Félins - Kuroo Tetsuro

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Depuis sa plus tendre enfance, elle avait toujours eu un don avec les animaux.

Où qu'elle aille, ils apparaissaient à ses côtés. Dans les moments de tristesses, ils accouraient à son réconfort. Chien, chat, chevaux. Réciproquement, elle leur venait en aide lorsque ceux-ci étaient blessés et apparaissaient mystérieusement à sa porte. Volatiles, hérissons. Cependant, une espèce du règne avait eu dès l'aube ses faveurs. Les félins. Ces graciles animaux faisaient partie intégrante de son quotidien. Elle avait nombre d'anecdotes à raconter, cependant sa préférée lui venait de sa mère. De son aveu et avec témoignage de son père, elle jurait que tout du long de sa maternité les chats avaient afflué à l'appartement familial, jusqu'à sa naissance où un matou tigré, ce serait arrêté devant sa fenêtre d'hôpital.

Suite à ça et bien que n'en ayant jamais été officiellement propriétaire, elle s'était occupée et attirée les faveurs de tous les félins à sa portée, du plus câlin au plus craintif. Vestige d'une soirée chez des amis où la chatte de maison s'était endormie sur les genoux et les caresses de la jeune fille plusieurs heures durant son père avait déclaré le plus sérieusement du monde, une phrase devenue de ses favorites, aux yeux du cercle : "Je n'ai aucun doute que s'il y avait un tigre, il s'endormirait à son contact. Je suis prêt à le parier."

Ainsi, le lycée Nekoma où elle retrouvait le nom de son totem parut comme une douce et bienveillante coïncidence au moment du choix de son établissement. Et qu'est-ce qu'elle avait fait le bon choix. Quelles belles rencontres avait-elle fait.

Petite nouvelle inconnue au bataillon, elle avait su rencontrer les bonnes personnes, les bons amis et celui qui saurait par la suite dépasser ce stade.

Son copain, son grand chat.

Dès le départ, Kuroo Tetsuro n'avait de cesse d'être dans ses pattes et de la taquiner. Connus pour leurs goûts alimentaires quelque peu douteux, et leur propension à se fourrer dans des situations cocasses, le récit de leurs plus fameuses aventures avait réussi à faire le tour des salles de classe au grand bonheur de leur bande d'amis qui se régalait de ces fresques comiques.

Seulement leur relation ne se résumait pas aux pitreries. Il y avait rapidement eu, en parallèle et presque opposition, un soutien moral partagé et équivalent. Au moindre moment de doute, il l'appelait. En réponse à ses peurs, elle se confiait à lui. Qu'il pleuve, vente, neige ou foudroie. Qu'il fasse jour, nuit ou aube. Ils leur arrivaient de se coucher avec la voix de l'autre et de se réveiller avec son rire, techniquement terni par la distance numérique, mais ambivalement toujours aussi doux aux oreilles.

Il ne leur fallut ensuite pas plus longtemps pour comprendre : ce rire, cette voix à même de démêler les ombres et le cauchemar, chacun ne voulait plus qu'une quelconque distance l'en tienne éloignée.

Leur "eux" avait toujours été plus qu'amical. Leurs taquineries plus qu'innocentes. Leurs contacts plus qu'anodins.

Ils comprirent qu'ils voulaient ce plus. Non plus faufiler discrètement, mais bien plus libre et assumer.

Personne ne fut surpris et pour ainsi dire, il n'y eut pas vraiment de changement dans leur interaction. Excepté, que tout devient plus.


Les touches devinrent caresses.

Les murmures devinrent mots d'amour.

Les souffles entrecroisés devinrent baisers.

Confessions, démonstrations.

Conversation orale, physique.

Amitié, intimité.

Ôde Rose - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant