Chapitre 19

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Les yeux rivés vers le sol, je suis machinalement mes amis qui crient le nom de mon frère disparu tandis que Ruben, le garçon qui m'a poussée lorsque je l'ai embrassé, essaye de me parler. Je n'arrive pas à distinguer ne serait-ce qu'un seul mot, comme si j'avais perdu l'usage de mon cerveau. Un brouillard de pensées m'empêche de voir clair dans ma tête. Un acouphène incessant, me répétant sans cesse la vérité.

Elle est crue, elle ne vend pas du rêve, mais je sais qu'elle est vraie.

J'ai beau pointer faiblement avec ma torche les branches feuillues en espérant y apercevoir des brindilles de cheveux roux, j'ai beau participer, j'ai beau aider, je sais que je suis grandement responsable de la situation.

Je me revois, assise sur ce lit, avec Ruben.

Je me revois l'embrasser en me disant que, malgré tous les malheurs qui nous sont arrivés, nous finirons par nous en sortir. Pendant ce temps, quelque chose était en train d'arriver à mon frère. Je ne sais pas quoi. Et j'ai peur de ne jamais le savoir.

"J'aurais pu empêcher ça. Je profitais quand il souffrait. Je m'amusais quand il était perdu."

Me répéter ces phrases, c'est la seule chose que je peux faire. Même pleurer, je n'y arrive pas. Alors que je rêve de faire couler cette forêt avec mes larmes.

Je profitais quand il souffrait.

— Je propose qu'on rentre et qu'on continue demain, on est tous crevés.

Je profitais quand il souffrait, je suis une horrible sœur.

Ce sont les seuls mots que j'entends correctement de la soirée, comme si mes oreilles avaient décidé de se déboucher dans l'unique but de me briser encore plus le cœur. À chaque pas qui m'éloigne de nos recherches, un couteau s'enfonce un peu plus profondément dans ma poitrine. Une douleur que je mérite. 

J'ai beau regarder derrière moi à maintes et maintes reprises, il ne fait pas d'apparition inattendue avec l'une de ses blagues pourries. Il n'y a que mes amis que je ne distingue qu'en formes de couleur dansantes maladroitement au rythme de mon corps tanguant.

Où sommes-nous exactement ?

Tous les recoins de cette forêt se ressemblent. Pourtant, aucun n'accueille mon frère alors qu'il devrait être là.

C'est n'est qu'en me faufilant dans son lit, sans prendre la peine de changer de vêtements, que j'arrive enfin à verser des torrents de larmes. Des millions de lames de rasoir sortant de mes yeux pour les brûler et m'arracher la rétine. Il y a encore son odeur, comme s'il n'était jamais parti. Il devrait être là. Et il devrait râler parce que je suis en train de salir ses draps. Il devrait me rappeler qu'il m'a gentiment laissé le lit en hauteur. Il devrait m'empêcher de dormir en me racontant les twists de sa fanfiction en cours de lecture, les nouvelles musiques qu'il vient d'apprendre à la guitare ou ses anecdotes à l'école. 

PÊCHE CRAMOISIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant