CHAPITRE 1 - Ivy

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PLAYLIST : Come Back Home - Sofia Carson

Bonne lecture, Caly :)

***

10 ans plus tard, Paris.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir.

La longue robe noire en satin que j'ai emprunté à ma mère arrive juste là où je le souhaitais et l'anticerne que Adonis m'a acheté ce matin camoufle comme il faut les petits défauts de mon visage. Je souris devant mon reflet à l'air si parfait, le sachet de petits pois a réussi à atténuer mes lèvres gonflées par les pleurs de la veille et, grâce à mes ciseaux de cuisine, mes cheveux atteignent à peine mes épaules.

- Tu es parfaite, mentionne une voix rauque.

Je sursaute en voyant Adonis se tenir dans l'encadrement de la porte de la salle de bain, me reluquant de façon indiscrète. Moi aussi je voudrais lui dire qu'il est beau avec son costume noir et ses cheveux bruns plaqués en arrière, mais je reste silencieuse.

Aujourd'hui n'est pas le bon jour pour complimenter, plaisanter ou juste parler. Si j'avais pu, je serais restée sous ma couette à pleurer la vie d'être si injuste mais mon fiancé a jugé mieux de m'emmener dans ma ville natale, là où tous mes souvenirs y sont gardés.

- Nous prenons la route dans dix minutes, me prévient-il en retournant dans le salon, me laissant de nouveau seule avec mon reflet.

J'ai promis à maman que je n'allais pas me morfondre sur mon sort car ce n'est pas ce qu'il aurait voulu mais elle ne sera pas là pour me surveiller alors ce soir, comme tous les soirs depuis un certain temps, je compte me laisser un moment pour le pleurer et pleurer au nom de tous mes malheurs.

Voyant que le temps presse, je me décide à quitter la salle de bain pour attraper mon sac de voyage, celui avec une tour Eiffel rouge qui pend à la fermeture. Je jette également un coup d'œil subtil à Adonis, il noue ses chaussures avec tellement d'apaisement qu'il ne s'attend pas à me voir me décomposer en arrivant dans mon ancien chez-moi.

C'est un de ses traits de caractères les plus significatifs, l'apaisement. Il pourrait se dérouler une tornade autour de lui qu'il resterait passif et, la plupart du temps, dans le contrôle. Je suis admirative de ce côté-là, j'ai toujours eu du mal à gérer mes émotions que ce soit la colère, la tristesse, la joie, elles finissent toutes par se traduire en larmes.

- Princesse, chuchote-t-il lorsque je suis installée dans la voiture, je sais que c'est dur mais tu vas y arriver, tu es forte.

Il m'embrasse doucement la joue et sort du parking tandis que je monte le volume de la musique. A défaut de me noyer maintenant dans mon chagrin, je peux au moins me noyer dans les paroles de la chanson.

La noyade fut de courte durée, la vibration de mon téléphone sur mes genoux me force à revenir à la réalité, c'est un message de Mme Collins me demandant si je veux passer boire un café avant l'enterrement.

"Avec plaisir"

C'est bien le seul message que je lui ai envoyé en dix ans. Cette femme était une ancienne amie de la famille, elle a pris soin de moi comme une deuxième mère quand la mienne était trop occupée avec son travail, la revoir me réchauffe le cœur en cette période si froide. Elle et maman n'ont jamais eu beaucoup d'affinité, je pense que Mme Collins n'a jamais compris comment une femme aussi généreuse avec mon père pouvait, du jour au lendemain, vouloir quitter la ville. En réalité, personne n'a jamais compris, même pas moi, mon père était le meilleur qu'il puisse exister sur Terre. Il faisait toujours en sorte que les deux femmes de sa vie soient comblées et que rien ne leur manque, malgré ses absences assez fréquentes dues à son travail.

Avant la chute du dernier pétaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant