Un camping, entre amis, à dormir à la belle étoile. Voyager, entre connaissances, jusqu'au bout du monde. Partir, entre inconnus, et ne jamais ressortir du lac.
Théa et ses amis décident de profiter de leur dernier été avant les études supérieures...
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Au centre d'une pièce terne aux fenêtres opaques, deux adolescents attendent.
Ils n'ont vraiment pas bonne mine.
L'une, les cheveux bouclés en pagaille, regarde sagement les formes qui se dessinent à travers la vitre, en s'imaginant ce qu'il pourrait bien se passer à l'extérieur. Une personne en garde à vue, une discussion à leur sujet, une urgence bien plus importante que la leur ? En réalité, c'est surtout parce qu'elle espère voir quelqu'un en particulier qu'elle observe tout ce monde avec autant d'attention. Comme aucune couleur rose ne vient obstruer son champ de vision, elle peut souffler.
L'autre, avec de longs cernes, un pull rempli de poissons peints à la main et un bras dans une attelle, n'arrive pas à fermer l'œil, ne serait-ce que pour cligner des yeux. Les ténèbres ne cessent de lui jeter des souvenirs dans la gueule et il ne refuse de les voir. Pas maintenant qu'il doit encoreêtre à l'affût de tout depuis qu'il a entendu cette maudite phrase dans la voiture des policiers : "Nous avons trouvé trois corps dans la forêt". Comment est-ce possible ? Il espère simplement qu'elle s'est noyée dans d'atroces souffrances, tandis qu'il tapote frénétiquement des pieds contre le carrelage qui résonne.
La porte s'ouvre enfin.
Les deux amis se retournent brusquement.
L'homme prend le temps de se présenter d'un air chaleureux, un policier de la brigade de Tarrières depuis quelques années déjà. Il dit vouloir comprendre ce qu'il s'est passé.
— Je sais que vous êtes secoués, mais nous avons besoin de vous.
Le policier sait qu'il s'adresse à des enfants bien trop jeunes pour être de suite considérés comme des adultes, même s'ils le sont aux yeux de la loi. Grâce à ses dernières années de service, il sait bien que sourire et être le "bon policier sympa" aideront à récolter des informations plus facilement. Au fond de lui, il n'a aucune confiance en eux.
Des caméras, des micros, il n'est pas seul face à un potentiel meurtrier.
Tout le monde s'assoit autour d'un bureau, il se retrouve enfin face aux deux premiers suspects.
— Je vais seulement vous poser quelques petites questions sur ces derniers jours.
— D'accord, répond la fille d'une voix posée.
L'autre garde sa langue au fond de sa bouche.
Le policier pose sur la table un dossier beige rempli de tout un tas de notes qu'il ne sort pas. Il les protège simplement en posant ses avant-bras dessus, avant de récupérer un stylo et un petit carnet qu'il dépose avec soin sur sa gauche. Étonnement, ce n'est pas la seule chose qui a été préparée pour eux. Il sort également de sa sacoche en cuir deux feuilles, deux autres stylos et deux porte-blocs, un de chaque par adolescent, qu'il tend avec un si large sourire qu'il se demande s'ils n'ont pas déjà capté la supercherie.