Chapitre 9 : Première victoire

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— Mais qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi il est en retard ? dis-je à la cantonade en me tortillant sur un siège du self.

— On dirait que tu as les vers ! Calme-toi, voyons, me sermonne Ambroise qui n'en peut déjà plus de moi.

Ça fait déjà quinze minutes qu'on attend de voir Marc se pointer dans l'embrasure de la porte pour le sommer de venir s'installer à notre table. J'ai peur qu'il ne vienne pas. Peur que cette journée se révèle encore être un fiasco et que notre relation ne progresse pas. Du point zéro, je suis passée à zéro virgule cinq... clairement, ça craint. J'imaginais les choses avancer beaucoup plus vite. Mais comme le coup de foudre n'a pas fonctionné de son côté...

Soudain je l'aperçois enfin. Je mets mon plan à exécution. Je somme d'abord Hubert, qui n'a heureusement pas une haleine de camembert, de faire signe à Marc, pendant que moi et Paul on se marre à gorge déployée.

— Oh Paul ce que tu es drôle ! dis-je en lui tapant l'épaule et en rigolant fort, d'un rire que j'estime envoûtant.

— On n'a même pas de véritable sujet ? répond Paul en essayant de rire, un peu déconcerté par mon assurance.

— Mais quel farceur ! J'en pleure de rire !

Ambroise nous regarde avec des yeux aussi gros que des soucoupes.

— Donne-moi un motif de conversation pour que je puisse rebondir !

Marc arrive enfin à notre hauteur avec son plateau. La place libre est évidemment à côté de moi. J'active la deuxième phase et me frotte à Paul en gloussant. Sur le coup je me demande si le bruit ne ressemble pas trop à celui d'une dinde.

— Marc, tu t'installes avec nous ? lance Hubert quand mon bel apollon est à notre hauteur.

— Bien sûr, répond-il en lorgnant la chaise vide à ma gauche.

Dès qu'il est assis, je donne un coup de pied à Paul. Il sait ce qu'il a à faire. Ambroise me fait les gros yeux, comme pour me dire que c'est trop tôt. Mais moi, je n'en peux plus d'attendre dans l'incertitude.

— Dis-moi Marc, tu nous avais parlé d'une fête ça tient toujours ?

Là je regarde fixement l'intéressé. Il est obligé de m'inviter, c'est un garçon de bonne éducation et très poli. S'il ne le fait pas ou qu'il dit qu'il n'y a pas de festivité, je vais me décomposer.

Le gros problème c'est que dans le miteux et minuscule appartement de ma mère je ne pourrais jamais faire de fête. À plus de six dans le salon et c'est déjà compliqué. J'ai tout de même pensé à emprunter la maison d'Ambroise, mais je ne veux pas mentir à Marc en disant que c'est chez moi. Cependant, même si Ambroise n'est pas "fête" et qu'elle est un peu coincée, je pourrais lui imposer, lui proposer de faire une soirée chez elle ou Marc et moi serions conviés. Oui c'est une excellente idée, au cas où il ne m'invite pas.

— Oui ça tient toujours. Je dois juste fixer une date, dit-il en repositionnant sa serviette.

Est-ce qu'il va rajouter quelque chose ? Marc s'il te plaît, fais un effort, je te regarde depuis plus d'une minute ! Heureusement, Paul me sauve la mise en joignant :

— Tu n'oublieras pas de nous tenir tous au courant ?

— Évidemment. Léopoldine, tu souhaiterais venir ? Comme tu es nouvelle, cela permettrait de t'intégrer.

Mon cœur fait un saut périlleux. Il a dit ça de façon très sérieuse, sans une quelconque attache pour moi, mais c'est un début. Je vais enfin débarquer dans son antre et y apposer ma marque pour l'éternité. Je me demande si ce sera notre future demeure après notre mariage ?

Mon objectif : TOI ! (Tome 1) - Roman - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant