2- F*ck, there's blood in the water.

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Dans les bois bordant le quartier obsidienne, RAVEN

Accroupie dans la neige, à l'ombre des branchages à l'écorce noire, le corbeau observe. 

Ses vêtements, sombres comme d'habitude, s'accordent aux couleurs de la forêt environnante: pantalon ébène et chaude tunique de laine vert sapin cintrés par un harnais de cuir cachant toute sorte d'outils. S'ajoute à cela une veste usée à large capuche et des bottes hautes souples , en cuir elles aussi, ainsi que des brassards gravés de la même matière au laçage vert, qu'Arthur a fabriqués lui même à l'occasion d'un de ses anniversaires, alarmé de la voir exhiber un jour un hématome lui couvrant presque entièrement la face interne de l'avant bras.

 Ces derniers, elle les porte plus par habitude que besoin. Si la corde de son arc lui est une fois ou deux revenue violemment dessus, claquant sur la peau fine entre le coude et le poignet, cela n'arrive quasiment jamais. En été, ils servent uniquement d'ornement, mais en hiver, ils se révèlent bien pratiques pour bloquer les manches de sa tunique et éviter que l'air froid ne s'introduise en dessous.

 Les flocons voletant paresseusement pour finalement se déposer sur le manteau parfont le camouflage, ajoutant par-ci par-là une touche de blanc.

 Raven peut-être qualifiée de taiseuse, calme, peut être même froide au premier abord, mais sous ses airs de félin désintéressé se cache également une vraie tête de mule. Elle a promis un cerf à Sandy, elle aurait son cerf. Habituellement, elle se contente de baies et de racines sauvages, assez souvent de lièvres, d'un chevreuil de temps à autres, nombreux à cause du manque de prédateurs mais trop peu discret à ramener. Cependant, le cerf qu'elle a aperçu la veille est de belle taille et lui a semblé assez vieux pour s'être déjà assuré une descendance, mais encore suffisamment jeune pour que sa viande ne soit pas trop dure après séchage. Les morceaux ainsi conservés dureront longtemps, et les longs bois dépourvus de velours à cette saison feront de décentes gardes d'armes, voire même des pointes de flèches. Les tendons pour les lacets, et enfin, la peau, avec sa toison en parfait état, une couverture de qualité qui à elle seule vaut, aux yeux de la jeune fille, le coup.

 Elle s'y est mise directement après ses exercices variables selon son humeur du jour: musculation, boxe, course, lancer de dague... Une heure et demie qu'elle le traque en silence, arc en main, délaissant volontairement petits daims et oiseaux croisés, mis à part un geai un peu trop bruyant dont elle se servira des plumes pour l'empennage de ses traits et mangera le peu de viande pour le déjeuner (si si , rôti avec quelques herbes ça se mange), pour ne pas perdre de vue sa proie. Elle s'arrête de temps en temps à proximité de petits buissons denses et au feuillage pourpre pour en récupérer les fruits, qui trouvent leur place dans sa besace.

 Le cerf s'est arrêté près du Tyr, et commence à renifler la neige de ses naseaux délicats, à la recherche d'un encas sous l'épais manteau blanc. Cette tâche va l'occuper un moment. Derrière son buisson, Raven porte la main à son carquois pour en tirer une longue flèche ornée à son extrémité de deux plumes de corbeau et d'une plume de geai. Elle l'encoche, bande lentement son arc, appréciant la souplesse du bois aux reflets rouges. 

Une fois les plumes ramenées sur sa joue rosie par le froid, faisant ressortir les taches de rousseur, elle prend une inspiration, laisse les battements réguliers de son coeur emplir ses oreilles et relâche les doigts.

La flèche part, fraie son chemin entre les côtes du cervidé pour atteindre le sien. Sa chanson s'arrête avec le son mat, avant même que le corps  ne s'écroule en teignant la neige de rouge.

  Raven s'avance pour vérifier, main posée sur la garde du fin couteau maintenu par une sangle le long de sa cuisse. Elle récupère ensuite, non sans difficulté, sa flèche et commence à dépecer la carcasse.

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