Blessure - Kei Tsukishima

40 3 0
                                    

TW : description blessure légère

------

Si on lui demandait ce qu'elle aimait le plus dans l'apparence de son copain hors visage, la réponse lui viendrai immédiatement.

Ses mains.

Elle adorait ses larges paumes, douces au toucher, mais aussi calleuses et raffermies par le volley.

Elle ne se lassait pas de caresser ses doigts, pales et exagérément longs. Leur texture satinée, tout en délicatesse. Comment ils frissonnaient lorsque son souffle les effleurait. Comme leur bout se recroquevillaient pour combler les courbes de son visage.

Assise entre les jambes de Tsukishima, de son Kei comme elle l'appelait dans leur intimité, elle regardait de nouveau ces fameuses mains, les larmes aux yeux.

- Arrête, ce n'est pas si grave, grommela il tout en passant son bras libre à l'arrière de sa nuque, décontenancé par la réaction de sa petite amie.

Contrairement à l'effet escompté, une unique perle translucide vint s'échouer sur la main qu'elle tenait comme la plus fragile des porcelaines.

Celle-ci se trouvait enrubannée de bandage, deux doigts coincés par une attelle.

- Tu as dû avoir si mal. Est-ce que je peux voir ?

Soufflant dans sa nuque, il commence ça à dérouler le pansement.

- Tu me promets de ne pas te mettre dans tous tes états ? Je te l'ai déjà dit un million de fois, je n'ai quasiment plus mal. C'est fini, presque rien.

Après qu'elle ait hoché la tête, plus ou moins convaincue et convaincante, il retira la dernière bande de tissu.

Tordus et bleutés, l'annulaire et le majeur apparurent. La zone, il y a peu entourée de sparadrap ressortait rouge sur le reste de la peau beige, les taches colorés en jaune, bleu et violet comme des taches d'encre sur un tissu.

Avec toute la douceur imaginable, elle approcha sa propre paume. À peine son index effleura il les membres blessés que ceux-ci tremblèrent, le visage de Kei se grimaçant de douleur immédiatement.

- Plus mal, hein ? Murmura elle.

Alors les cils de nouveau bordés d'une bande de diamants, elle souffla sur les extrémités tordues, avant de les embrasser de la pulpe des lèvres.

- Un "bisou magique", fit Kei ironique, ce qui ne l'empêchait pas de rougir simultanément.

- Un peu de magie ne fait de mal à personne.

- Mais pourquoi est-ce que ça te touche autant ? Il était sincèrement concerné, cherchant de son mieux à comprendre. Je veux dire, ils seront réparés d'ici une semaine, deux max.

Elle prit un petit temps pour formuler sa réponse.

- J'ai toujours vu les mains comme une partie extrêmement importante de notre corps. C'est là que notre toucher est le plus précis, notre passerelle vers le monde et les sensations. Est-ce qu'une chose est chaude ? Humide ? Rugueuse ? Un musicien considérera ses mains comme grands et précieux trésors. Seulement nos mains retracent aussi nos vies, dit elle traçant les lignes de la paume de son aimé. Là où certains croient qu'elles racontent notre passé, présent et futur, je pense qu'elles sont le vestige de notre vécu et de nos expériences, fit elle en effleurant une cicatrice marquant le pouce de Kei.

Comprenant qu'elle n'avait pas fini, il se redressa et la cala davantage contre lui.

- J'ai toujours essayé de faire attention à mes proches, mais il y a un an ou deux, j'ai vraiment remarqué à quel point ma grand-mère se faisait âgée.

Écoutant toujours, son copain haussa du sourcil, surpris par ce tournant. Cependant, il ne releva pas, attendant qu'elle lui explique le lien.

- Alors que je cuisinai avec elle, elle s'est légèrement coupé. Ce n'était pas grand-chose, mais pour la première, j'ai réellement vu ses mains. Je n'avais jamais remarqué combien elles étaient tachées et noueuses. Comment ses doigts étaient tordus, comme de multiples fractures, une sur chaque phalange. Son alliance définitivement coincée au-dessus d'un angle anormal. Alors je lui ai demandé de me raconter. L'histoire de ses mains. Ce qui s'est révélé être son histoire à elle. L'histoire de son courage, de toutes ses batailles. Et ses mains, esthétiquement si loin des standards de beauté, si usées... Je les ai trouvé sublimes.

Sentant les larmes s'échouer sur son pull, Kei resserra son étreinte sur sa petite amie.

- Et alors... alors - je me souviendrai toujours -, j'ai regardé ma grand-mère dans les yeux, et pour la première fois, je lui ai dit qu'elle était magnifique. Je lui ai dit que j'étais fière de l'avoir pour mamie. Je pensais chacun de mes mots.

Lui embrassant le cuir chevelu, il n'en pensait pas moins d'elle. Puis sentant qu'elle voulait se retourner, il desserra l'emprise qu'il avait exercé autour d'elle. Elle bougea puis ils se retrouvèrent nez à nez, du moins à peu près au vu de la différence de taille.

- Si je t'ai raconté cette histoire, reprit elle les yeux bouffis, c'est pour t'expliquer pourquoi je suis aussi touchée. Est-ce que ...

- Oui, chuchota-t-il. Je comprends maintenant. Merci de m'avoir parlé de ça.

- Quand j'ai vu tes doigts, ce souvenir s'est imposé à moi. Alors s'il te plaît, on est encore jeune, et j'ai beau trouvé les mains de ma grand-mère inspirantes, je n'ai pas du tout envie que les tiennes leur ressemblent. Donc tu veux bien en prendre encore plus soin ?

Lorsqu'il lui répondit, elle vit enfin l'expression de son visage. Chose rare, il était ému. Et c'est avec cet air sur les traits qu'il prononça le mot suivant :

- Promis.




-------------

Ça faisait longtemps ! J'avoue qu'écrire des One-shot m'avait manqué, merci le syndrome de la page blanche !

En tout cas j'espère que ce chapitre, bien qu'un peut court vous à plus. Je m'excuse même pour les émotions qu'il à pu provoquer. J'ai moi même eu les larmes au yeux en écrivant.

En vous souhaitant le meilleur !

Ôde Rose - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant