|28|Bon retour en ville

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Lana

- Papa...?

Durant une seconde, j'ai cru rêver. J'aurai préféré. Mais non, il se tenait véritablement là, devant moi à me dévisager comme si j'étais une intruse sur son chemin. Vêtu d'une chemise bleue et d'un pantalon de costume noir, il pourrait être vu comme un parfait petit papa venant chercher sa fille adorée. Un aspect totalement paradoxal avec sa réelle personnalité.

- Trente minutes que je t'attends, grince-t-il en saisissant ma valise d'un geste agacé.

- Pourquoi c'est pas maman qui vient me chercher ?

- Elle a eu un empêchement au travail, pourquoi ça te pose problème ? rétorque-t-il en me lançant un regard mauvais.

D'un coup de tête je lui affirme que non malgré que ce soit tout le contraire. Aussitôt, il se retourne, se dirigeant vers le parking bondé de monde. Moi à ses trousses. Son humeur à l'air détestable - ce qui en soit ne change pas de d'habitude- mais l'idée de faire le trajet du retour en sa compagnie ne m'enchante pas. Mon pouls s'accélère à cette pensée et mes mains deviennent automatiquement moites.

En général, lorsqu'une fille passe du temps avec son père, elle n'est censée ressentir que de la joie et du bonheur. Mais pas moi. Quand je le sens un peu trop proche, une angoisse fuse dans mon corps et un malaise intense s'installe.

Une fois arrivé à la voiture, il jette littéralement ma valise dans le coffre puis se glisse derrière le volant tandis que je me place côté passager. L'idée de m'installer à l'arrière et de le prendre pour un taxi m'est passée par l'esprit mais je me suis ravisée. Mon sac à dos sur les genoux, je porte mon attention au paysage à travers la vitre sans jamais lui porter attention.

- Ton voyage s'est bien passé ? me questionne-t-il soudainement tout en s'engageant sur l'autoroute.

Quelques secondes s'écoulent durant lesquelles un silence persiste. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse la conversation ; habituellement je suis plutôt ennuyeuse pour lui. Cependant, je me remets droite sur mon siège et lui murmure d'un air détaché:

- Oui c'était cool.

- Encore heureux, vu le prix que c'était.

L'argent. L'argent. L'argent. Toujours l'argent. Il ne peut s'empêcher de tout ramener à ça.

- Et New York c'était comment ? j'ose demander avec une pointe de sarcasme.

- Parfaitement bien, dit-il en me jetant un coup d'œil, c'est une belle ville avec beaucoup d'opportunités.

- De quel genre ?

Du coin de l'œil, je remarque sa mâchoire se contracter.

- Pour le bouleau. On devrait songer à déménager là-bas.

Brutalement, je manque de m'étouffer avec ma salive et je me tourne vers lui avec rapidité.

Pardon ?

- Q-Quoi ? Mais attends pourquoi on irait habiter à New York ?

- Je te l'ai dit, il y a beaucoup d'opportunités à saisir et surtout pour toi. Les facs y sont réputées et avec beaucoup plus de choix.

Parce que maintenant il se fait du souci pour mon avenir ? Il s'est shooté avant de me voir ou quoi. La sensation que cela à un rapport avec ses trafics s'immisce instinctivement dans ma tête. Est-il possible qu'il me prenne pour excuse afin de déménager ? A-t-il conclu quelque chose lors de son séjour là-bas ? En tout cas, une chose qui est sûre c'est qu'il ne me trimballera pas comme un vulgaire sac à patate à sa guise.

LawsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant