Pluie - Itoshi Sae

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Tombe tombe tombe la pluie,

Tout le monde est à l'abri.

Y'a que mon p'tit frère,

Qu'est sur la gouttière.

Pêchant, pêchant du poisson,

Pour toute la maison.

La comptine est adorable. Mais elle est fausse. La pluie tombe bien, nul ne peut le nier.

Mais tout le monde n'est pas à l'abri.

Sous les cordes aquatiques déchues du ciel, une jeune femme fixe l'horizon, trempée.

Son élégant trench colle à sa peau, laissant entrevoir sa maigre silhouette au travers de la brume aqueuse.

Sae ne peut détacher ses yeux de la figure esseulée au milieu de la Plaza de Azca. Aussi raide que les arbres, elle est immobile et tournée vers la sortie ouest du parc. Mais alors qu'il s'approche l'adulte commence à apercevoir les tressaillements qui parcourent ses épaules.

Il pourrait très bien passer à côté d'elle, l'ignorée et oubliée cette nymphe. Pourtant, il se dirige vers elle son sombre parapluie à la main et vient la couvrir du tissu huilé.

Elle met un moment à sortir de son état de transe et se rendre compte que le déluge l'épargne momentanément. Ses iris sont à l'image de la météo, quand elle vient les planter interrogateurs dans ceux émeraude de son protecteur : ouragan acier, dont la tristesse vient masquer leur profondeur. Ils posent une question.

- Venez, se contente-t-il de lui répondre.

Cependant, elle ne bouge pas d'un centimètre et silencieusement des larmes viennent se mêler aux gouttes de pluie qui maculent son visage.

Sae est atterré. Le gens ne pourrait pas se faire aider sans trouver le moyen de compliquer les choses ? Pour une fois, qu'il décide de faire preuve d'altruisme. D'ailleurs, ce mot semble étranger en ses pensées.

Reste néanmoins le cas de Miss Pluie. Elle a beau ne pas vouloir bouger, lui, rien ne le retient sous ce déluge. Alors qu'il se remet en marche, l'inconnue semble prendre conscience qu'il ne lui veut aucun mal. Comme réélectrisée elle bondit se mettre à l'abri son l'ombre imperméable.

Suivant le pas de l'autre, l'atypique duo - femme trempée et homme blasé - se retrouve à sortir du parc en rythme.

Le trottoir en vue Sae sortit son téléphone avant de se tourner vers la frissonnante rescapée.

- Mon taxi ne va pas tarder.

- Excusez-moi ?

- J'ai appelé un taxi au nom d'Itoshi, faites en ce que vous voulez.

Sans rien ajouter, Sae continua son chemin, la laissant plantée là, le parapluie continuant de la protéger, vestige de leur interaction.

****

Quelques jours passèrent, le footballeur venait de finir son entraînement et allait rentrer chez lui, traversant les artères de la capitale espagnole, quand une voie féminine l'apostropha et pleine rue.

- Monsieur Itoshi !

Redoutant une journaliste ou pire une fan, l'athlète accéléra le pas et bifurqua vers une avenue davantage fréquentée.

- Arrêtez-vous s'il vous plaît !

Et puis quoi encore ?

- J'ai votre parapluie !

Ôde Rose - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant