup moins mal quand je marche.


Je ne sais pas s'il a couché avec moi la nuit dernière. Mais s'il l'a fait, il a dû être plus attentionné que d'habitude parce que je n'ai pas mal ce matin. Par contre, je me souviens qu'il a dormi dans mon lit et que son grand corps enlaçait le mien.                                                                                                        
D'une certaine manière, ce qui s'est passé simplifie la situation. Quand il n'y a plus aucun espoir, quand il n'y a plus de choix, tout devient particulièrement clair. La réalité, c'est que toutes les cartes sont entre les mains de Julian. Je lui appartiendrai aussi longtemps qu'il désirera me garder prisonnière. Je ne peux pas m'enfuir, je n'ai aucune solution.


Et maintenant que j'en ai pris mon parti, ma vie devient plus facile. Sans m'en apercevoir, cela fait déjà neuf jours que je suis ici.
C'est ce que me dit Beth au petit déjeuner.
Je me suis habituée à tolérer sa présence. Je n'ai pas le choix, en l'absence de Julian elle est la seule personne avec laquelle j'ai des contacts. 

Elle me fait à manger, s'occupe de mes vêtements, et fait le ménage. Elle est presque comme une nounou sauf qu'elle est jeune et pas toujours de bonne humeur. Je ne crois pas qu'elle m'ait complètement pardonné d'avoir essayé de l'assommer. Peut-être que sa fierté en a souffert.
J'essaie de ne pas trop l'agacer.

 Dans la journée, je sors et je passe le plus clair de mon temps à la plage ou à la découverte de la forêt. Je reviens à la maison pour les repas et pour prendre un nouveau livre à lire. Beth m'a dit que Julian m'en rapportera d'autres quand j'aurai fini de lire la centaine qui est actuellement dans ma chambre.
Je devrais être déprimée. Je le sais bien. Je devrais être amère, pleine de rage, je devrais détester Julian et détester cette île. Et quelquefois, c'est ce qui passe. Mais ça prend tellement d'énergie de toujours être une victime. Quand je suis allongée sous le chaud soleil, absorbée par ce que je lis, je ne déteste plus rien. Je me laisse simplement emporter par l'imagination de tel ou tel auteur.


J'essaie de ne pas penser à Jake. Mon sentiment de culpabilité est presque insupportable. Rationnellement, je sais que c'est Julian le coupable, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir responsable. Si je n'étais jamais sortie avec Jake, il ne lui serait rien arrivé. Si je n'avais pas engagé la conversation avec lui à sa fête, il n'aurait pas été sauvagement tabassé.
Je ne sais toujours pas qui est Julian ni comment il peut avoir autant d'influence. Son mystère reste entier pour moi.


Peut-être appartient-il à la Mafia.
Cela pourrait expliquer qu'il ait des gangsters à son service. Ou bien ce pourrait simplement être quelqu'un d'excentrique et de fortuné qui a des tendances de psychopathe. Je n'en sais vraiment rien.


Quelquefois le soir je pleure jusqu'à ce que le sommeil vienne. Ma famille et mes amis me manquent. Sortir en boîte et aller danser me manque. Être en contact avec les autres me manque aussi, que ce soit échanger sur Facebook, sur Twitter ou passer un moment avec mes amies. J'aime bien lire, mais ça ne me suffit pas. Il me faut autre chose.
Quand ça devient vraiment trop pénible, j'essaie d'en parler à Beth.


― Je m'ennuie, lui ai-je dit un soir pendant le dîner.                                                                                       Une fois de plus, on mange du poisson. Beth m'a dit que c'était elle qui le pêchait près de la crique qui est de l'autre côté de l'île. Cette fois, il est servi avec une salsa à la mangue.             

L'enlèvement de Anna Zaires ( EXTRAIT)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant