Chapitre 2

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Ce lundi midi c'est bouillabaisse au self, qui a eu idée d'inventer ce truc ? Encore les français je suis sûr. Il n'y a qu'eux pour manger des choses comme ça.

Je fixe mon assiette sans grand appétit, perdu dans mes pensées, repensant à ma dispute de samedi avec ma mère. Elle ne m'a pas adressé la parole hier, ni ce matin, et elle commence à me manquer. Je suis peut être un ado, un peu idiot parfois, mais je l'aime ma maman, et je pense que je ne lui dis pas assez.

Je suis tiré de mes pensées par un tintement, un bruit désagréable qui semble se rapprocher de moi. Je crains le pire. Je relève la tête et aperçoit Julie qui s'approche. Je manque de m'étrangler en l'apercevant, autant vendredi je la trouvais tape-à-l'œil, autant aujourd'hui il faudrait être aveugle pour ne pas la voir. Elle est habillée tout en orange, des pieds à la tête. Des plumes orange dans les cheveux, un pull orange, un pantalon orange, des baskets oranges. Il n'y a que son sac qui est à peu près normal il me semble, surmonté de perles et d'étoiles, avec de petits grelots sur la bandoulière. Voilà donc d'où vient ce bruit qui me martèle le crâne.

Cette intruse se rapproche de moi, me fixant d'un grand sourire une fois arrivée au niveau de ma table.


« -Je peux m'asseoir ici ? » Me demande-t-elle avec entrain.


Je décide de l'ignorer, tout simplement, mais devant mon silence elle persiste.


« -Ça veut dire oui, je suppose ! » Continue-t-elle en s'asseyant face à moi, jetant son sac à terre dans un grand soupir sous mon regard dépité.


Pour qui se prend t-elle celle là ? Je ne lui ai rien demandé. Je dois vraiment lui faire pitié pour qu'elle vienne s'asseoir avec moi. Je continue de l'ignorer, ne voulant absolument pas avoir de nouveau affaire à elle, et continue de fixer mon assiette de bouillabaisse sans vraiment d'entrain, jusqu'au moment où elle reprend la parole.


« -Tu ne manges pas grand-chose. » Remarque t-elle.


« -Toi en revanche tu parles beaucoup » répliquais-je rapidement, plus agressif que je n'aurais voulu.


Pourtant mon ton ne semble pas la gêner vu qu'elle mange tranquillement son poisson, me fixant toujours avec le sourire.


« -On me le dit souvent. Alors ton weekend ? » Demande t -elle soudainement, visiblement curieuse.


« -Mais qu'est ce que tu veux à la fin ?


-Savoir comment s'est passé ton weekend, je viens de te le dire..


-Mais pourquoi ? Pourquoi tu veux savoir ça ?! »


Je me demande à ce moment précis lequel de nous deux a eu l'air le plus incrédule. Moi devant l'idiotie de sa réponse, ou elle devant l'agressivité qui émanait de ma voix. Elle me fixa quelques instants, sans bouger, puis avala finalement un verre d'eau avant de hausser les épaules et de répondre simplement.


« -Parce que ça m'intéresse »


Styles Stories - Partie 1: MomentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant