Chapitre 14.1

248 34 10
                                    

┐

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

𝘓𝘈 𝘗𝘙𝘌𝘔𝘐𝘌𝘙𝘌 𝘗𝘌𝘊𝘏𝘌
└                                𝙏𝙝𝙚𝙖

Je suis au bord du lac.

Nous sommes en plein été.

Elle me sourit, dans une longue robe rouge que j'ai l'impression de déjà connaître, et longe le bord de l'eau en croisant ses pieds nus. Je n'arrive pas à voir son visage :  juste un corps me tournant le dos et de longs cheveux bruns aux milles boucles. Quant à moi, je suis allongée au sol, les bras étendus de chaque côté. Mon cœur bat à cent à l'heure, parce que je viens de monter l'équivalent du mont Everest pour mes huit ans, et surtout parce que je sais très bien ce qu'il va se passer demain.

L'herbe chaleureuse m'enlace sous ce soleil trompeur. Je la sens chatouiller mes doigts de pieds, je sens mes vêtements s'enfoncer dans la terre et je sens mon esprit s'évader au rythme du vent qui effleure ma peau. Le bleu du ciel m'éblouit tant que je préfère regarder en direction de ma mère qui, elle, s'est arrêtée comme un mauvais présage.

C'est à mon tour d'entrer en scène.

Je connais ce moment par cœur.

Cette fois-ci, je me lève sans problème. Peut-être que je suis enfin prête à affronter cet avenir plein de douleur. Alors, je virevolte entre les plantes qui, au fur et à mesure que je me rapproche de l'eau, grandissent jusqu'à me surplomber. Elles se replient sur mon passage, tente de m'emporter avec elles, mais mes bras les dégagent et mon sourire ne cesse de s'accroître.   

C'est en arrivant devant ma mère que je remarque un arbre gigantesque. Je lève les yeux sans même réussir à voir son sommet, certainement au-delà des beaux nuages en coton. Qu'est-ce qu'il se cache tout là-haut ? Innocemment, je le pointe du doigt. 

"Maman, regarde la couleur des pêches."

Elles sont si rouges, comme mon visage fatigué par la course. Ma mère, calme comme une douce mélodie, me sourit et s'en approche. Pourtant, chaque pas en direction de l'arbre m'offre un coup de poing dans le ventre jusqu'à ce que je sois pliée en deux. Je tente tant bien que mal de me tenir droite pour montrer ma trouvaille fièrement.

"Très rouge."

"Ça veut dire qu'elle est meilleure ?", je lui demande en sautillant pour essayer de l'attraper.

"Il n'y a qu'une seule façon de le savoir."

Ma mère est si grande qu'elle n'a aucun souci à la récupérer, pas besoin de se mettre sur la pointe des pieds quand on est une super-héroïne. Elle l'observe en silence, avant de croquer dedans. Mon cœur s'affole d'excitation. Alors ? Est-ce meilleur ? Est-ce que je devrais en manger, moi aussi ? Je m'apprête à lui poser la question.

Un oiseau passe et me déconcentre.

Je baisse les yeux et maman n'est plus là.

Il n'y a plus qu'un immense vide à côté du pêcher. Oppressant, il me donne l'impression d'étouffer. Tous mes intestins semblent s'écrouler, mais je reste droite, les pieds ancrés dans l'herbe chaude. On ne m'a jamais appris à agir dans ce genre de situation. J'ai huit ans et je ne connais pas grand-chose à la vie. Comment suis-je censée surmonter tout ça

PÊCHE CRAMOISIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant