Résistances [yoonminkook]

25. où Yoongi a peur

Yoongi s'en voulait.

Il n'aurait pas dû laisser cette fausse liberté à Jimin, le laisser seul devant ce choix cornélien. Au final il l'avait presque abandonné.

Oui, laisser la liberté à son compagnon de faire ses propres choix, sans les juger ni les entraver, c'était une bonne chose, c'était la manière de Yoongi de respecter et d'encourager Jimin.

Mais sur un sujet comme celui-ci, Yoongi n'aurait pas dû, pour une fois, cacher ses propres émotions. Il aurait dû oser, oser être imparfait, oser montrer sa jalousie. Oser dire non, comme son cœur lui avait crié de le faire dès la première seconde.

A force de vouloir être neutre, il en avait été absent. Et avait laissé Jimin seul.

Yoongi avait failli à la mission qu'il s'était donnée, il avait failli à être un vrai soutien pour Jimin, à le protéger, et cette prise de conscience le rendait fou.

C'était le regard interloqué de Namjoon et, surtout, celui plein de rage de Jungkook, avant qu'il ne s'en aille en claquant la porte, qui avait confirmé ce petit doute qui ne l'avait pas quitté depuis le départ de Jimin pour l'hôtel. Depuis cette lueur minuscule qu'il avait aperçue dans son regard, depuis le câlin deux secondes plus long que d'habitude. Combien Jimin avait semblé vulnérable en cet instant, lorsqu'il l'avait observé s'éloigner pour rejoindre son auto, la démarche faussement assurée. Il avait voulu courir, le rattraper, le tirer à l'intérieur et refermer la porte derrière lui. Le garder pour lui. Lui dire qu'il l'aimait.

Mais sa raison, sa foutue raison, lui avait fait croire que laisser Jimin partir vers ce destin qu'il avait soit-disant choisi c'était l'aimer. Alors que son propre manque de réaction devait être pour beaucoup dans le choix final.

Qu'il était con.

Lorsque cette réalité l'avait frappé, il s'était effondré, pleurant pour la première fois face à Namjoon. Il avait enfoui sa tête dans ses bras plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il sente une main se poser sur son épaule et une voix l'apostropher, doucement mais fermement.

— Maintenant il faut rattraper les choses, Yoongi.

Sa raison avait bien essayé de lui dire qu'il était trop tard, qu'il ne pouvait plus rien y faire.

Mais Yoongi avait lentement pris conscience que sous cette raison se cachait autre chose : une adaptabilité, une acceptation qui pouvait vite devenir de la placidité, de la passivité. Une forme de lâcheté.

Il avait eu honte, pour la première fois, honte de lui-même. Honte de ne pas être à la hauteur de Jimin, de l'amour qu'il lui portait, de l'amour qu'ils se portaient.

Il avait relevé la tête vers Namjoon, rencontrant son regard soucieux, son sourire bienveillant. Avait séché ses larmes et s'était levé.

Il devait aller à l'hôtel, ne serait-ce que pour lui-même.

Lorsqu'il était arrivé dans le hall de l'hôtel, il avait hésité. Pas de Jimin à l'horizon, bien sûr. Il s'était dirigé vers la réception, avait demandé le numéro de la suite du colonel pour s'entendre répondre que celui-ci venait de partir.

— Il avait l'air très en colère, avait ajouté la réceptionniste.

Yoongi la connaissait, elle venait parfois à la pharmacie.

— C'est peut-être la faute de ton ami, là, celui qui est venu tout à l'heure et à qui tu as donné ta clé, continua-t-elle en se tournant vers son collègue.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Tu n'as pas vu avec qui il est monté ? Le colonel était arrivé avec lui.