Underground

Chapitre 41: Nouvelles cicatrices

Chapitre deux fois plus long - J'espère que vous apprécierez, et bonne lecture!

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Je serre mon pistolet encore plus fort dans ma main, comme si je croyais que ça pourrait atténuer les battements frénétiques de mon coeur. J'avale difficilement ma salive, puis demande anxieusement à Amé d'une voix très basse, pour éviter que les Traqueurs nous entendent:

- Que veux-tu dire?

- Je veux dire que Tess et moi, on fonce dans le tas pour créer une diversion, répond-elle avec une grande détermination dans ses yeux mais un ton bizarrement neutre. Ça donnera le temps à Alex et Jacob d'aller récupérer Fabien sans qu'on ait à se rendre ou quoi que ce soit.

- Et Daniel et moi? Qu'est-ce que nous ferons dans cette pagaille?

Je crains sa réponse. Je crois que je la connais déjà.

- Toi, tu te tires d'ici, réplique-t-elle comme je l'avais prévu. Daniel va te protéger: c'est le plus expérimenté d'entre nous.

- Mais...

- C'est ça, le plan, tranche-t-elle avec cette même froideur dans la voix. Tu sais aussi bien que moi que c'est toi qu'ils veulent le plus, et que s'ils mettent la main sur toi, c'est fini. La prophétie; tout. Peut-être que nous, ils nous garderaient en vie dans un pénitencier si on fait les gentils, mais toi, ils n'hésiteront pas à te tuer. Alors ferme-la et tiens-toi prête. Ton oncle et toi, vous nous attendrez au centre-ville dans un lieu bondé de gens. Est-ce qu'il y a une haute tour ici, ou un truc qui se repère facilement?

- Le cinéma, réponds-je sans même avoir à réfléchir.

Ma ville est bien trop petite pour avoir d'importants gratte-ciels. Le seul point facilement repérable, c'est la longue antenne qui est plantée au-dessus du cinéma: une grosse tige de métal qui brille de toutes les couleurs le soir. Disons que c'est un peu difficile à louper.

- Alors, vous nous attendrez devant le cinéma, confirme Amé. Je demanderai à Alex de nous guider dans la ville. (Elle tourne la tête vers les autres.) Vous avez compris le plan?

Tout le monde hoche la tête en un mouvement presque imperceptible. Je suis assez impressionnée de voir Amé prendre de telles responsabilités. D'habitude, elle préfère demeurer à l'écart des prises de décision et tout, mais pourtant, elle est présentement en train de mener le groupe entier. Je me surprends à penser qu'elle fait une excellente meneuse.

- Parfait, commente-t-elle. On y va à mon signal...

- Alors? lance à ce moment-là le chef des Traqueurs, ses grands bras musclés croisés sur son torse et le menton levé. Votre décision?

Je respire si vite que j'en halète. Mes jointures blanchissent autour de mon pistolet. Je tourne un peu la tête pour avoir un contact visuel avec mon oncle. Il m'envoie un sourire tendu et hoche lentement la tête, comme pour me rassurer, mais ses yeux trahissent sa panique.

- Répondez-moi lorsque je vous parle! aboie le chef des Traqueurs en faisant un pas vers mes amis et moi.

Il dégaine son pistolet d'un geste très sec. Je suis terrifiée. C'est la première fois que la perspective de pouvoir vraiment mourir, là, tout de suite, me frappe.

- Vous vous rendez? nous crie l'homme qui se tient juste à côté du corps inanimé de Fabien. C'est ça?

Je peux voir notre reflet dans ses lunettes de soleil noires: un groupe d'adolescents bizarres accompagnés d'un adulte à l'air mal en point, entourés d'une trentaine d'hommes armés...