Chapitre 26 - Un rêve évaporé

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- Kieran -




















Elle était magnifique, les cheveux perdus dans le vent, le regard vide. Son corps ne bougeait plus et moi, je la regardais de loin. J'avais l'impression de la voir disparaître au milieu des feuilles mortes qui tournoyaient autour de nous.

Je reculais, le plus que je pouvais de cette atroce image envoutante. Mon cœur loin devant moi, gisant au sol devant ses pieds.

Je le voyais presque, brillant d'un rouge ardent tandis qu'un liquide pourpre s'étalait tout autour. Glissant, roulant sur le sol, dévalant l'allée devant elle.

Je sentais l'odeur du sang qui me donnait mal à la tête. Un vertige, le silence, puis plus rien.

Seuls les battements de mon cœur encore en vie résonnaient dans mon corps.

Je n'entendais que ça. Ce boum qui vibrait à l'intérieur de moi. J'aurais pu l'arracher. Planter ma main au plus profond de mon être pour y retirer sa présence.

J'avais mal, et à chaque fois que je pensais à elle, j'avais l'impression qu'on me poignardait, m'empêchant de respirer, me laissant presque mort sur le sol glacial que mon corps ne quittait plus.

Ouvrant les yeux doucement, je vis mon rêve s'évaporer. Se dessinant dans l'obscurité de ma chambre tout en s'effaçant, laissant une simple trace noire flotter dans l'air.

Le silence régnait autour de moi, depuis des jours. La faim brouillait mon estomac, mais je n'en avais que faire. Trop lourd pour bouger, trop lourd pour continuer. J'avais l'impression que mon corps s'était ancré dans le sol et sans résister, je l'avais laissé faire.

Je ne dormais pas, ressassant sans cesse ce souvenir infâme.

J'avais toujours détesté le lycée, maintenant plus que jamais, car mon cœur y était resté étalé au sol. Il gisait devant l'entrée de l'enfer, tentant de battre le mieux qu'il pouvait tandis que cette magnifique créature l'écrasait encore et encore.

Elle souriait, jouant avec cet organe entre ses doigts, tandis que les flammes de sa demeure me brulaient les yeux.

Ma douce Perséphone, manipulant mon être à sa guise. Me réduisant en cendre, m'enfermant dans cet enfer dans lequel elle m'avait poussé.

Elle m'avait détruit sans scrupules.

Et moi, je continuais pourtant à m'attacher à ces doux souvenirs qui me rappelaient que jadis, elle m'avait peut-être aimé.

La première fois que je l'avais vue, ce regard fabuleux qui avait retenu toute mon attention tandis qu'elle décryptait mon âme à sa guise. Observant chaque recoin de moi-même. Je savais qu'elle l'avait sentis, j'en suis persuadé, car cette connexion inattendue m'avait tellement bouleversé que je me refusais de croire que ça ne l'avait même pas touché.

Je me souvenais de la douceur de ses gestes, quand elle s'était agenouillée devant moi pour nettoyer les traces que Nathan avait laissées sur ma peau. L'excitation brulante qui me parcourait de l'avoir si près de moi.

Sur mes lèvres, je sentais encore la chaleur de ce premier baiser qu'elle m'avait offert, électrisant ma peau, envoutant mes sens. À ce moment même, j'avais su que j'étais sien.

Son rire raisonnait encore au fond de moi, ses mots doux calmaient mon corps, ses pleurs faisaient frissonner ma peau. Elle était là, en moi, et jamais je ne pourrais me défaire de son emprise.

Chacune de mes pensées étaient siennes, chacun de mes souffles, chacun de mes mots, ma vie. Je lui appartenait.

Elle m'avait fait vivre, elle m'avait appris à aimer, elle m'avait réduit au néant.

NO MORE LOVE NOTES [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant