|2| Envoyé

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Lawson
« Un mois plutôt.

Absente.

Encore.

C'est le troisième cours de la semaine qu'elle rate dans ma matière et cela chaque semaine.

La flemme ça fait des ravages visiblement.

Je lance un regard à sa place vide au fond de la salle tandis que des questions à son propos fusent dans ma tête. Je me reconcentre alors sur les autres élèves en remarquant notamment les deux groupies du premier rang qui me fixent des pieds à la tête.

Putain.

C'est pas possible.

Sans leurs porter plus d'attention, je récupère les copies d'un précédent contrôle pour les distribuer. La dernière encore dans ma main est celle de Lana.

Assis à mon bureau, les coudes sur la table et les mains croisés, je surveille ma classe tout en me perdant dans mes pensées. J'ai déjà été confronté à certains cas d'absentéisme, mais pas comme celui de Lana. On est en décembre, et depuis le début de l'année j'ai dû la voir maximum dix fois.

Et encore.

Mais il y a bien une chose qui me fait penser que ce n'est pas normal.

Je l'aperçois parfois dans les couloirs et elle est toujours seule, comme en classe. Son attitude renvoie l'image d'âme profondément triste. En cours, son visage est fermé et elle a constamment les bras croisés sur la table.

Aucune motivation.

Les premières semaines je n'y faisais pas spécialement attention parce que c'est une élève comme autre, et qu'on a tous à un moment donné dans notre vie des coups de blues. Et l'adolescence n'arrange rien. Mais un évènement m'a fait changer d'avis.

« - Elle a fait une crise d'angoisse en plein cours, je t'assure, m'avoue sa vieille professeure de mathématiques.

Putain avec ses grosses lunettes rondes j'ai l'impression qu'elle voit mes entrailles.

Et ses vêtements... Il y a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.

- Comment ça ? Tu as élevé la voix ? je lui demande en me reconcentrant sur notre conversation.

- Non absolument pas. C'est d'ailleurs l'une des élèves que je n'entends jamais, alors de la à la disputer... Mais je ne sais pas, elle a commencé à trembler et je la voyais suffoquer alors je lui ai demandé si tout allait bien et elle s'est précipité en dehors de la salle. Pour se réfugier dans les toilettes j'imagine. »

À ce moment précis, j'ai pensé qu'il y avait un réel problème.

Un sérieux problème.

Parce que ça commence toujours comme ça. Et tout d'un coup, j'ai été projeter sept ans en arrière, à son âge. Alors je sais à quel point la vie est dure, mais plus particulièrement à l'adolescence car à ce moment de notre vie, on peut vraiment vriller. Les autres enseignants partagent le même avis que moi ; elle n'a pas l'air d'aller bien.

Réellement pas bien.

Quand je la regarde, je ne cesse de me dire qu'il faut que j'intervienne. Pourtant je n'arrête pas de me dire aussi que je ne devrais pas me mêler de ça. Après tout je ne suis que son professeur et je ne la connais pas plus que ça. Je ne devrais même pas m'intéresser à elle et à ses soit disant problèmes.

LawsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant